Eradication du gang des Yigas (3)

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- Il va vraiment falloir que je rentre mon beau.

Je passe doucement mes doigts dans sa crinière flamboyante soyeuse.
La nuit commence à tomber, le ciel se pare de plus en plus de couleurs vespérales.
Sur un dernier au revoir, je m'élance vers la paroi la plus proche et l'escalade.
Je parcours presque cinquante coudées en une minute, arrive en haut très rapidement. J'ai hâte de rentrer, de retrouver tout le monde, et en particulier Suppa.
Il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui, dont mes retrouvailles avec mon " vieil " ami équin, et j'ai envie de tout lui raconter.

Je souris. Ces moments passés tous les deux me sont vraiment devenus très chers.

Je jette un dernier regard en contrebas et croise le regard de braise qui m'observe, puis il me fait un signe de tête vers la vallée de Caltice et se détourne.
Un vent très chaud souffle dans au dessus du Canyon, et une sorte de brume de sable stagne au dessus de la roche, parfois emportée par le vent. Des champignons tempo poussent un peu partout, tout comme des fleurs du même nom.
L'air commence à se rafraîchir, en contradiction avec le vent qui vient de l'intérieur des contrées Gerudo, qui vient du pays des sables et ancienne mer de Lanelle, dans un passé très lointain.

La lune commence à apparaître, transparente dans la lumière encore vive.

Ronde, pleine, elle éclaire de sa beauté subtile, de son pâle éclat. On dirait un visage...

Je reste une petit moment à la contempler et à regarder les premières étoiles apparaître.
Puis je me gronde intérieurement, en recommence ma course à travers le Canyon, à la limite avec les Hauteurs.

**********

Je n'ai pas eu le temps de sécuriser tout le repaire, et les Prodiges ont fait de gros dégâts.
Je me déteste de ne pas avoir été assez rapide.
Le moindre de mes mouvements me semble ralenti, comme si je devais traîner une lourde charge derrière moi à chaque pas.
Cette charge fantôme m'a épuisé. Je n'ai pas réussi à accomplir mon rôle, et je n'arrive même pas à savoir si j'arriverai à être encore d'une quelconque utilité.

- Général ? Tout va bien ? Me demande l'officière à mes côtés.

Je vois bien qu'elle est inquiète tout comme les sous-fifres qui nous accompagnent.
Je hoche la tête, ne parvenant pas à prononcer le moindre mot.
Je ne flancherai pas.
Après une grande inspiration, je parviens à articuler sans que ma voix me trahisse :

- Partez devant. Le Grand Kogha va avoir besoin d'aide dans l'arène.

Ils s'inclinent tous en cœur et disparaissent.

Je teste donc ce qui me tourmente depuis tout à l'heure.
Je lève l'un de mes poings devant mon masque, deux doigts levés, doucement, comme pour prendre un animal tapi par surprise, et essaie de visualiser l'arène pour me téléporter.
Une décharge d'une matière sombre - ... de... la Rancœur ? - d'une violence inouïe en pleine poitrine me jette à terre, sur un morceau de bois brisé, qui me rentre dans l'épaule. Je serre les dents. Cette blessure idiote est entièrement de ma faute.

Je pousse une juron - ce qui m'arrive vraiment très rarement - et me relève en chancelant.
C'est bien ce qu'il me semblait.
Ma fatigue n'est pas naturelle, et mes pouvoirs de téléportation ont été bloqués.
Il faudra que je me débrouille comme je peux.
Line devrait être rentrée depuis longtemps. Que fait-elle ? Lui est-il arrivé quelque chose ?
J'ai peur pour elle, mais je dois m'occuper de ceux dans le repaire en premier.

Du sang coule de ma plaie dans mon dos. Je ne peux voir l'état de la blessure...
Pour n'inquiéter personne, dans le cas où quelqu'un me verrait, je déplace légèrement la plaque sur mon épaule pour masquer ma blessure. Elle appuie dessus et me fait mal, mais il sera hors de question que je me fasses soigner en premier quand l'attaque sera finie.
J'espère que personne n'a été gravement blessé... j'ai failli à mon rôle de Général.

Je traverse au pas de course le repaire, chaque mouvement me provoquant des élancements douloureux dans l'épaule.
Les tapisseries cachant les passages secrets ont été brûlées, certains pièges cassés, beaucoup d'installation en bois détruites...
Les dégâts sont énormes.
Et si je ne fais rien, ils le seront encore plus.
Je me dois de retrouver la traîtresse Gerudo, et de l'éliminer. Elle livrera certainement les plans du repaire et tous nos secrets, je dois la faire disparaître, pour le bien du clan.

**********

Le repaire m'apparaît enfin.
Mais...
Non. Quelque chose cloche.
Je cours, saute en prenant appui sur le bord de la falaise derrière moi, et l'impulsion me permet de m'éloigner un peu.
Je tombe en chute libre de... très haut.

Le choc est rude quand le sol décide de me prendre dans des bras absolument pas accueillant, après une chute vers une étreinte inévitable.
Le sol s'est affaissé quand j'ai atterri.
Je grimace.

Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant