Coupable

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Jeremy

    - Mais en fait, cette meuf est une grosse mytho. Mais genre une vraie mythomane. Diagnostiquée et tout. C'est dingue, parce que je me doutais qu'elle avait un problème avec le mensonge, mais de là a en être malade ? C'est – Jey, tu m'écoutes ?

    Je relève les yeux sur ma sœur qui termine sa valise. Elle m'a pris en otage depuis de longues minutes pour que je l'aide à préparer ses affaires. Mais déjà que ça me gonfle en temps normal, aujourd'hui, je suis encore moins d'humeur. Elle le remarque bien, mais ce n'est pas pour autant qu'elle me libère. Je ne lui suis pas d'une grande utilité si vous voulez mon avis, sauf que Noa ne semble pas s'en préoccuper.

    Quand je la vois jeter une gros sweat gris – qui m'appartient – dans sa valise, mes sourcils se froncent.

    - Pourquoi tu prends autant de fringues chaudes ? m'étonnais-je. Tu vas chez mamie, pas au Groenland.
    - On va dans le nord.
    - Ouais, du pays. Pas du monde. Ça sert à rien de prendre tout ça, tu vas jamais les mettre. Prend plutôt des maillots de bain et des débardeurs.

    Elle se mord la lèvre en réfléchissant et mes yeux se posent sur les portes ouvertes de sa penderie. C'est tellement le bordel à l'intérieur que je suis sincèrement étonné quand elle arrive à trouver quelque chose du premier coup. Ça fait des années que j'ai arrêté de lui repasser ses fringues – de tout manière, elles finissent en boule.

    - J'aime bien tes sweats, marmonne-t-elle en me tournant le dos pour traîner des pieds jusqu'à son armoire

    Je soupire en levant les yeux au ciel. Pour une raison que j'ignore, Noa comme Riley sont toujours en train de me piquer mes fringues. Il y en a certaines qu'elles ont même plus portées que moi. Le truc c'est que moi, contrairement à elles, je peux pas porter leurs habits. Donc je me fais juste douiller – encore.

    - Tu peux prendre quelques-uns de mes tee-shirts, si tu veux, grognais-je
    - Sérieux ?! saute-t-elle en fonçant vers moi. Merci, merci ! T'es le meilleur !

    Elle quitte sa chambre en courant pour foncer vers la mienne. Je la laisse fouiller en restant assis sur son lit comme un gentil garçon. Ces filles me mènent vraiment à la baguette depuis leurs naissances, c'est terrifiant. J'entend Noa chantonner à l'autre bout du couloir quand la petite tête brune de Riley apparaît dans l'encadrement de la porte. Ma sœur sort tout juste de la douche et ses longs cheveux bruns sont encore emmêlés.

    - Tu peux me faire des tresses ? me demande-t-elle presque timidement

    Comme si j'allais refuser. Je lui fais signe de s'approcher et Riley entre dans la pièce avec sa brosse à cheveux, un peigne et des élastiques. Ma sœur s'installe entre mes jambes, en tailleur sur le tapis au pied du lit. Docilement, elle me laisse la coiffer doucement pour ne pas lui faire mal. Noa ne craint pas des cheveux, mais Riley est beaucoup plus sensible.

    J'apprécie le silence de la pièce alors que Noa est sûrement en train de mettre un bazar sans nom dans ma chambre. Je vérifie l'heure sur le réveil de ma sœur.

    Comme à chaque fin de vacances d'été, mes sœurs passent le reste du mois chez la mère de notre mère. Mamie Cobra – ou Astrid pour nos amis. À chaque fois que je vois ma grand-mère, je comprend mieux pourquoi ma mère est la femme qu'elle est maintenant. Je l'adore, mais passer plusieurs jours avec elle et mes sœurs dans la même maison – avec nos cousines en plus – c'est juste un cauchemar pour moi. Je préfère rester seul à la maison et profiter du calme exceptionnel. Pendant cette période, j'essaie de passer le plus de temps avec ma mère – qui m'autorise à squatter son bureau à l'Office.