Partie 18

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C'est avec les yeux qui piquent et une céphalée de dingue, que je me rends à la faculté de droit. Les cheveux dans le vent, je marche sur le trottoir, au rythme de la musique, qui défile dans mes oreilles. Malgré le manque de sommeil, et la migraine qui paralyse ma tête, je suis de très bonne humeur ! La voix et les paroles de Niall ont le pouvoir de m'apaiser, c'est fou ça !
Le sourire aux lèvres, j'entre dans l'amphithéâtre, afin de suivre le premier cours de cette longue journée, celui des finances publiques.
Toujours en froid avec Emilie et sa bande, je n'ai pas d'autre choix que d'aller m'installer seule. Honnêtement hier, ça me faisait vraiment chier d'être solo, mais aujourd'hui, j'ai l'impression de m'en foutre royalement. Peut-être parce qu'à cet instant, Niall est la seule personne à occuper mes pensées.
L'arrivée de l'enseignant à lunettes rondes, définit le commencement d'un verbiage incompréhensible et ennuyeux.

Une heure plus tard, même cours, même endroit, et toujours en face de monsieur Dubois, qui poursuit son monologue. Affalée sur la table, un stylo rouge à la bouche et le téléphone entre les cuisses, j'attends une réponse de Niall, suite au message que je viens de lui envoyer.
Un petit sourire malicieux se dessine sur mon visage. Les yeux rivés sur l'écran de mon téléphone, je dévore avec beaucoup d'attention, son texto en retour.
"T'as cours cette après-midi ?"
Avec regret, j'approuve, en précisant par la même occasion, que je termine à 17h.
Je lève alors les yeux en l'air, histoire de faire mine que je m'intéresse, un minimum, à l'élaboration et l'évolution des décisions budgétaires.
Beurk ! Qu'est-ce que ça semble énigmatique et abstrus quand je prononce ça. Mais je dois avouer aussi, que je n'ai pas fait le moindre effort, afin de comprendre ce cours. Depuis le début de la matinée, mes doigts se baladent à travers l'écran de mon iPhone. Et mon cerveau, on en parle ? Depuis tout à l'heure, il s'amuse à défiler des photos de Niall. 
Comment faire pour garder une concentration maximale, en sachant ce qui se passe à travers mon esprit ?

L'heure du déjeuner à sonner, et je n'ai qu'une heure de pause. C'est pourquoi je ramasse rapidement mes affaires, et m'empresse d'aller acheter un sandwich à la boulangerie du coin.
Aussitôt dit, aussitôt fait, mon repas à la main, je m'assois sur les marches de l'entrée de l'université, là où les étudiants et les pigeons se rencontrent, pour manger sur le pouce.
À peine le temps de digérer, que le cours de droit des biens m'appelle. Cette fois-ci, mon léger retard m'entraîne à prendre place dans les derniers rangs. Et on dirait que je ne suis pas la seule ! Emilie, et son nouveau pote, sont également logés à la même enseigne. À quelques mètres de moi, elle me lance un regard noir, tandis que son ami marche sur ses pas, tel un petit chien qui suit son maître.
Je lui adresse à mon tour, un sourire narquois. Un sourire, qui veut tout simplement exprimer, mon manque total d'intérêt à son égard.
En étant tout au fond de la pièce, je suis persuadée de perdre mon temps. En effet, il m'est impossible d'entendre la moindre explication apportée par la professeur.
C'est dommage ! Contrairement à ce matin, j'étais prête à me rattraper, et ainsi, écouter sérieusement le cours.

"Toujours aussi chiant les cours ?
#aupiretuseches
#enviedetevoir "

On dirait que Niall a délaissé les texto, pour se tourner vers Twitter. Je réplique en écrivant :

"Encore et toujours... Et la journée est loin d'être terminée"
#enviedetevoiraussi
#pasenviedesecher

