Chapitre 26

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Nelly ferme les yeux un instant, tentant de ravaler ses larmes. Elle doit rester forte, pour Louis, pour elle-même. Mais au fond d'elle, elle sait que cette situation ne peut pas durer éternellement. Un jour, il faudra parler, vraiment parler, sans colère, sans frustration, mais avec des mots qui viennent du cœur. Elle ne veut pas que leur histoire se termine ainsi, en disputes et en silences pesants.

12:26 – Nelly : Je m'inquiète pour toi, Bertrand... Il serait mieux qu'on en discute, tu ne penses pas ? Je laisse Louis à mon père, et je pars avec Leti. Je rentrerai vers 18h30. Je t'aime.

Elle relit son message une dernière fois avant de l'envoyer, le cœur lourd et incertain. Ces trois mots, « Je t'aime », ont toujours été synonymes de réconfort, de vérité inébranlable. Mais aujourd'hui, ils sonnent presque creux dans ce silence qu'il lui impose. Aucune réponse. L'angoisse se mêle à la colère, mais elle fait de son mieux pour la repousser. Nelly secoue la tête, comme pour chasser ces pensées envahissantes et se concentre sur ce qu'elle doit faire.

Elle prépare la besace de son fils avec minutie, vérifiant chaque détail : les couches, les lingettes, les biberons... Une fois la lessive étendue, elle chausse ses chaussures de marche. Son sac à dos bien rempli — une bouteille d'eau, barres de céréales, une boîte de premiers secours, une couverture de survie, de la corde et une casquette — est prêt. C'est comme un rituel : tout doit être en ordre, tout doit avoir sa place, dans un monde où elle a parfois l'impression de perdre le contrôle.

Elle prend une collation rapide, faute d'un ventre trop noué pour avaler un véritable repas puis installe Louis dans son siège auto.

12:40 – Nelly : Salut Leti. Je laisse Louis à mon père, on se retrouve devant chez lui ?

12:40 – Leticia : OK ! À toute.

La route jusqu'à la maison familiale est courte et lorsqu'elle arrive, son père, Pierre, l'attend déjà devant la porte, un sourire bienveillant sur le visage.

— Salut, papou, lance Nelly en sortant du véhicule.

— Bonjour, ma princesse. Comment vas-tu ?

Sa voix est chaleureuse, réconfortante, mais Nelly ne peut empêcher un pincement au cœur. Elle fait de son mieux pour sourire.

— Ça va, et toi ?

— Moi, je vais bien, mais toi ?

Il la scrute du regard, son instinct de père perçant la façade que Nelly tente de maintenir.

— Tu as une petite mine.

Elle balaye sa remarque d'un geste de la main, essayant de garder le contrôle. Mais le regard de son père est trop perçant, trop aimant pour qu'elle puisse réellement dissimuler ses tourments. Elle attrape Louis et son sac, puis suit son père dans le salon. Là, elle dépose son fils dans le parc rempli de coussins, où il s'installe avec enthousiasme, jouant avec ses peluches préférées.

— Tu es sûre que tout va bien ? insiste Pierre, son ton plus doux, plus inquiet.

Nelly baisse la tête. Elle sent sa gorge se nouer. Comment parvient-il toujours à lire en elle si facilement ? Avant qu'elle n'ait le temps de répondre, il lui prend délicatement le menton, redressant son visage avec une infinie tendresse. Ses yeux sont pleins de compréhension, de cet amour inconditionnel qu'elle connaît si bien.

— Ma fille, murmure-t-il en la serrant contre lui. Tout va s'arranger.

Il dépose un baiser léger sur le sommet de sa tête, et Nelly ferme les yeux, laissant les larmes qu'elle retenait couler sur ses joues. Ce contact, cette chaleur paternelle, lui rappelle que, même quand tout semble s'effondrer, elle a toujours une place sûre. Mais cet instant est interrompu brusquement par le klaxon assourdissant de Leti à l'extérieur, brisant le moment.

Joue-moi, l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant