Une nouvelle à ravagé le clan il y a quelques jours.
L'officière Kynra est morte.
Une légère épidémie de grippe a contaminé une partie du clan, pas bien grave, mais l'officière Kynra a caché qu'elle avait des fragilités respiratoires, et elle en est morte.
On voit qu'un drame s'est joué.
On le voit aux visages fermés, aux proches de la défunte aux visages ravagés par les larmes, à la veillée funéraire qui se prépare.
On le voit à l'ambiance pesante qui hante les couloirs du repaire.
Ce soir, la veillée funéraire aura lieu.
Les Yigas se rendront auprès du corps de l'officière et lui feront leurs adieux.
Elle n'aura pas lieu dans le repaire, mais au mont Satori.
Partout sur le mont, des stèles et des cairns sont dressés, tels des soldats vigilants et veillant sur cette endroit fertile, tout comme le fait le Satori.
J'aimais beaucoup l'officière Kynra.
Parce qu'elle a fait parti des personnes qui m'ont spontanément tendu la main quand j'ai intégré le gang il y a trois ans. Parce qu'elle était gentille, discrète, taquine.
Et aussi parce qu'elle faisait souvent rire le Grand Kohga. Il ne rit pas souvent de bon cœur, ou de moins pas forcément à une blague ou à un situation, mais elle y arrivait.
Pour beaucoup, c'est une aiguille dans le cœur.
Pour d'autres, c'est un poignard.
Et pour quelques un, c'est un pieu.
Ce soir, la veillée funéraire aura lieu, parce que l'un des membres de notre famille nous a quitté.
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Si quelqu'un avait regardé de loin le Mont à cet instant, il se serait demandé pourquoi une mer de lumières ondulait tout en bas de la vallée.
Kynra sera enterrée aux alentours du lac de Nima. Il semble qu'elle aimait beaucoup cet endroit.
C'est à mon tour de passer près du corps.
Je donne ma torche à l'un des officiers en poste. Il la met avec les autres, derrière la pierre haute et rectangulaire sur laquelle son corps repose. Plusieurs rangées en arc de cercle sont déjà présentes. Je ne rajoute que ma pierre à l'édifice.
Je m'approche de son corps et m'agenouille.
Il n'y a pas vraiment de rite funéraire chez les Yigas. Chacun rends hommage au mort à sa manière.
Alors je lui rendrait hommage en tant qu'ancien habitant d'Adeya.
Je prie de toute mes forces pour elle pour qu'elle soit accueillit par la Déesse Hylia.
Je pense qu'elle ira près d'elle.
Nous avons beau nous servir de l'énergie du Fléau et il a beau être notre maître, son domaine ne peut être autre chose que les Enfers, les Profondeurs, les Abîmes.
La Déesse Hylia doit certainement quand à elle veiller sur les cieux et le domaine céleste sacré.
Alors je pris pour qu'elle soit acceptée la bas.
En me relevant, je perçois un mouvement du coin de l'œil.
C'est un renard. Non. Une renarde. Bleu pâle.
C'est une incarnation spirituelle. Et elle est identique à celle du Grand Kohga, mais ce n'est pas elle.
On dirait qu'elle attend.
Je m'écarte et rejoint ceux qui lui ont déjà rendu hommage. En tant que bras droit du chef, je dois rester à l'avant.
Une légère brise souffle, et apporte avec elle des pétales roses pâles et bleues, des pétales de cerisiers et de Princesse de la Sérénité. Comme si le Satori voulait nous dire qu'il veillera sur elle et qu'il l'accompagnera dans son voyage vers les cieux.
Dans les herbes, derrière et sur les pierres, des petites lueurs bleu pâles sont présentes, que seul moi peux voir. Les Rumys sont présents aussi.
Des lucioles projettent leur douce lumière sur l'écorce les arbres centenaires et illuminent les masques accrochés aux ceintures en signe de respect.
Il ne reste que mon chef qui doit rendre hommage à l'officière.
À son approche, la renarde, qui était couchée, se relève, et dresse ses oreilles et sa queue.
Le Grand Kohga s'approche, et les officiers qui étaient de garde se retirent et nous rejoignent en retrait.
Il prend la main de Kynra, et pose son front contre le sien.
Son incarnation spirituelle s'approche de la renarde. Elle commence à s'incliner devant lui, mais le renard lui donne un gentil coup de museau.
Sur la joue du Grand Kohga, un sillon argenté se crée. Il pleure.
Les deux renards s'allongent au sol, l'un contre l'autre, front contre front.
Ils ne bougent plus.
Les uns après les autres, tous les Yigas disparaissent et regagnent le repaire.
Notre chef veillera l'officière toute la nuit.
Personne ne sait ce qu'il advient d'un Yiga quand il meurt. Le chef le veille toute la nuit, puis au matin, le corps n'est plus là et une stèle ou un cairn est apparu.
Le Grand Kohga m'a demandé de rester.
Je vais m'asseoir contre une souche d'arbre.
Les Rumys se rapprochent et les entourent tous les deux. La renarde se met à briller d'un bleu un peu plus intense.
Nous sommes restés toute la nuit.
Puis quand la lumière du soleil à commencé à poindre et que le ciel s'est paré de mauve comme un rideau qui s'apprête à se baisser sur une pièce de théâtre bien trop courte, les Rumys ont disparus les uns après les autres, en fines particules de lumières.
Les lucioles ont disparu, et un vent plus fort s'est mis à souffler. Mais les pétales ont continué de tomber comme une pluie de couleurs.
La renarde s'est mise à briller encore plus intensément, puis a commencé à partir en s'évaporant peu à peu. Plein de détresse, le renard a essayé de la retenir. Mais elle a posé son museau sur le sien, comme pour le réconforter, et elle a disparu.
La couleur bleu pâle du renard s'est ternie. D'un bleu lumineux, il est devenu bleu-gris.
Tellement fasciné par les renards, je n'ai pas vu que mon chef s' était écarté et me rejoignait.
À la place du corps de l'officière Kynra, il y avait à présent une stèle de marbre, magnifique et des fleurs radieuse avaient poussé autour.
Mon chef me regarda.
Ses yeux étaient rougis par les larmes.
Je n'ai pas essayé de le consoler.
Dans ces moments là, les mots ne servent à rien.
Et le soleil commença à poindre derrière les hauteurs Gerudo, en donnant un coup de pinceau sur le ciel mauve qui devint bleu.
Le rideau s'est baissé sur cette pièce de théâtre que l'on ne verra plus jamais.
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Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et Vengeance
Hayran KurguOui, probablement que je suis un monstre. Mais tant que je ne le suis pas aux yeux des Yigas, cela ne m'importe pas. Astor... Ganon... Vous m'avez tout enlevé, comme l'ont fait autrefois les Hyliens. J'ai tout perdu. Je l'ai perdu. Je vous déteste...