Fausse alerte

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- Suppa, tu peux m'envoyer le marteau s'il te plaît ? Crié je pour qu'il m'entende depuis le plafond du réfectoire.

- Tout de suite.

J'attrape d'une main l'outil qu'il fait léviter jusqu'à moi, et le pose sur la poutre au dessus de ma tête.

- Fais attention, Line. Je ne voudrais pas que tu tombes.

Je ne lui réponds pas, tout simplement parce que sa remarque est bête : je ne risque pas de me faire mal.
Après avoir posé le marteau, je balance un peu mes pieds dans le vide, puis je repose ma deuxième main sur la poutre, bande les muscles de mes bras au maximum et remonte sur cette dernière.

Heureusement que je suis légère, je ne pense pas que la poutre aurait survécu sinon.
Je prends dans ma sacoche quelques clous, et les plante à la suite dans la poutre que je viens de poser.
Pour vérifier que la structure tienne bien, je saute un peu dessus, elle ploie - pas beaucoup, et ça reste logique - mais ne cède pas - l'inverse aurait été alarmant.

Je passe la tête entre deux quadrillages de poutres que j'ai installé aujourd'hui, en me retenant pour ne pas tomber en position araignée - je n'ai pas vraiment d'autre terme pour la décrire.

- J'ai fini ! Il ne restera plus qu'à fixer les nouvelles lattes de bois, et le réfectoire sera à nouveau comme avant !

- Bien. Descends de là maintenant, tu me fais peur.

- Tu me rattrapes ?

- Ou... attends, QUOI !?

Il a tout juste le temps de tendre les bras que je lui atterri dessus.
Pour atténuer le choc, il plie les genoux, et se relève immédiatement, comme un ressort.

- Mais qu'est ce qui t'es passé par la tête !? Tu aurais pu tomber pour de bon...!

- Oui, mais je savais que tu me rattraperais. Et puis c'est pas comme si que ça aurait été grave si tu t'étais loupé, dis je, tout sourire.

Il soupire.

- Je le sais très bien mais...

- Nan sérieux ? Le rôle du papa poule, ça ne te va pas.

Il me donne une petite tape à l'arrière de la tête.
Je lui souris de toute mes dents, et bas des pieds.

- Bon. Tu me reposes ? J'avoue que tu es plutôt confortable, mais il faut qu'on aille manger maintenant si on ne veut pas prendre de retard sur nos tâches du jour.

Il soupire encore une fois et me repose.

Une fois les deux pieds à nouveau ancrés au sol, je me détache les cheveux. Je déteste les avoir attachés, mais il fallait bien vu ce que j'étais en train de faire.
On sort de ce qui était avant le réfectoire, et qui le redeviendra bientôt j'espère, pour laisser place aux Yigas en charge de faire les finitions.
Il est l'heure pour nous d'aller manger - enfin ! Je commence à mourir de faim.
Ce matin, nous avons retapé entièrement la barrière autour du gouffre au premier étage sous la salle principale, parce que ça commençait à devenir dangereux pour les enfants. À présent, nous sommes en milieu d'après midi, et Suppa et moi avons enfin fini de refaire le plafond - tâche qui nous occupait déjà depuis presque deux semaine.

Bientôt deux mois que le repaire a été dévasté...
Il nous a fallu presque un mois entier pour panser nos blessures et enterrer nos morts. Ça a été très dur. Un mois de pleurs et de cris. Un très long mois.
Et le mois suivant est arrivé avec la saison des fleurs la reconstruction du repaire.
Tout le monde s'est mis à l'ouvrage, même les enfants. Et d'ailleurs, ces derniers nous sont devenus indispensables pour certaines tâches.

Les plus jeunes et les anciens se sont naturellement proposés pour la gestion des draps et couvertures en tout genre (les chambres ont été détruites, nous avons donc construit des dortoirs en rénovant un peu les salles d'arme, et avons posé des futons un peu partout. Si jamais on veut se lever dans la nuit, il faut soit se téléporter soit être très doué pour ne pas marcher sur les autres. Mais étonnamment, presque personne ne se téléporte. C'est peut être juste moi qui suis maladroite), ne pouvant aider pour les tâches plus difficiles.


Tous les autres bâtissent, reconstituent, réparent... Mais les deux personnes qui fournissent le plus d'efforts sont sans aucun doute Suppa... et Ash.
Suppa se plie en douze pour aider tout le monde, au point de ne presque plus dormir la nuit, et Ash fait presque de même.

Moi qui croyait qu'il n'était qu'un abruti imbu de lui même...
Je le croise de plus en plus souvent dans les couloirs, et il a cessé depuis un moment de m'éviter.
Je ne sais pas ce qu'il a eu pendant une période, mais on aurait dit que j'étais le démon en personne - ce qui, on ne va pas se mentir, est un peu vrai.
Il arrive même qu'il engage de son plein gré la conversation pour parler un peu de l'avancement des tâches du jour, de la reconstruction générale.

Je suis un peu triste que Suppa ne prenne même plus le temps de se poser avec moi comme avant au mont Satori, mais je le connais : je sais que je ne pourrai rien faire pour qu'il cesse de travailler jour comme nuit, même si ça m'inquiète.

Nous sortons dans l'arène, où tous nos vivres ont étés entreposés.
Suppa écarte le couvercle d'une caisse, prend quelques bananes, et partage équitablement entre lui et moi. Nous allons ensuite nous asseoir dans le sable.

