- Souvenir IV -

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- Suppa, concentre toi.

Je referme l'œil que j'avais ouvert.

Je suis par terre en position de méditation, et le Grand Kohga est assis dans la même position que moi.

Nous somme dans l'une des salles secrètes du repaire, qui se trouve derrière une tapisserie.

La pièce est octogonale et sur chaque pan de mur il y a une lanterne de papier, ornée de notre symbole.

Le doux son de l'eau ruisselant perpétuellement me rappelle Adeya...

Maman...

Je chasse cette pensée.

À présent, c'est le passé, et le ressasser ne sert à rien.

La pièce est atypique, et pour cause : c'est la seule de tout le repaire où de petits brins d'herbes ont poussé à travers le sable et la roche par on ne sait quel prodige, et nous avons pu planter un cerisier dans cet endroit normalement stérile.

Le bassin est alimenté par une source naturelle, et une rigole a été aménagée pour que l'eau fasse le tour de la pièce.

Au centre, il y a un îlot verdoyant d'environ deux longueurs de lance. C'est là que mon chef et moi sommes.

Le Grand Kohga souhaite m'apprendre une technique.

Il m'a prévenu qu'il me faudrait un certain temps pour arriver à la maîtriser et que dans tous les cas mes efforts seraient réduits à néant car je perdrais cette aptitude en grandissant, mais j'ai tout de même voulu l'apprendre.

C'est une technique d'aura, qui pour faire simple permet de voir l'incarnation spirituelle de tout être vivant.

Chez les Hyruliens, leur incarnation est généralement animale.

Chez les animaux et végétaux, et même chez les minéraux, c'est une flamme d'énergie pure et immaculée.

- Suppa, tu n'es pas concentré.

- Pardonnez-moi.

Il se peut que je sois nerveux à l'idée d'avoir dû enlever mon masque.

J'ai comme l'impression qu'un changement s'opère sur mon apparence quand je le retire, et ce depuis que je suis devenu le bras droit du Grand Kohga. C'était léger au début, mais j'ai l'impression que c'est de pire en pire, et mon malaise ne cesse de grandir quand je retire mon masque. L'enlever me demande un énorme effort de volonté, et je ne l'enlève que devant la personne en qui j'ai une confiance absolue : mon chef.

Je suis peut-être mal à l'aise parce que j'ai dû enlever mon masque. Je sens mes cheveux me chatouiller. Je ne m'étais pas rendu compte qu'ils avaient autant poussés... Peut-être que ce sont eux ou alors mon absence de masque qui me déconcentre.

Peut-être aussi parce que mon chef a également enlevé son masque.

Peut-être parce que je sens sur mes épaules le poids de ses attentes.

Peut-être parce...

- Suppa ! Dit il, excédé.

Je baisse la tête, rougissant sous l'effet de la gêne. Je n'arrive pas à être suffisamment concentré, je n'y arriverai pas. Je dois avouer que je suis un peu désespéré...

Mon chef soupire.

- La méditation n'est peut-être pas la meilleure méthode avec toi... Il existe un moyen par les enchaînements de combat, mais ce n'est pas évident et ta vision des incarnations spirituelles risque de rester plus longtemps, ce qui risque d'être épuisant. Que décides-tu ?

Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant