L'ombre des projecteurs

Chapitre 51

Helena sentit son cœur manquer un battement en entendant Hugo, elle regarda son téléphone pour être sûre qu'elle ne rêvait pas, et voyait son prénom s'afficher sur l'écran. Après son message qu'elle avait volontairement ignoré, elle trouvait ça dingue de le voir réapparaître maintenant, après tout ce temps, c'était à la fois absurde et malvenu.

Elle hésita une seconde avant de répondre, son expression passant de la surprise à une froide neutralité. « Hugo ? »

« En personne, enfin, en ligne. Ça fait longtemps, Hele, non ? » lança-t-il d'un ton presque jovial, comme si leur dernière conversation ne remontait pas à des années.

Helena cligna des yeux, un mélange de perplexité et d'agacement montant en elle. Comment pouvait-il être aussi détendu, après tout ce qui s'était passé ?

Elle se leva pour aller dans le jardin afin que ses parents ne puissent l'entendre.

« Oui, en effet. Très longtemps, » répondit-elle d'un ton neutre, allant s'asseoir sur l'une des chaises du jardin. « Qu'est-ce qui t'amène ? »

Hugo eut un petit rire, ce genre de rire qui, à une époque, la faisait sourire mais qui maintenant sonnait terriblement faux. « J'ai vu ton nom un peu partout récemment. T'es devenue une sacrée star, dis donc. Je me suis dit que je devais te féliciter. »

Helena esquissa un sourire poli, bien qu'elle sentit l'irritation poindre. « Merci, c'est gentil. Mais je suppose que ce n'est pas juste pour ça que tu m'appelles. »

Il marqua une pause, et elle put presque entendre son hésitation à travers le téléphone. « Bon, tu me connais, je suis pas du genre à tourner autour du pot. Ça m'a fait réfléchir, à nous... ce qu'on était à deux. On était beaux, et je me suis dit qu'on pourrait peut-être... je sais pas, se revoir ? »

Elle se figea, incrédule, comme si elle s'attendait à ce qu'il éclate de rire et avoue que c'était une blague. Mais non, il semblait sérieux.
« Se revoir ? » répéta-t-elle doucement, un sourcil arqué.

« Oui, pourquoi pas ? Après tout, on a partagé des trucs hyper forts non ? Et avec tout ce que tu vis, je me suis dit que t'avais peut-être besoin de te reconnecter avec des gens qui te connaissent vraiment, qui t'ont aimé. »

Helena inspira profondément, cherchant à garder son calme. Elle aurait pu exploser, lui rappeler tout ce qu'il avait fait — ou plutôt, ce qu'il n'avait pas fait pour elle à l'époque. Mais au lieu de ça, elle opta pour la classe et la politesse.

« Hugo, je vais être honnête avec toi. Je trouve ça... surprenant que tu penses à moi maintenant. Surtout après tout ce temps. Mais je vais te dire une chose : ce que je vis en ce moment, oui, c'est intense, c'est parfois un peu fou. Mais j'ai des gens autour de moi qui m'aiment et me soutiennent vraiment. Alors reconnecter avec toi ? Je ne vois pas ce que ça pourrait m'apporter, à part des souvenirs qui n'ont rien à voir avec la personne que je suis aujourd'hui. »

Il y eut un silence à l'autre bout de la ligne. Hugo tenta de reprendre, mais sa voix était plus hésitante. « Hele, j'pense que t'es vexée de la dernière fois que j't'ai laissé et je comprends, mais tu sais on fait tous des erreurs... »

« Non, t'inquiète pas. Je ne suis pas vexée, » coupa-t-elle avec un sourire presque bienveillant.

« Je trouve juste... courageux que tu aies le culot de m'appeler comme ça. Mais honnêtement, Hugo, merci, ce jour là, tu m'as fait un énorme cadeau. Maintenant, tu fais partie d'un chapitre de ma vie qui est clos. Et ça va le rester. »

Elle entendit son souffle court, comme s'il cherchait une réponse, mais elle continua avant qu'il ne puisse parler.

« Je te souhaite tout le meilleur, vraiment. Mais aujourd'hui, je n'ai plus envie de perdre de temps avec des gens qui n'ont pas su me donner de leur temps quand j'en avais besoin. »