Passer cette journée sans la présence de Jonathan la perturbe plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Chaque geste, chaque décision semble étrangement vide, comme si quelque chose manquait dans l'air. À plusieurs reprises, elle doit se reprendre, secouer la tête pour se concentrer. Pourtant, l'image de Jonathan revient, envahissant ses pensées à chaque instant de répit. Son absence est palpable, et Nelly sent une pointe d'agacement envers elle-même pour accorder autant d'importance à quelqu'un qui, en théorie, ne devrait pas l'affecter autant. Malgré tout, elle termine cette journée, non sans fierté pour ses apprentis comédiens de tout âge. Leurs progrès la touchent profondément, et elle savoure cet instant de réussite, même s'il lui manque quelqu'un pour partager ce moment.
Enfin, les portes du théâtre se ferment avec un claquement qui résonne, et une pluie torrentielle commence à tomber à l'extérieur, comme pour refléter ses émotions enfouies.
— Quel temps de chien, marmonne-t-elle tout en pressant le pas, courant vers sa voiture sous cette averse glaciale.
Les gouttes frappent fort sur sa veste, ruissellent sur son visage et s'infiltrent dans ses vêtements, laissant une sensation de froid qui semble percer jusqu'à son âme. Elle démarre la voiture, les phares illuminant un paysage détrempé, les essuie-glaces luttant désespérément contre l'eau qui ne cesse de tomber. Direction chez Maddy, sa sœur, qui garde Louis le mardi pendant les vacances.
En arrivant, Nelly aperçoit la silhouette chaleureuse de Maddy à travers la fenêtre, tenant Louis dans ses bras. Un sourire se dessine automatiquement sur son visage, son cœur se réchauffant à la vue de son fils.
— Tu restes manger avec nous ? propose Maddy en souriant, ses traits adoucis par la lumière intérieure.
Il y a dans son regard une invitation sincère, comme si elle devinait le poids que porte Nelly sans qu'elle n'ait besoin de parler. Nelly sourit faiblement, mais refuse doucement.
— Je ne veux pas te fatiguer davantage, dit-elle en prenant Louis dans ses bras. Et puis, il doit se coucher. Il est déjà tard.
Maddy secoue la tête, un regard complice dans les yeux.
— Tu es une maman merveilleuse, glisse-t-elle tendrement.
Ces mots touchent Nelly, bien plus qu'elle ne l'aurait pensé. Elle hoche la tête, les yeux légèrement embués par la fatigue et l'émotion.
— Merci, Maddy.
Elle serre Louis contre elle, son petit garçon blotti dans ses bras.
— Allez, on y va, mon chat, il pleut des cordes.
Elle court à nouveau sous la pluie, cette fois tenant Louis contre elle, prenant soin de le protéger du mieux qu'elle peut. Les gouttes froides s'écrasent sur son visage, trempant ses cheveux qui lui collent à la peau, mais elle n'y prête pas attention. Ce qui compte, c'est de l'installer à l'abri.
— On sent que l'hiver approche, hein ! souffle-t-elle avec un sourire en coin, s'adressant à Louis tout en le sécurisant dans son siège auto. Il lève les yeux vers elle, ses grands yeux bruns brillants de curiosité.
Sur le chemin du retour, le silence dans la voiture est entrecoupé uniquement par le bruit régulier des essuie-glaces et la respiration calme de Louis à l'arrière. Nelly se sent étrangement vide, comme si la pluie emportait une part d'elle avec chaque goutte tombée. Mais en même temps, elle se sent remplie par la présence de son fils, son petit trésor. S'il y a bien une chose qu'elle a réussie, c'est lui.
Arrivée à la maison, elle prend tout son temps pour coucher son petit ange. Chaque moment avec lui est précieux, et elle veut savourer cette sérénité, loin des tumultes de sa vie. Elle lui chante doucement une berceuse, ses doigts effleurant tendrement son visage. Son souffle régulier l'apaise, et elle reste là un instant, le regardant sombrer dans le sommeil, un sourire doux sur les lèvres.
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Joue-moi, l'amour
Roman d'amourNelly professeure de théâtre passionnée, mène une vie tranquille près de Bordeaux, loin du tumulte parisien où son mari, un acteur de série télévisée, passe la plupart de son temps. Leur mariage, déjà fragile, s'effrite sous le poids de la distance...