Nelly s'enfonce un peu plus dans le canapé, sentant une fatigue accablante peser sur ses épaules. La journée a été longue, entre le travail et les émotions tumultueuses qu'elle tente de contenir. Son téléphone émet un léger bip incisent et lorsqu'elle ouvre les paupières pensant qu'il s'agit de Maddy, elle constate que c'est Bertrand qui tente une appel visio. Elle se redresse et appuie sur le bouton vert.
— Où tu étais ? ça fait des heures que j'essaie de te joindre, tonne la voix de Bertrand alors que l'image se stabilise a peine.
— J'ai travaillé sur un projet avec Jonas pour la présentation du maire demain,
— Ah oui ? reprends-t-il son ton plein de suspicion.
— Oui, tranche-t-elle, d'une voix las. Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Bertrand n'est jamais aussi incitant. Sa voix, un peu déformée par la mauvaise connexion, résonne comme une lame froide qui tranche l'air entre eux.
— Est-ce que Jonas te plaît ?
La question résonne, chaque mot s'infiltrant dans son esprit comme du poison. Son cœur se serre, et une vague de culpabilité, d'incrédulité et de colère monte en elle. Elle ferme les yeux une fraction de seconde, rassemblant ses pensées, mais tout en elle se tend. La crispation de ses muscles trahit l'effet que cette accusation insidieuse a sur elle. Elle inspire profondément, cherchant à contenir l'orage d'émotions qui gronde dans sa poitrine. Bertrand ne la lâche pas du regard à travers l'écran, attendant une réponse qui, visiblement, pourrait changer quelque chose entre eux. Mais quoi, exactement ?
— Bertrand, commence-t-elle, la voix teintée de lassitude, mais contrôlée, on a déjà parlé de ça.
Elle essaye de garder son ton neutre, mais c'est plus fort qu'elle. Le soupir qui s'échappe de ses lèvres est chargé de fatigue, de frustration accumulée. Il semble que Bertrand n'ait jamais vraiment écouté.
— Je ne sais pas ce que Jonas t'a dit durant votre dîner, mais vos conflits de coqs ne m'intéressent pas, ajoute-t-elle, sa voix plus dure que prévu.
Bertrand plisse les yeux, une expression indéchiffrable sur son visage. Il n'aime pas être défié, et encore moins qu'on lui tienne tête. Il se renfrogne, ses traits se durcissent.
— Conflit de coqs ? Vraiment ? Pour qui tu te prends, Nelly ? Selena Aminguez ? lance-t-il, avec un air moqueur.
Nelly fronce les sourcils, surprise par cette sortie inattendue.
— Hein ? Qui ? répète-t-elle, déstabilisée.
— Selena Aminguez, renchérit-il, avec une nonchalance qui l'agace encore plus. C'est ma collègue sur le tournage. La magnifique latine d'origine cubaine. Elle, elle en déclencherait des combats de coqs.
Les mots de Bertrand la frappent de plein fouet. C'est comme un coup de couteau, mais au lieu de la douleur immédiate, c'est une sensation de vide qui s'installe. Un malaise profond. Quel genre de commentaire est-ce censé être ? Qu'est-ce qu'il essaie de lui dire, exactement ? Sa remarque la déstabilise, la blesse, mais elle refuse de montrer sa vulnérabilité. Elle déglutit difficilement, son regard fixé sur l'écran, mais son esprit ailleurs, cherchant à comprendre l'ampleur de ce qu'il vient de dire. Elle tente de rester calme, de ne pas réagir immédiatement, mais le venin de ses propos s'infiltre sous sa peau.
— D'accord... murmure-t-elle, perdue et abasourdie, cherchant à garder un semblant de contrôle. Qu'est-ce que tu voulais me dire, hormis que tu baiserais bien Selena Aminguez ?
Sa voix tremble légèrement, trahissant malgré elle l'effet que ses propos ont sur elle. Bertrand la fixe à travers l'écran, ses traits se durcissant encore plus, ses yeux devenant deux fentes glacées.
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Joue-moi, l'amour
RomanceNelly professeure de théâtre passionnée, mène une vie tranquille près de Bordeaux, loin du tumulte parisien où son mari, un acteur de série télévisée, passe la plupart de son temps. Leur mariage, déjà fragile, s'effrite sous le poids de la distance...