Alors que je commence à manger mon repas, une sourire naît sur mon visage, à cause - grâce ?- à une réflexion idiote.

- Tu te rends compte qu'au début je détestais les bananes ? Maintenant, je pense qu'il serait difficile de m'en passer, au moins comme dessert.

- Il est vrai que souvent, le plaisir de l'habitude est plus doux que celui de la nouveauté.

- Probablement, Monsieur le Philosophe en chef.

On éclate de rire.
Si seulement les moment comme ça pouvaient durer éternellement...
Malheureusement, derrière chaque bonheur, il y a une tempête.

La tempête en question se matérialise sous forme d'un asthmatique à capuche s'avançant vers nous, enveloppé d'ombres parce qu'il déteste le soleil, faisant fuir les quelques enfants qui jouaient dans le coin.

- Que fais tu là, Astor ? Demandé je, sur mes gardes.

- Je venais à la rencontre de ton... général. Je l'ai cherché dans tout le repaire, et voilà que je le trouve en ta compagnie...

Puis, s'adressant à Suppa :

- J'ai quelque chose d'important à vous dire, à vous, et à votre chef. Allez vite le chercher. Je vous attendrai à l'endroit habituel, Général Suppa.

Sa phrase à peine terminée, le mur de "Rancoeur" qui l'enveloppait s'écrase au sol comme s'il s'agissait d'une vague terminant sa course sur les rochers.
Il n'y a plus la moindre trace d'Astor.

- On peut dire que c'était expéditif. Commenté je simplement.

Je sens Suppa tendu près de moi. Mais je ne sais pas trop quoi lui dire pour le rassurer, comme quoi ce n'est certainement pas grand chose.

- S'il te plaît, amène Taya et Tael en dehors du repaire. Essaie de les occuper le plus longtemps possible. Je pressens... Je pense savoir pourquoi Astor nous a convoqués.

- J'ai les dortoirs à remettre d'aplomb cet après midi.

- Non. Un autre mur est apparu d'on ne sait où, et il bloque l'accès aux dortoirs. S'il te plaît.

Il a peur. Je l'entends à sa voix. Il essaie de m'éloigner, ainsi que les deux gamins, parce qu'il a peur pour nous, peur que quelque chose de grave arrive. Et ça, je le vois à sa main tellement crispée sur la garde de son sabre qu'elle commence à s'y imprimer.

- C'est rare de te voir perdre ton calme. Peut être que tu te relâches... le taquiné je pour détendre l'atmosphère.

Il me regarde d'un air surpris.

-... ou alors c'est juste que maintenant j'arrive à déchiffrer tes réactions.

- Peut être un peu des deux, soupire t il, son calme retrouvé.

Je le serre dans mes bras, puis me dégage et fais volte face.

- Pas d'actions insensées hors du repaire. Tu emmènes juste les enfants dehors pour quelques heures. Compris ?

- Oui oui, t'inquiètes pas. Je serai sage comme une image.

Enfin, je vais essayer du moins.

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Dès que je suis sûr que Line a trouvé les gamins et qu'elle les a emmenés hors du repaire, je respire déjà un peu plus librement.
Je me hâte jusqu'à notre salle de réunion.

S'il s'agit de ce que je pense... ce serait une grande nouvelle normalement pour le clan, un accomplissement, tandis que pour les Hyliens...
Mais si c'est bien cela, la réalité sera tout autre. Nous feindrons devant Astor notre joie, alors que la peur qui nous dirige prendra le dessus.

Je serre les poings.

Je me téléporte à l'endroit prévu. Je comptais marcher, mais dans mon état, j'affolerais tous les officiers qui me croiseraient. Les ayant entraînés sans relâche depuis leur nomination, ils ont fini par me connaître bien mieux que n'importe quel membre du clan.

Quand j'apparais dans la salle, je pose genoux à terre et m'incline devant mon chef.
Astor et le Réceptacle n'ont droit qu'à un petit signe de tête.

- Bien... nous sommes à présent au complet. Murmure le Prophète.

Décidément, je ne peux vraiment pas le supporter. C'est épidermique.
J'ai le ventre noué par la tension. J'ai l'impression que le Réceptacle me fixe et essaie de lire mon âme, que la simple pensée que je n'ai en réalité jamais juré allégeance à Ganon peut tous nous mener à la mort.

[ Fichier manquant ]

NDA : Astor explique son plan pour faire revenir Ganon. Il le mettra en oeuvre très bientôt. (Désolée, j'ai plein de fichiers manquants à la suite... Mais je voulais vraiment écrire la suite ! De toute façon ces passages ne sont pas très importants... Mais désolée encore !)

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[ Fichier manquant ]

NDA : Line va faire pleins de jeux avec Taya et Tael, du genre de la Goroballe, la zone d'exercice au vol où ils croisent Revali et se fritent avec lui (je tiens à préciser qu'ils sont déguisés, donc personne ne peut les reconnaître. Ravioli relève juste que Line lui rappelle quelqu'un qu'il déteste, et s'en va, ne souhaitant pas plus perdre son temps avec eux.), une chasse au trésor dans Firone...

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[ Fichier manquant ]

NDA : Suppa explique à Line que finalement ce n'était qu'une fausse alerte, et lui propose de se rendre au Mont Satori. Il lui avoue qu'il ne peut plus se téléporter.


Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant