Coupable

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Jeremy

Ma mère est flic.

Non. Ma mère est une commissaire qui lutte contre le crime organisé. Elle a démantelé des réseaux, détruit des mafieux et prouvée qu'elle ne se laissait jamais marcher sur les pieds. C'est une femme forte, indépendante et terrifiante quand elle veut.

Et je suis certain que m'introduire dans son bureau pour fouiller dans ses dossiers, est la pire idée que j'ai jamais eut. Est-ce que ça va m'empêcher de le faire ? Non. Est-ce que je vais me faire prendre ? Possible. Est-ce que je vais regretter cette décision pour le reste de ma vie ? Très probablement.

J'entends déjà la petite voix dans ma tête – la voix de la raison – celle qui me dit : « Mais qu'est-ce que tu fous, t'es complètement cinglé ! ». Et à ça, je réponds : « Oui, mais j'ai besoin de réponses. » Et puis, soyons clairs, si je me fais choper, ça ne sera pas la fin du monde. Enfin, peut-être. Bon d'accord, ça sera sûrement la fin de mon monde, vu que ma mère risque de me faire une rétrospective de ma vie sous forme de gifles.

Mais bon, je suis déjà là, devant le bâtiment de l'office. Le choix est simple : soit je rebrousse chemin et je continue à vivre dans l'ignorance béate, soit j'entre et je prends le risque de découvrir quelque chose que je ne veux absolument pas savoir. Mon instinct de survie me crie de fuir, mais ma curiosité, elle, est déjà en train de défoncer la porte.

Alors, bonjour les dossiers classés confidentiels, et adieu la tranquillité d'esprit. Qui sait, peut-être qu'elle ne le remarquera même pas... Ou peut-être qu'elle m'attend déjà de l'autre côté de la porte de son bureau avec un sourire qui dit : « Je savais que tu viendrais ». Et là, ce sera le moment où je saurai que j'ai définitivement merdé.

Je pousse la porte de l'entrée, et je suis immédiatement accueilli par l'air frais et aseptisé du bâtiment. Le hall est immense, avec un carrelage brillant où mes pas résonnent comme un marteau sur un gong. Les bureaux vitrés, les plantes en pot soigneusement entretenues, et les écrans qui diffusent en boucle des informations sur les dernières arrestations, tout ça donne l'impression d'être dans une version moderne d'un poste de commandement militaire.

Au comptoir de l'accueil, Marie – une femme au sourire toujours aussi éclatant – lève les yeux de son écran.

- Salut, toi ! dit-elle avec un clin d'œil complice. Qu'est-ce que tu fais là ? 

Je lui rends son sourire, même si mon cœur bat déjà à cent à l'heure. 

- Je suis juste passé récupérer une paire de boucles d'oreilles que j'ai perdues la dernière fois. Tu sais, celles en argent que j'ai empruntées à ma sœur. Si je ne les retrouve pas, je suis un homme mort.

Marie éclate de rire et me fait un signe de la main pour m'encourager.

- Bonne chance. Ta mère est de sortie, donc tu ne risques pas de te faire engueuler pour l'instant.

Merci, univers, pour cette bénédiction. Je n'étais pas certain à 100 % que ma mère soit de sortie mais si elle est dehors, j'ai au moins un peu de répit avant de me faire démasquer. Je fais un signe de tête à Marie et me dirige vers l'ascenseur, priant pour que mon plan – si on peut appeler ça un plan – se déroule sans accroc.

L'ascenseur est aussi rapide que silencieux, et je me retrouve en un rien de temps au quatrième étage, celui réservé aux gros bonnets du service. Les portes s'ouvrent et je tombe sur Malcom, un colosse en costume noir qui pourrait facilement passer pour un videur de boîte de nuit.