LE PREMIER QUI TOMBE AMOUREUX A PERDU

Partie 52

Sans même lui jeter un dernier regard, je chancelle en parcourant les quelques pas, qui me séparent de la porte d'entrée. Mon cœur et mon esprit se sont noyés dans mes larmes. Le visage inondé de perles salées, qui ne cessent de couler, je me dirige vers la sortie. Je ne réalise toujours pas la situation... Une fois que le parquet du couloir craquera sous mes pieds, alors je saurais que, l'espoir de voir Niall me retenir, sera désormais envolé. Avec le peu de force qui me reste, je subis ce chemin qui me mène au cauchemars. Le regard perdu dans le vide, j'avance lentement en ayant conscience que je suis vouée à l'échec. Une nouvelle fois, je suis confrontée à la dure réalité de la vie. 

Mon cœur manque un battement, lorsque je me retrouve dans le noir. D'une main tremblante, je referme la porte et réalise un instant plus tard, que je venais de quitter l'appartement. Le regard larmoyant, c'est à peine si je distingue les  escaliers. Touchée droit dans le cœur, par une flèche pleine de mépris, je m'effondre au bout de la quatrième marche. Si vous saviez comme j'ai mal... Si vous pouviez voir ma peine, l'effleurer, la toucher, l'effacer. Mais je ne souhaite à personne de la ressentir, ni même de la vivre. A bout de souffle, je reste assise et figée. La tête contre la rampe, je ne peux faire un pas de plus. En fait, pour être tout à fait honnête, je suis capable de prendre sur moi et d'avancer. Mais je n'ai pas le courage de le faire. Pourquoi ? Certainement parce que je me dirige vers une porte de sortie. Et la dure réalité de la chose, c'est de se dire qu'à présent, je quitte le jardin d'Eden pour tomber dans le trou de l'enfer. J'ai conscience, qu'à cause de mon acte, j'ai commencé à creuser ma propre tombe. En revanche, j'ai du mal à croire que c'est Niall qui la recouvre de terre. Comment peut-il m'enterrer vivante ? Il n'a donc aucun coeur, c'est ça ?

Les paupières closent, mon âme est bercée par des photos qui dansent face à moi. C'est difficile de s'avouer que tout cela appartient désormais au passé. Lui et moi. Nos baisers. Nos caresses. Ses yeux. Son rire qui arrivait à me libérer les tripes. La dernière phrase est tellement bizarre. Elle me donne des frissons étranges, inconfortables. Beaucoup de frisons même. Si vous m'avez bien lue, vous aurez remarqué que j'ai employé le passé. En effet, ce soir, son rire n'était pas habituelle. Car il était sous l'influence de la haine, colère et surement aussi, de la déception.
Brisée, je suis entourée par le noir et le silence. La tristesse me ronge. Seule la solitude m'accompagne.

Alors qu'une lumière éclaire ma silhouette, recroquevillée sur elle-même, mes yeux commencent à s'ouvrir. À force de pleurer, je peine à respirer normalement. Tête baissée, j'aperçois la démarche rapide d'Emilie. Grimpant les marches à vive allure, elle s'empresse de me rejoindre.

-"Chloé ? Attends Chloé pourquoi tu pleures là ? Et qu'est-ce que tu fais assise ici ? Tu lui as pas dit pour Harrry c'est ça ?"
Interroge-t-elle paniquée.

Je n'ai plus les mots. Face à elle se dresse une jeune femme meurtrie et gravement affectée.

"C'est ça ? Vous vous êtes disputés ? Chloé s'il te plaît, parle-moi !"

Aucune phrase ne semble vouloir sortir de ma bouche. Aucune.
Ma voyant ainsi, elle ne peut s'empêcher d'effleurer quelques larmes, en passant la main sur mon visage.

"Attends je reviens"
Dit-elle.

En même temps, je ne pense pas avoir la force nécessaire pour m'enfuir. Elle peut revenir demain, je suis sure que je serais encore assise, au même endroit.

Deux minutes plus tard, c'est avec Max qu'elle remonte. Cette fois, c'est lui qui prend place à côté de moi.

-"Tiens"

Il agite un mouchoir devant mes yeux. Sans détourner le regard vers lui, je l'attrape et tente d'étouffer mes pleurs. Alors je m'apprêtais à replonger la tête dans ce silence qui m'apaise, Max le brise d'une voix modulée.