Comme une Yiga (1)

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Un brouhaha assourdissant règne dans le réfectoire. Évidemment, une fois sa reconstruction terminée, nous nous sommes dépêchés de le faire servir à nouveau à quelque chose.
Ce simple fait à permis au clan de retrouver un peu de la bonne humeur qui l'animait, car tout semble plus simple, comme avant, une fois les habitudes retrouvées.
Je repense en souriant à la remarque philosophique Suppa l'autre jour, par rapport à l'habitude.

Je jette un coup d'œil par dessus l'immense table rectangulaire où sont assis bien un quart de tous les Yigas. Trop petite... je suis obligée de me lever pour voir.
La queue pour aller se servir semble avoir un peu diminué.

J'attrape Suppa par le bras et le tire sans la moindre considération vers la réserve, l'arrachant à sa conversation avec Hiroka. Je le lâche une fois que je suis sûre qu'il me suit.

- Tu n'étais pas obligée de m'arracher le bras... grommelle t il en massant son épaule (pas de panique, je sais qu'il sourit).

- Rassure toi, ça m'a fait aussi mal qu'à toi, si ce n'est plus. Dis je en grimaçant. Depuis le début de la reconstruction...

L'attaque est devenue sujet tabou. Ce n'est pas "l'attaque des Hyruliens" mais "le début de la reconstruction".

-... comme je ne manipule que du bois, j'ai les mains pleines d'échardes et les doigts en charpie.

De bon gré, j'ajoute :

- Désolée de t'avoir fait mal. C'était pas voulu, j'ai du mal à évaluer ma force, vu que je passe ma journée à forcer comme une mule.

- Tu m'as juste arraché l'épaule, rien de grave.

J'éclate de rire.

La queue avance à une vitesse accablante. J'en presque à préférer le temps où nous n'avions qu'à nous servir quand il était temps pour nous de manger (Il y a une semaine quoi).
M'ennuyant ferme très rapidement, je me mets à fredonner un air en tapant instinctivement la mesure du pied. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je ne suis pas qu'une brute qui ne manie que l'épée, j'étais aussi musicienne.
De toute façon, le seul qui serait à même de m'entendre dans tout ce boucan serait Suppa, qui reste comme d'habitude martial en attendant que nous avancions un peu.

Je trouve le temps si long qu'en deux mètres avancés, la mesure a été battue par mon pied, la pointe de mon pied, mes doigts en pianotant sur mon bras, de changer trois fois de chant...
Je suis vraiment incapable de tenir en place. Ça me désespère.

Bien décidée à me calmer un minimum, je me mets inconsciemment à murmurer les paroles d'un chanson plus douce (le Chant des Tempêtes et le Menuet des Bois ne sont pas deux chants très calmes).
Baragouinage salmigondesque (j'invente des mots, je vous embête) pour quiconque m'aurait entendue - autre que Suppa bien évidement - mais chant lourd de souvenirs pour moi. Dont un en particulier, qui restera à jamais gravé dans ma mémoire...


Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant