Eradication du gang des Yigas (2)

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Je vais devoir te laisser. La nuit tombe, et je ne voudrais pas inquiéter une certaine personne qui m'attend au repaire.

Il me pousse doucement du bout de ses naseaux incroyablement doux, et j'ai l'impression que dans ses yeux brille une sorte d'encouragement.

- Oui, tu as raison. Mais je n'ose pas lui dire... qui aurait crû ? Moi, trop timide ?

J'ai le sentiment qu'il rit.
Je lui donne une autre poignée de baies.

- Je suis tellement heureuse d'être venue prêter allégeance aux Yigas... maintenant, ils sont ma famille, et j'ai fait la rencontre de personnes merveilleuses. J'aimerai tellement tout te raconter... mais ce serai un peu long. Il faudrait que je reprenne tout depuis presque deux ans. Tu sais tout de moi depuis que je suis petite, tellement je venais souvent te voir, mais il serait difficile de te dire tout ce que j'ai vécu depuis. D'ailleurs, je suis désolée de venir moins souvent ces derniers temps. Pardonne moi.

Il s'assoie sur ses pattes, et semble m'attendre.
Alors, comme quand j'étais petite, je m'assoie après avoir posé le panier de fruit devant sa tête, et me blotti contre son poitrail chaud et doux.

Je lui caresse la crinière.

- On a bien grandit tout les deux depuis... dire que je te voyais déjà comme une géant quand je t'ai vu pour la première fois alors que tu n'étais qu'un poulain. Tu sais quoi ? En fait, je pense que je vais rentrer plus tard ce soir. J'ai envie de te raconter tout, tout depuis que j'ai quitté la Citadelle et le Château d'Hyrule.

Alors je me replonge dans mes aventures et lui raconte tout.

***********

Les lumières vacillent.
Je suis fébrile. Pourquoi restons nous inactif à attendre l'Oracle du Maître Voyant alors que nous nous faisons attaquer ? Ils seront là d'une minute à l'autre !

Je serre les poings de rage.

Reste calme.
Ne montre rien.

Enfin, le Prophète du Chaos se retourne, avec une

lenteur étudiée.
Dans un petit sourire en coin, entendu et narquois à la fois, il hoche la tête.

- Le Seigneur Ganon nous affirme que la victoire sera de notre côté... Vous n'avez aucune crainte à avoir vis à vis de l'issue de cette... bataille.

- Parfait. J'vais m'placer dans l'arène ce sera plus facile de les y exterminer. Quand j'aurai fini, ben là, PAF les Hyliens.

Comme dit le proverbe, avoir l'air bête c'est une chose. L'être vraiment, c'en est une autre.
Mon chef se classe à la perfection dans la première catégorie.

- Il ne faut pas considérer l'issue de la bataille comme étant acquise. Sinon, nous perdrons à coup sûr.

- Puisque le Seigneur Ganon vous a affirmé que vous gagnerez... Doutez vous donc de lui ?

Je fais un pas en arrière.

- Je n'ai jamais avancé la moindre parole qui puisse vous le faire penser. Je n'ai jamais proféré pareilles inepties.

- Vous m'en voyez ravi.

Puis il se détourne. Il lève son bras droit vers le ciel, celui qui maintient en lévitation le cœur de gardien, et disparaît en se recroquevillant sur lui même dans une sphère de Rancœur, qui rapetisse extrêmement vite avant de disparaître.

Tout comme Line, il utilise la Rancœur à de sa propre façon pour se téléporter. Quel couard, fuir ainsi le combat...

- Chef...

- Oui. Je sais. Place des escadrons ici et là, et place surtout des gardes devant la prisonnière Gerudo. Elle ne doit s'échapper sous aucun prétexte.

- Bien Grand Kohga.

Je m'incline et disparaît.

Je sais que je devrais compter uniquement sur moi pendant cette bataille. Je ne peux plus faire confiance à n'importe qui dans le clan à présent.
Line est parti en début d'après midi pour aller voir le Cheval Géant. D'ailleurs, une rumeur court comme quoi il s'agirait du destrier du Seigneur du Malin....
Je chasse cette pensée. Ce n'est vraiment pas le moment !
Pour en revenir à Line, je ne pourrai donc pas me reposer sur elle, elle ne sera pas rentrée à temps.

Il va falloir que je bloque toutes les issues, condamne les escaliers de passages de niveaux et les monte charges. Je vais devoir utiliser beaucoup d'énergie pour condamner tout ça seul, en utilisant quelques Arcanes pour m'aider mais... j'espère que je ne me tire pas un flèche dans le pied en faisant ça.
Je vais utiliser beaucoup de ressources, et je ne suis pas sûr d'arriver à me défendre lors d'un combat - car je sais que je vais devoir aller aider mon chef - si je tire trop sur la corde...

Je choisis de condamner tous les passages en priorité.
Il faudrait les attirer dans l'une des salles alimentées par une source souterraine, ce qui ralentira leurs mouvements, et mettre des Lézalfos, avec un peu de chance, j'arriverai à faire baisser leurs effectifs.

Je donne ordre sur ordre à mes officiers dans une sorte d'état second.
Faites ci, faites ça...
J'ai l'impression d'être étrangement déconnecté de tout ce qui se passe autour de moi.
Soudain, au détour d'un couloir, je manque de me cogner à un mur.
Et pourtant je suis certain... qu'il n'y a jamais eu de mur ici...
J'ai dû me tromper.

Je me téléporte à proximité des geôles, où les gardiennes - deux officière - se mettent au garde à vous.

- Verrouillez toutes les geôles sans exception à double tour et scellez les. Enclenchez les camouflages des passages secrets dans les geôles vides, et celui qui fait pivoter le mur. Je vous confie ma clé.

Je la prend dans l'une des multitudes de poche minuscules intégrées à l'une de mes ceintures - en l'occurrence la même que celle où se trouvent mes étoiles à lancer et mes kunais - et la tends à la première.

Je tends une seconde clé à sa camarade.
La première se dépêche d'aller enclencher le dispositif qui condamne toute la partie nord est du repaire, supérieure comme inférieure, et la seconde condamne la partie nord ouest, mais uniquement supérieure.
Il s'agit de la partie menant à l'arène.

Je fais confiance à mes officières. Elle ne sont bien entendu pas infaillibles mais... Je pense que je n'ai pas trop de souci à me faire, et sinon elles connaissent la procédure.

Il faut à présent que j'opère quelques dernières vérifications et je rejoindrai ensuite le Grand Kogha pour attendre les Hyliens de pied ferme dans l'arène.

**********

- Allez, debout.

Ils ont fait vite ces vermines. Suppa a à peine eu le temps de sécuriser les trois quart du repaire.
Mon petit protégé m'a fait de la peine quand je l'ai vu, il était exténué le pauvre...
À tel point que sans même user de subterfuges, le Hyliens ont réussi à le battre par deux fois dans les dédales du repaire.

Je pose une main sur mon genoux et me relève avec difficulté.
Par toutes les bananes ancestrales, qu'est ce que j'ai mal au dos...

Ces microbes ont réussi à " déjouer " tous les pièges du repaire. Ils sont tombés dans le panneau ces idiots !
Bien évidemment qu'on leur a laissé un passage pour accéder à l'arène. Ce qui me chiffonne le plus c'est que la prisonnière à réussi à entrer en possession du double de clé de sa cellule et par la même occasion du double de celle qui ouvre le pan secret de mur, et qu'en plus elle s'est échappée. En blessant deux officières en les prenant à revers.
Il faudra que je pense à sermonner Ash – je lui avais confié le double de la clé - de faire si peu attention à ses affaires. Si on en réchappe.

Ce qui arrivera. Astor nous a transmis les paroles du Seigneur Ganon, nous ne pouvons perdre.

J'ai beau me répéter ça en boucle, décidément, essayer de croire en une chose que l'on ne croit absolument pas est ardu.

