Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et Vengeance

-Sous l'eau-

Enfin bref, ce n'est pas le moment de repenser à tout ça.

Les braises se répandent, éclairant un peu mieux pendant un court instant.

J'aperçois sa torche, éteinte, au loin.

Je plisse un peu plus les yeux...

Elle est là.

Dans l'ombre recroquevillée dans le coin de l'une des ruines. L'aura de noirceur qu'elle dégage est tellement sombre que je la distingue à peine.

Je remets mon masque, saute de mon promontoire et accoure vers Line.

En me voyant arriver, elle sursaute, ses dents se mettent à claquer et elle commence à trembler, les yeux écarquillés par la terreur.

Elle est dos au mur, à moitié affalée par terre.

- N...N...N'app...pproche...p...pas ! Bégaie-t-elle

Elle ne me reconnaît pas.

Elle pousse un cri quand je m'approche d'elle.

Je constate qu'elle est dans un sale état. Enfin, devait être dans un sale état, s'étant régénérée depuis. Du sang lui coule de la tempe, et ses bras sont complètement écorchés.

Je vais devoir faire en sorte qu'elle me reconnaisse.

Qu'est-ce qui a bien pu la mettre dans un état pareil ?

Je m'accroupis, et elle me regarde avec des yeux perdus.

Je lui parle doucement, en m'approchant imperceptiblement à chaque phrase que je prononce.

Elle me fait peur comme ça. Parce qu'en la voyant au bord de la folie, j'ai peur de la perdre.

Tout en parlant, je m'avance pas à pas.

Elle se colle au mur, ayant remarqué mon manège, et ses ongles laissent des traces dessus.

- C'est moi. Murmuré-je.

Une étincelle dans son regard. Furtive mais bien présente.

Soudain elle se jette sur moi.

Pendant un instant, je crois qu'elle m'attaque.

Elle serait bien capable de m'attaquer à mains nues alors que j'ai mes sabres et que je fais deux fois sa taille.

Ses bras s'enroulent autour de mon cou, et elle se serre de toute ses forces contre moi, au point que j'ai du mal à respirer. Elle tremble encore.

- Tout va bien. C'est fini.

Je dis ça, mais je sens l'odeur du sang autour d'elle.

Elle est tombée de haut, et sa régénération a beau avoir opéré, le sang imprègne toujours ses vêtements.

Sa tunique est déchirée par endroits.

- J'ai vu un fantôme. Chuchote Line.

Si la situation n'était pas aussi dramatique, j'en aurais ris.

Elle ravale un sanglot.

- Celui de ma mère.

Une larme s'écrase sur mon épaule. Ses yeux sont toujours écarquillés, perdus dans le vague.

J'avais entendu dire que les profondeurs réveillaient parfois notre pire cauchemars, un traumatisme, notre peur la plus secrète.

Dans le cas de Line je pressens que c'est les trois à la fois.