On joue aux Korogus ? (2)

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Tael me prend par surprise en commençant à compter, et je réalise que je n'ai pas la moindre idée d'où me cacher.

Taya s'élance vers le bord du précipice. Elle saute, et disparaît de notre vue, ses longs cheveux bicolores flottant de manière presque fantomatique derrière elle.

Suppa m'attrape la main et se met à courir, et je trébuche plusieurs fois avant d'arriver à trouver un équilibre.

Il nous fait emprunter le chemin qui serpente autour du Mont, rendu glissant à cause des pétales de cerisier envolés rendus humides par la rosée matinale perpétuelle.

On finit par reprendre haleine en se faufilant dans une toute petite entrée à flanc de colline, donnant sur une grotte bien plus vaste que ne le laisserai penser l'extérieur.

Je plaque ma main sur le mur suintant d'humidité et m'effondre presque dessus en reprenant mon souffle.

Suppa aussi est au bout de sa vie, mais il récupère plus vite.

- Pourquoi... Tu nous as... fait courir comme... des dératés ? Haleté-je

- Tael déteste perdre. Quand il est sûr qu'on ne l'entend plus, il saute des nombres, accélère ou s'arrête tout simplement de compter pour se mettre à nous chercher.

Je sens le sourire dans sa voix.

- Et puis j'ai supposé que tu ne connaissais pas les moindres recoins du Mont Satori. Tu serais parfaitement capable de te perdre et de dire que c'est nous qui nous sommes perdus, je me trompe ?

Je soupire... puis explose de rire.

Oui, ça me correspond parfaitement.

Mon rire devient vite contagieux, et on est tout deux pris d'un énorme fou rire.

Je glisse au sol et m'arrête peu à peu de rire, mais j'ai un sourire des joues aux oreilles.

Ça fait du bien de décompresser des fois. Juste rire sans raison, sourire pas parce qu'on y est obligé.

On finit par se calmer et attendre.

À part le bruit des oiseaux et le bruissement des feuilles, on entend pas grand-chose. Tael ne doit pas être dans les parages.

Un bruit infime me fait tendre l'oreille.

Un léger tintement dans un tunnel sortant de l'espace restreint de la grotte.

Comme si... on entrechoquait deux clochettes qui tintaient en se percutant et ferait un bruit de grelot en s'écartant.

J'avance lentement, essayant d'être discrète, et me courbe, le plafond devenant soudainement plus bas.

Je m'accroupis et avance à quatre pattes, les mains dans la mousse fraîche.

Suppa me suit, à ce que j'en déduis par le bruit ténu de ses boucles d'oreille quand il se penche à son tour.

J'avance à tâtons, mais finis par pouvoir me redresser dans une salle... encore plus vaste que celle que nous venons de quitter.

Et là, des dizaines et des dizaines de Rumys s'y trouvent, leurs oreilles de lapin tendues, en alerte.

Beaucoup d'autres cavités s'ouvrent à partir de là. Des ponts naturels en pierre surplombe des étendues d'eau où des troglodus lumos nagent en toute sérénité, de nouveaux tunnels, éclairés par des champignons et des fleurs silencio, des Princesses de la Sérénité également, alors que ces fleurs ont une espèce en voie d'extinctions... Du lierre et de la mousse rampent sur les parois rendues bleutés par la lumière des esprits de la forêt.

Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant