Chapitre 2

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La nuit tombée enveloppe doucement les rues de la petite ville. Nelly marche d'un pas rapide, les bruits de la représentation résonnant encore dans son esprit. Les félicitations, les rires, les applaudissements... Tout cela devrait la combler de fierté. Mais ce soir, une autre émotion la domine : l'espoir, un espoir simple mais brûlant, celui de retrouver Bertrand à la maison.

Il lui avait promis. Après sa longue journée de travail sur le tournage, il devait rentrer ce soir. Elle imagine déjà la scène : sa silhouette dans l'encadrement de la porte, son sourire fatigué mais heureux de la retrouver, ses bras forts l'enveloppant, l'odeur familière de son après-rasage... Nelly sent son cœur se serrer d'anticipation, prête à se lover dans cette étreinte réconfortante. Peut-être s'excusera-t-il pour son absence à la pièce, peut-être lui dira-t-il qu'il a pensé à elle toute la soirée, qu'il regrette de ne pas avoir pu être là.

Ces pensées la réchauffent, lui donnent une énergie nouvelle alors qu'elle presse le pas, impatiente d'arriver chez elle.

Les clés cliquettent dans la serrure, et elle pousse la porte avec un sourire sur les lèvres, s'attendant à l'entendre répondre à son appel.

— Bonsoir, bonsoir. Je suis rentrée !

Le silence, lourd, se pose immédiatement sur ses épaules. Un instant, l'espoir vacille. Elle reste immobile, son sac encore sur l'épaule, à attendre... Mais seul un murmure léger venant du salon lui parvient.

— Mademoiselle Dudressie, déjà ? Bonsoir.

Nelly se fige, son sourire disparaissant aussitôt. Leur jeune voisine, se tient là, assise sur le canapé, le regard un peu surpris.

— Charline ? s'étonne Nelly, Mais... où est Bertrand ?

Son cœur accélère. Son mari devait être là. Il le lui avait promis. Elle sent une vague de déception monter, tandis que Charline se lève avec un sourire maladroit, comme si elle devinait déjà ce qui se passait dans l'esprit de Nelly.

— Il m'a demandé de passer. Il a beaucoup de travail ce soir et... commence-t-elle, hésitant.

Nelly n'écoute plus vraiment la fin de la phrase. Son esprit est ailleurs, bousculé par une nouvelle vague de déception. Encore une fois, Bertrand n'est pas là. Encore une fois, il lui a menti ou du moins omis la vérité, pensant sans doute qu'elle ne s'en formaliserait pas. Au lieu de retrouver la chaleur de ses bras, elle se retrouve face à la réalité froide d'une soirée où son mari a préféré le travail à elle.

— D'accord, dit-elle, d'une voix un peu trop posée pour cacher la déception qui ronge son cœur. Louis est couché ?

Charline hoche la tête, un sourire poli sur les lèvres.

— En effet. Je l'ai nourri et changé. Il s'est endormi assez tôt.

Nelly force un sourire, bien que son cœur pèse lourd. Elle glisse une main dans son sac et en sort quelques billets, qu'elle tend à l'adolescente.

— Merci beaucoup, Charline. Tiens, voilà pour toi. Bonne soirée.

— Merci, Mademoiselle. À bientôt.

Charline s'éclipse rapidement, peut-être sentant que Nelly n'a pas envie de prolonger la conversation. La porte claque doucement derrière elle, et le silence retombe sur la maison.

Nelly reste un instant immobile, les yeux fixés sur la poignée. Une lassitude immense l'envahit, comme si toute l'énergie qu'elle avait eue en marchant vers chez elle s'était soudainement évaporée. Ce n'est pas seulement la déception de ne pas trouver Bertrand qui la ronge. C'est ce manque d'attention, ce silence qu'il laisse derrière lui, ce petit arrangement avec Charline dont il ne l'a même pas informée. Une décision prise sans elle, comme s'il s'agissait d'un détail, alors que pour Nelly, c'est tout sauf ça.

Joue-moi, l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant