Lucioles

90 6 4
                                    

Le vent devient soudainement plus frais, mais le ciel se dégage en contrepartie.

- Qu'est ce qu'on...

Suppa plaque aussitôt sa main sur ma bouche.

Je grommelle. Ça fait déjà deux fois en une journée qu'on me coupe la parole au milieu de cette phrase.

Il porte la main à son masque et le retire.

Je le retrouve comme je l'ai vu dans le chalet des Hauteurs Gerudo.

Il place l'index sur ses lèvres pour m'intimer le silence.

Un léger sourire soulève le coin de ses lèvres, tandis qu'il tend son autre main et pointe un doigt dans la direction de la clairière, en me faisant un signe de tête pour me dire de regarder.

Je me relève du tronc auquel j'étais adossée et jette un coup d œil.

Des points verts phosphorescents volent dans la nuit.

Certains virent plus au jaune que les autres, mais tous ont une douce lumière.

Ces auras lumineuses semblent glisser dans les airs, et se rassemblent par centaines sur les cairns présents.

Autour des tours de pierre, des fleurs et des champignons silencio ont poussé, les illuminant d'une lueur bleutée contrastant avec le vert des petites créatures.

Autour des flaques d'eau çà et là, des escargots brillent, eux d'une lumière violette.

Chaque détail de cette scène autre que les arbres est lumineux, au point que le spectacle en devient féerique.

Le ciel est dégagé. Les étoiles scintillent. J'ai presque l'impression de me retrouver au Mont de la Foudre, dont j'ai toujours gardé le vœu.

Je pense que je sais à quoi correspondent les cairns. J'ai vu un masque blanc avec un œil rouge abandonné près de l'un d'eux, rongé par la mousse, les herbes et le temps.

Pourtant, l'endroit à beau être un cimetière, la Nature semble vouloir leur rendre hommage en parant la nuit de mille couleurs, mille parfums, mille nuances.

Je m'avance sur la pointe des pieds et m'allonge dans l'herbe, les bras sous ma tête.

Les lucioles volent silencieusement, comme des étoiles sur terre.

Suppa me rejoint. Je l'entends venir près de moi.

- Line...

J'entends sa voix tout près de moi.

- Je...

Soudain, un point lumineux crève le ciel.

Je me redresse brusquement, les yeux écarquillés, et pointe l endroit où l'étoile filante à disparu avec mon doigt avant de tourner ma tête vers Suppa.

- Tu as vu ?!

Il rit doucement, secoue la tête, et ferme les yeux, un grand sourire sur les lèvres.

Je m'empourpre. Je remercie la pénombre de le cacher.

- Pardon... Tu disais ?

- J'ai oublié.

Tu ne sais vraiment pas mentir...

Je souris à mon tour et me rallonge, en formulant un vœu cette fois, comparé à la dernière fois. Un magnifique vœu.

Je ferme les yeux et me laisse bercer par le murmure du vent, le clapotis de l'eau, le léger bourdonnement des scarabées sur le grand chêne, les herbes ondulant sous la brise telles des caresses.

Et le fait de le savoir près de moi.


Chroniques d'Hyrule : 1. Haine, Rancœur et VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant