Partie 23

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Je prends une profonde inspiration, et finis par sortir de la petite ruelle. Posée au coin du quartier, j'appelle un taxi, qui me dépose une vingtaine de minutes plus tard, en face de la maison. J'entre avec délicatesse et discrétion, afin de ne pas réveiller et inquiéter mes parents, qui me croient encore chez Emilie.
C'est avec une tête pleine d'incertitude, que je regagne mon lit, après m'être changée. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe entre eux. Et puis, voilà qu'une autre énigme vient s'ajouter. Comme si je n'avais pas assez de problèmes en tête. Je n'arrête pas de penser à cette Sara. Depuis deux heures maintenant, elle hante mes pensées...
Je ne sais plus qui croire. Entre Harry, qui m'a prévenu de me méfier de Niall. Et Niall, qui a été jusqu'à me supplier, pour ne pas que me jette dans les bras de son ancien ami.
En vérité, il y a une partie de moi qui aimerait découvrir cette histoire, assez glauque et mystérieuse, concernant le trio Sara, Harry et Niall. Et puis, l'autre partie refuse d'apprendre quoique ce soit à ce sujet. Vous savez pourquoi ? Parce que je commence réellement à apprécier les instants, que Niall et moi passons ensemble. Mais, j'ai une putain de boule au ventre, rien qu'à l'idée de penser, que ça pourrait surement compromettre la confiance que j'ai envers lui.

C'est sur le rythme du chant des oiseaux, que le réveil matinal se prépare. Levée très tôt, j'ai pris l'initiative de relire mes cours, avant d'attaquer une matinée à l'amphithéâtre. J'attends que mes parents quittent le domicile, avant de filer rapidement sous la douche.
Le départ est proche. C'est pourquoi, je prends mon sac, agrippe mes fiches de révisions, et parcours les 1000 mètres qui me séparent de l'arrêt de bus.
En arrivant à la faculté avec trente minutes d'avance, je saisis la chance de m'installer au tout premier rang.
La salle ne tarde à se remplir. Ainsi, le début des cours peut alors démarrer.

Une ennuyante et longue matinée vient de s'achever, sous mon regard complément impassible. Ça valait le coup de se mettre au premier rang, tiens !
Je suis sure qu'un autre étudiant, beaucoup plus investit, et un peu plus réveillé que moi, aurait adoré prendre ma place.
C'est en sortant de la salle, que je vois Emilie au loin, apparement prête à profiter du long week-end accordé. En effet, nous sommes jeudi, et nous reprenons seulement les cours, lundi. Si j'étais aussi sérieuse que l'année dernière, je serai déjà à la bibliothèque, comme la plupart des gens de mon groupe de TD.
Mais aujourd'hui, j'ai une chose importante à régler. C'est sous mon regard, qu'une foule d'élèves, rejoindre les couloirs, en direction de la bibliothèque.
Je me fraye un chemin pour regagner la cours principale, en faisant des pas de géant. En réalisant que le bus est sur le point de passer, je me mets à courir, et finit par y arriver, toute essoufflée et surtout entièrement décoiffée. Si j'avais su que je ferai de tels efforts, je n'aurai pas pris l'initiative de mettre une jupe et des bottines. Tandis que je récupère calmement ma respiration, je fouille l'intégralité de mon sac, à la recherche d'un élastique. Les cheveux attachés, et, après un trajet de vingt minutes, je pose enfin les pieds sur le trottoir, non loin de ma maison.

Malgré la courte distance qui sépare le boulevard des Lilas, et la rue d'Harry, je n'ai plus la force de finir à pied. C'est pourquoi, je m'installe dans ma petite Twingo et file vers la rue de Serano.
Mon esprit a essayé, durant toute la matinée, de me dissuader d'y aller. Mais puisque ma puissante curiosité me pousse à découvrir ce secret, j'y vais, sans même réfléchir une seule seconde. La seule chose que j'espère à l'instant, c'est de trouver Harry chez lui.
Un gentil vieil homme, habitant l'immeuble, retient la porte. Par conséquent, je presse le pas, et le remercie, en affichant un large sourire.
Face au gigantesque miroir qui entoure l'ascenseur, je ne peux m'empêcher de sortir mon mascara et d'en appliquer légèrement sur les cils. Dix secondes plus tard, me voilà face à la porte d'entrée.
Je frappe une fois. Puis une deuxième. Je tente alors de sonner. Toujours rien. Avant de coller mon oreille à la porte en bois, je lance un petit coup d'œil à travers le couloir, et m'exécute par la suite. Aucun bruit ne provient de l'appartement d'Harry. J'en conclus qu'il n'est pas là. En regardant ma montre, je murmure assez silencieusement.
-"C'est pas grave, j'ai tout mon temps !"
Je m'assois par terre, en appuyant le dos contre la porte. Les minutes passent, puis les heures... Je commence sérieusement à m'impatienter. N'ayant pas manger ce midi, je sors de mon sac, une barre de céréales.
Alors que je déguste savoureusement la seule provision, trouvée une minute plus tôt, mon ouïe se concentre sur les pas, qui s'approchent progressivement de moi. À peine le temps de me relever, pour jeter un rapide coup d'œil, qu'Harry est déjà en face de moi.
-"Chloé ? Qu'est-ce que tu fais là ?" Des lunettes de soleil sur le nez, un bandana dans les cheveux, et, habillé en noir de la tête au pied...
Mon Dieu, qu'est-ce qu'il est classe et sexy !
Je m'écarte de la porte afin qu'il puisse l'ouvrir, et attrape mon sac, par la même occasion.
-"J'ai besoin de te parler"
Je m'attendais à ce qu'il fasse une remarque désobligeante, ou qu'il se mette à pouffer de rire et se moquer, mais c'est tout le contraire.
-"Entre, je t'en prie"
J'atterris dans le salon, dorénavant, très bien aménagé. Il m'invite à prendre place sur le canapé, et s'installe également à côté de moi. Alors qu'il ôte les lunettes de ses yeux, je tente de faire redescendre légèrement ma jupe courte.

-"Je t'écoute"
-"Qui est Sara ?"
Un rire moqueur se fait entendre. Et voilà, j'ai parlé trop vite. Mais bon, Il fallait s'y attendre.
-"Je vois que Niall n'a pas eu le cran de t'en parler"
-"Exact. Si c'était le cas, je ne serai sûrement pas assise ici"
Ses yeux se plissent, et s'immobilisent sur mon visage, pendant un long moment. Désorientée à cause de ce regard perçant et ténébreux, je fixe subitement le sol. Ce mutisme inébranlable et quelque peu méprisant, commence à me taper sur le système. J'ai la sensation qu'une journée entière s'est écoulée, depuis ma première question. Il passe les mains sur son visage, et prend un air hyper sérieux.
-"C'était ma futur femme"
À cet instant, je suis prise d'un rire incontrôlable. Je ne saurai justifié cet acte, pour le moins profondément irrespectueux. Cependant, je m'excuse auprès de lui, en décrivant ce rire comme nerveux.
Après m'avoir dévisagé du regard, de manière assez brusque, il poursuit son récit.
"La veille de mon mariage, j'ai appris que Sara me trompait avec Niall depuis des jours. Ils ont passé de nombreuses nuits ensemble"
Le regard abasourdie, j'ai du mal à croire ce qu'il en train de m'annoncer.
"C'est pour ça que je lui adresse difficilement la parole aujourd'hui"
S'empresse-t-il d'ajouter.
-"Quand est-ce que ça s'est passé ?"
C'est la seule question qui me vient à l'esprit actuellement.
-"Il y a deux ans"
Les mains toutes tremblantes, c'est avec beaucoup de compassion que je l'écoute déballer, l'intégralité de cette triste affaire.
Jamais je n'aurai imaginé, Niall, capable de briser un couple, et d'anéantir une union aussi mémorable. Qui plus est, celle de son ami d'enfance.
Ce qui me tue à petit feu, n'est pas l'acte en lui même, puisque c'est un problème du passé, qui les concerne tous les deux uniquement. Mais c'est lorsque je pense que, depuis le début, Niall se fait passer, sans arrêt, pour la victime. Il s'est chargé de dresser un portrait, totalement péjoratif, décrivant ainsi Harry, comme étant une personne peu fréquentable.
Comment a-t-il pu me mentir aussi longtemps ?
D'une voix toute monocorde, il m'explique que je suis loin de le connaitre, qu'il me cache beaucoup de choses, et qu'il faut que je sois méfiante. Ensuite, il finit par conclure, en précisant à quel point, il a été affecté par cette épreuve...

La mélancolie et la tristesse ont pris possession de ses yeux.
La douleur semble le tirailler. Il baisse la tête, un peu comme pour se morfondre, après avoir évoquer ce mauvais souvenir.
Démunie, et encore abasourdie, je ne trouve pas les mots justes pour le réconforter. Et quand bien même, j'aurai le discours rassurant et apaisant, je ne sais pas si c'est une bonne idée, de le câliner de paroles, ou de gestes.
Il se lève, en prenant soin de garder le regard braqué sur le sol, pour éviter tout contact visuel avec moi. Il se sert un verre de Whisky, et me tournant le dos, se retrouve face à l'immense fenêtre du salon. Alors qu'il se ressert un deuxième verre, mes pas se suivent, d'une manière hésitante, avant de réaliser que je suis juste derrière lui. Sans réfléchir plus longuement, je dépose, subtilement, mes mains sur son dos. En peu de temps, j'arrive à me positionner face à lui. Envoûtée par le vert de ses yeux, je ne le quitte plus du regard. Dés l'instant où il pense boire la dernière gorgée de son alcool, je m'empare du verre, pour le déposer sur le côté.
Face à lui, mes doigts caressent ses cheveux, jusqu'à lui ôter délicatement le bandana, qui entoure sa chevelure. Mes mains se baladent à présent sur son doux visage.

Le silence hante encore la pièce. Toujours debout devant Harry, mes mains restent scotchées à ses joues...
L'esprit perdu dans mes pensées, je fais un pas pour me rapprocher un peu de lui, sans même m'en rendre compte réellement. Son sourire enjôleur, a le pouvoir de faire baisser ma garde...

LE PREMIER QUI TOMBE AMOUREUX A PERDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant