Je sors de la salle d'entraînement tard dans la nuit.
Tout le monde doit être couché... j'espère que je ne réveillerai personne en passant dans les couloirs.
J'ai réussi de justesse à arrêter Ash dans son idée de me provoquer en duel : je ne veux pas me battre contre lui, il n'en serait que plus retourné contre moi.
Ma nomination au poste d'officier en chef alors que j'ai passé seulement quatre ans chez les Yigas lui est resté en travers de la gorge. Il a du mal à avaler ça alors que lui n'est toujours que ''simple'' sous-fifre.
Jamais je ne penserai à me vanter, mais plus personne n'est en mesure de m'égaler en combat avec des armes. À mains nues, je me débrouille, mais dans toute autre forme de combat... plus personne ne peut soutenir la comparaison.
Soudain, j'entends des éclats de voix dans le couloir adjacent. Je me stoppe immédiatement.
C'est une femme. Elle crie tout en chuchotant - ce qui soit dit en passant, est selon moi une véritable prouesse. Sa voix transmet sa fureur. Je n'aimerais pas être en face d'elle à ce moment...
Je m'apprêtais à me téléporter à ma chambre, ne souhaitant pas être sur la trajectoire de cette furie, mais une seconde voix, parfaitement calme bien que triste, coupe la harpie dans sa lancée. Et cette voix, elle m'est plus que familière.
Je me risque à avancer une peu plus avant ; au point que je réussis à voir les silhouettes projetées par les torches. Elles confirment ce que j'ai déjà plus ou moins deviné.
- Je t'en prie Rika, calme toi... tu vas réveiller tout le monde...
- Non je ne me calmerai pas ! Je ne peux pas ! Et enlève moi ce masque ridicule... Je veux voir ton visage.
Il y a un bruit d'élastique, et j'entends le son d'un masque qui tombe dans le sable. La silhouette féminine se détourne soudain.
- Pourquoi... pourquoi a t il fallu que tu deviennes le dernier Sage... murmure t elle.
- On en a déjà parlé Kynra. C'est moi que la Grande Déesse a désigné. Je ne pouvais pas refuser.De quoi parle-t-il... ?
La silhouette de mon chef se rapproche de celle de l'officière, et l'enlace.
Rouge de honte, je détourne un instant les yeux. Ai je réellement le droit d'espionner le Grand Kohga ainsi ? Ce ne sont pas mes affaires...
- Ça fait des années maintenant. Je pensais que tu avais accepté depuis tout ce temps. Pardonne moi, je ne m'étais pas rendu compte que je te faisais du mal tout ce temps.
- Ce... ce n'est pas ça. Oui, j'avais accepté. Mais voir cet enfant que tu as accueilli grandir... et toi prendre soin de lui comme s'il était ton propre fils... Il me rappelle toi quand nous étions plus jeunes. Il a fait comme toi quand Thibald t'a provoqué en duel. Il a simplement refusé. J'ai vraiment l'impression qu'il... qu'il...
La silhouette secoue la tête.
- Ma blessure s'est ré-ouverte. Il est comme l'enfant que nous ne pourrons jamais avoir. Ça me fait mal.
- ... Kynra. Regarde moi.
Je vois les ombres bouger de nouveau. Mon chef porte la main au visage de l'officière, et un silence s'ensuit.
- Je t'aime. Tu le sais ça, non ?
Il obtient un hochement de tête hésitant, comme si elle avait un doute sur les paroles qui allaient suivre.
- Nous n'aurons jamais d'enfant. En effet. Bien évidemment que j'aurais aimé en avoir. Mais tu me suffis. Je n'ai besoin de personne, si ce n'est toi.
Il la prend dans ses bras, tendrement, et elle pose sa tête sur son épaule. Il lui caresse les cheveux, comme pour la consoler.
- Est ce que je te suffis ?
Leur étreinte se resserre encore. Ils sont beaux à voir ainsi.
Jamais je n'aurais cru que le Grand Kohga puisse être en quelque sorte en paix ainsi. Lui qui était toujours inquiet pour tout, à cet instant, malgré sa peine et sa douleur, il était en paix avec lui même, en paix avec celle qu'il aimait malgré le fait qu'on aurait dit qu'ils se disputaient. Ils étaient en paix, du moment qu'ils étaient ensemble.À l'heure où je me rappelle ce souvenir, je crois que depuis que Kynra a été emporté par une maladie, je n'ai jamais revu le Grand Kohga ainsi. Je ne l'ai jamais revu sourire réellement.
Elle rit doucement, toute colère envolée.
- Cesse de poser des questions idiotes.
Puis après un nouveau silence :
- Je t'aime Aïlan.
- Je t'aime aussi. Mais je t'ai dis d'arrêter de m'appeler comme ça ; maintenant je suis Kohga. La gronde t il gentiment.
L'ombre de Kynra se dégagea alors. Sans brusquerie, mais fermement.
Puis je vois son ombre s'allonger jusqu'au col de mon chef.
- Je me moque de ton titre, Aïlan. Je t'appelle comme je veux quand je veux. Il ne m'empêchera en aucun cas de faire ça.
Leurs ombres se fondent soudainement l'une dans l'autre en un baiser sauvage qui les plaque contre le mur.
Je rougis encore plus violemment que tout à l'heure.
Je crois qu'il est temps pour moi de leur fausser compagnie...
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Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et Vengeance
FanficOui, probablement que je suis un monstre. Mais tant que je ne le suis pas aux yeux des Yigas, cela ne m'importe pas. Astor... Ganon... Vous m'avez tout enlevé, comme l'ont fait autrefois les Hyliens. J'ai tout perdu. Je l'ai perdu. Je vous déteste...