À la fac, je ne vous apprends rien si je vous dit que, si vous séchez les cours, personne ne vous fera la morale. Mais depuis l'année dernière, je tiens à être présente, quelque soit mon état de santé. Je me souviens être allée une fois en ayant une gastro-entérite. Je vous laisse imaginer l'état des toilettes publiques...
Je tourne discrètement les yeux vers Emilie, et l'aperçois en train de discuter avec son collègue, camarade, coéquipier ou petit copain... J'en sais trop rien !
Les bavardages au fond de l'amphithéâtre sont incessants, à tel point que je décide de mettre mes écouteurs et de m'évader le temps d'un court instant.
En effet, les étudiants du premier rang, ainsi que la professeur, ont les yeux braqués sur la porte d'entrée. Des retardataires, il y en a toujours. Cependant, ça fait plus d'heure que le cours à commencé, et cet élève est en train de faire son entrée, en plein milieu, comme ça. Je serai tellement morte de honte si ça m'arrivait. Mes yeux se plissent lorsque je distingue un jeune homme blond, cheveux décoiffés et jean légèrement troué, s'avancer sur le devant de l'estrade. Certains sont intrigués, d'autres s'amusent et se mettent à rire à haute voix.
-"Et mais il est sexy sérieux ! Si seulement on pouvait avoir des mecs avec cette dégaine là, plutôt que des vieux binoclards, on viendrait plus souvent en cours !"
S'écrit une jeune fille devant moi, en se levant pour le mater de loin.
Mais qu'est-ce que Niall vient faire ici ? C'est une blague ou quoi ?
Emilie tourne les yeux immédiatement en ma direction, tandis que je tente de reprendre mes esprits.
Il s'approche du professeur, et semble lui demander quelque chose. Étonnée, et amusée, elle lui tend le micro et s'écarte vers la droite. Il a de la chance, il est tombé sur cette enseignante, qui a beaucoup d'humour. Je n'ose pas imaginer s'il avait fait la même chose ce matin, avec monsieur Dubois.
Tout en balayant les yeux à travers les élèves qui lui font face, il dit en se marrant.
-"Excusez-moi madame, j'empreinte votre micro juste deux secondes, c'est urgent. Alors je cherche Chloé... Euh Chloé, une belle brune, bien habillée, intelligente ! Chloé, si t'es dans cette salle, lève la main et rejoins-moi. Tu dois absolument rentrer avec moi. C'est... Une affaire de famille !"
Certaines de mes connaissances se retournent en éclatant de rire. Mal à l'aise à cause des nombreux regards qui se posent sur moi, je rougis, et sans réfléchir, m'empresse de ranger mon classeur dans mon sac.

Timidement, je me lève et c'est à cet instant que tous mes camarades ont les yeux fixés sur moi. Le temps de jeter un furtif regard en direction d'Emilie, qui ne se cache pas pour avouer à haute voix.
-"Non mais ils sont vraiment débiles tous les deux ! Votre jeu est pathétique !"
La tête baissée, je descends les marches à toute vitesse, en prenant soin de ne pas trébucher. À ce moment, je suis partagée entre l'envie d'exploser de rire, et celle de claquer la bouille de Niall contre un mur.
Il remercie la prof en lui rendant le micro, se précipite vers moi et m'attrape par l'épaule.
-"Et il est sexy ton gars Chloé !"
Crient quelques filles au premier rang. Avant de sortir de la salle, il lève fièrement la main, tel un artiste qui salue son public, et nous sortons enfin de cet endroit devenu complètement anxiogène.

-"Niall t'es un grand malade ! Urgence familiale ! T'es sérieux ?"
Crié-je en riant.
Le rire aux lèvres, il réplique.
-"Bah quoi ? Tu t'ennuyais non ? Et puis, je pouvais pas te laisser te morfondre, dans une salle remplie de bigleux, et de boutonneux !"
-"Ah t'es méchant !"
M'exclamé-je en pouffant de rire.
Alors que nous passons dans un sombre couloir, Il me plaque subitement contre le mur en briques, et attrape ma nuque entre sa main.
-"Je suis pas venue que pour t'éloigner des binoclards"
Un sourire vient illuminer son visage.
-"Niall, pas ici"
Dis-je en riant et en tentant de me débattre. Il essaye alors de reprendre possession de mon corps, en plaçant une main sur ma taille, et une autre sur mon visage. Alors que ses yeux bleus dévorent les miens, il pose ses lèvres sur le creux de mon cou et soupire.
-"J'ai pas arrêté de penser à toi Chloé !"
-"Oui mais on pourrait...
Dans un geste tendre, un doux baiser brise les quelques mots qui s'apprêtaient à sortir de ma bouche. L'odorat attiré par son parfum, à l'odeur captivante, m'enivre petit à petit. Sa main qui est placée à présent derrière ma nuque, exerce une forte pression au rythme des baisers, qui deviennent progressivement plus intenses. Les yeux fermés, je savoure cet instant magique, et inoubliable.
Un peu plus tard, mon regard s'ouvre avec délicatesse, et c'est à ce moment que je le vois, avec un large sourire qui se dessine sur sa bouille d'ange.
Tandis qu'il se mord la lèvre, je passe une main à travers ses cheveux et lui envoie à mon tour un sourire plein de bonheur.
Parce que oui ! Quand je suis avec lui, j'ai l'impression de respirer la joie et la gaieté. Et ce, malgré l'épée de Damoclès qui pèse au dessus de ma tête.
-"Ça valait le coup de sécher les cours, n'est-ce pas ?"
Dit-il comme pour se venter de m'avoir bien embrasser.
-"Ça va sinon tes chevilles ?"
Répliqué-je en riant.


LE PREMIER QUI TOMBE AMOUREUX A PERDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant