Le conteur s'avança sur la place, à pas lents, sachant que l'attente les rendrait plus à l'écoute encore.
Il prit place et s'assit sur l'échafaudage installé pour les décorations du Carnaval.
Minuit arriverait bientôt.
Les enfants étaient assis, sagement. Les adultes aussi étaient présents, mais ses mots n'étaient destinés qu'à ces cœurs purs en face de lui.
Il posa son sac, et enfonça sa capuche plus profondément encore sur sa tête. Seul son œil de sang luisait dans la pénombre.
Ding.
Dong.
Ding.
Dong.
Ding.
Dong.
Ding.
Dong.
Ding.
Dong.
Ding.
Dong.
Enfin minuit. Le clocher sonna, tel un glas.
Une ambiance inquiétante planait, à cause du visage hideux qui surplombait la ville, et qui descendait toujours plus bas, se rapprochant de jour en jour, même si tous les habitants le niaient.
Ses contes étaient toujours là pour leur faire oublier la Lune.
Mais celui qu'il s'apprêtait à raconter serait le dernier.
Quand il prit la parole, toutes les âmes présentes furent aussitôt transportées dans son récit.
- Chaque soir, pendant trois jours, vous eûtes un conte. Chacun vous appris une valeur. Ce soir sera le dernier.
Il balaya son auditoire du regard.
Le jeune Kafei était au premier rang, aux côtés de la belle Anju.
La bande des petits espions étaient également présente.
Même l'astronome était descendu de l'Observatoire Céleste.
Le diablotin, était-il là ? Et le Marchand de masques ?
- Ensuite, je m'envolerai vers de nouvelles terres, laissant derrière moi mes histoires, et vous ne devrez jamais les oublier. Dit-il d'une voix posée, mais qui imposait le respect.
Il les observa chacun, tour à tour. Il avait appris à connaître tous les habitants du Bourg. Ils ne le savaient pas, mais ils se connaissaient depuis longtemps. Très longtemps.
- Commençons par le commencement.
Sa voix emplit l'atmosphère et la réchauffa à elle seule.
- Il était une fois – car il faut bien que l'histoire commence quelque part...
Les Déesses, l'Esprit de l'épée et le Roi Démon. Une fois, au royaume céleste, ils s'étaient réunis. Las de leurs combats répétés et incessants.
Ils prièrent pour la première fois ensemble, sans différents et dans un seul but : réunir leurs forces pour recréer la relique d'or, et non pas se battre pour l'avoir.
Ils en avaient assez de cette guerre imposée.
Ils prièrent de tout leur cœur, de toute leur âme la Grande Déesse, Hylia.
Mais la trêve ne dura pas.
La Malédiction du Néant fut la plus forte.
Alors qu'ils parvenaient enfin à leur but, l'un des Triangles d'Or, celui qui n'en était pas un, le Triangle des Ténèbres, éveilla son ultime et destructeur pouvoir.
Sagesse, Courage, Force...
Et Haine.
Les Déesses, l'Esprit de l'épée, le Roi Démon...
Et l'Avatar du Néant.
Mais ils créèrent deux âmes errantes, sans enveloppe corporelle ni conscience. L'une abritant le Courage et la Sagesse, l'autre la Force et la Haine.
Deux âmes sans conscience pour l'instant mais comme deux faces d'une même pièce.
Semblables mais opposées.
Peut être destinées à ne jamais se croiser, ou à se détester.
Mais le destin voulut que ces âmes naquirent en une même contrée, dans une même temporalité.
Plusieurs fois se croisant sans savoir que son autre moitié était là.
Deux âmes destinées à s'entraider, à briser le cercle vicieux de la malédiction.
Deux âmes sœurs, destinées à s'unir, dans la peine, mais aussi dans la bonté, destinées à s'apprendre l'une l'autre leurs valeurs respectives. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Il fit une pause. Son auditoire était pendu à ses lèvres. Il sourit imperceptiblement.
Sa quête touchait à sa fin.
Il allait enfin pouvoir la revoir, après tant d'années. Elle lui manquait, il n'avait jamais cessé de penser à elle. Est-ce qu'elle s'occupait enfin un peu d'elle après toutes ces souffrances ? Leur fille avait-elle grandit correctement ? L'impatience lui serrait le cœur, mais il gardait en tête la mission que la Grande Déesse lui avait confié.
- Voici donc mon dernier conte...
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Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et Vengeance
FanficOui, probablement que je suis un monstre. Mais tant que je ne le suis pas aux yeux des Yigas, cela ne m'importe pas. Astor... Ganon... Vous m'avez tout enlevé, comme l'ont fait autrefois les Hyliens. J'ai tout perdu. Je l'ai perdu. Je vous déteste...