Je me mets dans ma garde de combat habituelle, le buste bien en arrière une main ouverte de chaque côté comme si je haussais les épaules, tout à fait détendu.

- Vous nous avez donné du fil à retordre.

Je disparais. J'aime bien soigner mes entrées, sauf les fois où ça loupe, autrement dit très souvent.

Quand je réapparais, je prends une pose nonchalante en ponctuant ma prochaine phrase d'un mouvement vers la droite de la tête, comme si j'étais défaitiste ce qui n'est évidemment pas le cas.

- Mais... j'm'en fiche pas mal.

Je disparais une nouvelle fois.
En réapparaissant, je prend un gros risque en arrivant juste devant le chevalier de pacotille.
Je penche la tête sur le côté.

- Je m'en fiche même com-plè-te-ment.

J'accompagne chaque syllabe d'un mouvement pendulaire du l'index, comme quand je gronde un gamin turbulent. Genre Tael. Ce gosse me vole tout le temps mes bananes rouges, c'est assez... frustrant.
Je disparais encore une fois au moment où Link, mon cher deuxième ennemi juré, essai de me donner un coup d'épée.
Oui, j'aime vraiment les petits effets que je me donne.

Je me téléporte au sol, de profil par rapport aux Hyliens, en tailleur, et tourne brusquement la tête vers eux.

- Et vous savez pourquoi ?

Nouvelle disparition. Nye he he he he, ça me fait beaucoup rire, toute cette situation. Quoi que je fasse, dans tous les cas, je gagne, donc je peux bien m'amuser, après tout.

Faut que j'arrête de me répéter ça en boucle, ça marche vraiment pas, et en plus je me sens idiot.

Je les aveugle avec ma fumée en me téléportant juste devant eux, de dos, le poings sur les hanches.

- Par ce que vos vies s'arrêtent... ici et maintenant !

Je bascule la partie supérieure de mon corps en arrière et pointe du doigt la troupe, qui a reculé d'un pas, la tête à l'envers. Moi, pas eux.

- Enfin, si tout se passe bien.

Une nouvelle fois aveuglés par une énième téléportation, ce qui commence d'ailleurs à me fatiguer très honnêtement, je n'ai plus la vigueur de mes trente ans, les Prodiges et les Gerudos se mettent tous à tousser avant que leurs regards ne soient attirés par mon imposante stature plantée au milieu de l'arène.

J'avais pas vu.


Urbosa est là.


Grrrrrrr....


....RRRRHAAAAA !!!!!!! ÇA ME DONNE ENCORE PLUS LA BANANE, JE VAIS POUVOIR LUI FLANQUER UNE BONNE RACLÉE !!!

Je.
Vais.
Les.
Démonter.
Les.
Écraser.
Les.
Piétiner.

Je me concentre très fort, le front plissé, les mains jointes avec juste deux doigts relevés.

- Rognugnugnugnugnugnugnu.... HA !

Je m'exclame en baissant brusquement mes mains et pointe les Hyruliens avec mes doigts comme si je leur portait un coup d'estoc avec une épée.
Normalement, tous les petits jeunots m'ont entendu avec l'incommensurable concentration que j'ai utilisé.

Je me penche d'un côté sur un pied, les indexs et les majeurs toujours collés, les autres doigts entrecroisés, vers la droite.

- Aujourd'hui !

Toute une ligne de mes petits Yigas apparaît à ma droite, riant comme à leur habitude.

- Ici même !

Je fais le même mouvement mais vers la gauche, et le même nombre de sous fifre apparaît.

Bah oui, les officiers sont occupés ailleurs - et bon sang Suppa qu'est ce que tu fais, je t'attends ! - donc ça reste logique qu'il n'y ai que de sous fifres.

- Le Grand Kogha, le Chef Suprême du Gang des Yigas...

Je me prépare à me mettre dans ma position préférée, les petits jeunots prêts à lancer l'offensive à mes côtés.

- Va vous exterminer, tous autant que vous êtes !


Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant