Partie 11

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Le visage pressé contre son torse, et les bras encerclés autour de son corps, je contemple encore et encore les multiples tatouages d'Harry. Je lève délicatement les yeux, et mon regard se pose à présent sur son visage angélique. Il détourne subitement le sien, jusqu'à ce que nos yeux se croisent. Avec sa main droite autour de mon cou, son pouce caresse avec subtilité ma joue.
-"Alors c'est à ça que tu joues avec Niall ?"
Dit-il en riant.
Cette question vient de plomber l'ambiance. Dois-je lui avouer que lui et moi n'avons jamais vécu cet instant intime ?
Embarrassée, je baisse les yeux et réponds.
-"Oui, c'est un peu ça"
-"Un peu ça ? Tu veux dire que lui et toi, vous n'avez pas encore... ?"
-"Harry, je sais pas si c'est une bonne idée de discuter de ça avec toi"
Je tente alors de me sortir de cette situation assez dérangeante.
"Il faudrait peut-être que je pense à rentrer chez moi"
Dis-je en cherchant des yeux mes vêtements éparpillés sur la moquette.
-"T'as le temps de prendre un petit déjeuner quand même ?"
Il se relève délicatement, tandis que je replace le drap sur ma poitrine.
Il se lève et se dirige nu dans la cuisine. Gênée, je m'empresse de m'habiller, ramasse aussitôt le caleçon et le pantalon d'Harry, avant de balancer le tout à travers le salon.
-"Tiens, habille-toi !"
Crié-je en souriant timidement.
-"Tu peux aller te laver si tu veux. En attendant, je vais préparer le petit déjeuner"
Après une bonne douche, je le rejoins dans le salon. La table est pleine. Croissants, pains, chocolat chaud, jus d'orange, céréales...
Il me fait signe de prendre place en face de lui. Je m'exécute, et commence à manger.

Il est 8h du matin, et malgré la courte nuit que j'ai vécu , je suis d'excellente humeur. Harry semble, quant à lui, impatient de partir.
-"Tu as quelque chose de prévu ? Enfin tu travailles ?"
Il avale le reste de son croissant, et rétorque.
-"Oui oui je travaille"
Je me souviens que Niall m'a brièvement annoncé qu'il gère une entreprise.
-"Tu diriges une entreprise c'est ça ?"
Un sourire malicieux se dessine subitement sur son visage.
-"C'est Niall qui t'as dit ça ?"
Je hoche la tête pour affirmer.
Il boit le reste de son café, et se lève en direction de la cuisine.
-"Diriger, c'est un grand mot. Je suis directeur commerciale et marketing de la société Styles'Boutique. Et c'est mon père qui supervise. Enfin, jusqu'à maintenant"
-"Ah d'accord !"
Je sais que nous ne sommes pas en couple, mais il pourrait quand même faire semblant de s'intéresser à ma vie, non ? Il ne prend pas la peine de me demander ce que je fais, si j'étudie ou pas.
Il revient dans la pièce principale, en marchant d'un pas pressé. Il a l'air de vouloir me mettre à la porte le plus rapidement possible. C'est pourquoi, je préfère regagner par moi-même l'entrée de l'appartement.
-"Bon et bien, bon courage pour le travail alors !"
Dis-je.
J'attrape mon sac à main tout en lui envoyant un sourire.
-"Oui c'est ça, merci. À plus tard"
Les pieds à peine posés sur le sol du couloir de l'immeuble, qu'il a déjà fermé la porte derrière moi"
-"Ok..."
Murmuré-je en appuyant sur le bouton de l'ascenseur. Je ne pense pas avoir dit ou fait quelque chose de déplacé pourtant. La tête levée en direction de la fenêtre d'Harry, je longe la rue de Serano, avant d'emprunter le petit raccourci, qui me mènera à l'angle du boulevard des Lilas.

Alors que j'essaye de regagner calmement et discrètement ma chambre, je suis interrompue subitement par ma mère, qui s'apprête à partir travailler.
-"Bonjour Chloé !"
S'exclame-t-elle.
Surprise, je me retourne et lui adresse un sourire jaune.
-"Ah ! Salut maman. Bonne journée et bon courage"
Je m'empresse de gravir les marches, tandis qu'elle me rappelle à l'ordre.
-"Chloé, dois-je te rappeler que tu es censée prévenir quand tu découches ?"
-"Oui je suis désolée. Mon portable s'est éteint au cours de la soirée"
-"Et il n'y avait pas une âme charitable qui s'est proposée de te prêter son portable ?"
-"J'y ai pas pensé... Désolée maman"
-"Ton père et moi, nous nous sommes fait du soucis toute la nuit. J'ai même essayé de joindre Emilie, mais elle ne m'a pas répondu non plus ! Tu imagines un peu la peur dans laquelle nous étions ?"
Certes, j'étais de très bonne humeur en me levant dans les bras d'Harry. Mais ça a commencé à dérailler quand il m'a mis à la porte. Et à partir de ce moment là, je n'avais qu'une seule et unique envie, c'est qu'on me laisse tranquille. À présent, c'est à ma mère de me sermonner, parce que j'ai découché sans prévenir. Que voulez-vous que je lui réponde ? La vérité, c'est que durant toute la soirée, je n'ai jamais pensé à mes parents. J'avais l'esprit bien trop occupé !
-"Oui maman, je sais. Mais pour la troisième fois, je suis désolée ! Ça ne se reproduira plus"
Dis-je d'un air agacé en disparaissant à l'étage.

Il est 14h, et après m'être écroulée sur le lit durant six heures, je décide d'aller manger. Un petit coup d'œil par la véranda, et je distingue un grand soleil. Moi qui m'étais promise, de profiter du dernier week-end avant la rentrée, tout en restant cloîtrer à la maison... Je prends l'initiale de changer mes plans à la dernière minute. J'enfile de nouveau vêtement et rejoins ma voiture, dans le but de me rendre au Cosy'Bar. Après de longues heures à cogiter ce matin sous la couette, je décide de prendre mon courage à deux mains et d'aller m'expliquer avec Niall.

Le nez collé sur la porte vitrée du bar, et les yeux qui balayent de fond en comble la pièce, je tente de le repérer. En voyant le regard de Max se posait sur la vitre, je redresse rapidement la tête et fait mine de vouloir entrer à l'intérieur. Mais il faut croire qu'il a été plus rapide que moi. Il s'empare de la poignet et ouvre la porte, tout en affichant un sourire narquois sur les lèvres.
-"Salut Chloé ! Je suppose que tu cherches Niall ?"
Gênée, je réponds timidement en hochant la tête pour approuver.
"Il ne travaille pas cette après-midi. D'ailleurs, il ne bosse jamais le samedi après-midi"
-"Et tu crois qu'il est chez lui ?"
-"Non il n'est pas chez lui. Il est à l'hôpital de Neuilly. Comme tous les samedis"
Je fronce les sourcils. Le regard bourré d'incompréhension, je m'empresse de lui répondre.
-"Mais qu'est-ce qu'il fait à l'hôpital ? Enfin, je veux dire... Il ne m'a jamais parlé de ça !"
À son tour, un froncement de sourcils se dessine sur le haut de son visage.
Les bras croisés, il réplique.
-"Tu veux que je sois honnête avec toi ?"
-"Oui vas-y"
À cet instant, j'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine.
-"Je pense qu'en réalité, tu ne t'ai jamais intéressé à lui, ou à sa vie. Tout comme lui d'ailleurs. Je suis sûre qu'il ne connaît même pas le quart de la tienne. Et tu veux savoir pourquoi ?"
Il s'approche de moi, et en baissant légèrement le ton de sa voix, il avoue.
"Parce que vous êtes trop occupé à jouer. Tous les deux, vous êtes en train de passer à côté de quelque chose, sans même vous en rendre compte. Tu penses pouvoir tenir combien de temps comme ça ?"
Ses paroles ont le don de s'imprimer dans mon esprit. De part la sincérité et la maturité qui se dégagent de Max, je sais pertinemment qu'il pense ce qu'il vient de dire. Bouche bée face à lui, je viens de prendre une énorme claque. Le genre de claque qui te réveille, et qui te fait subitement prendre conscience des erreurs que tu entreprends. Mal à l'aise et surtout, incapable de donner une réponse qui puisse être la hauteur de ces propos, je baisse la tête et inspire profondément. Son message résonne jusqu'au fond de mes entrailles...

Alors qu'il constate mon incapacité de parler, Max intervient de nouveau.
"Il finit vers les environs de 16h, alors t'as peut-être une chance de le voir"
Je relève les yeux, et avec toute la tendresse du monde, je lui lance un large sourire, comme pour le remercier, pour toutes les choses qu'il venait d'avouer. Je tourne les talons et m'apprête à entrer dans la voiture.
"Chloé ?"
Sans me retourner vers lui, je m'arrête et attends de recevoir sa dernière réflexion.
"Depuis que je connais Niall, je ne l'ai jamais vu sourire autant, en parlant d'une fille.
Ah ! Et autre chose. Si t'étais pas folle de lui, tu ne serais sûrement pas venue ici en pantoufles"
Dit-il en ricanant légèrement.
Je baisse spontanément les yeux vers les pieds. Effectivement, avant de quitter la maison, mon esprit semblait être complètement habité par Niall.
Le sourire aux lèvres et les yeux remplis d'émotions, c'est ainsi que je reprends la route en me réjouissant de le retrouver.

Quelques minutes plus tard, assise sur le banc à l'extérieur de l'hôpital, je sors mon iPhone et commence à lui écrire un tweet. Je me dis que ça aurait été beaucoup plus simple, si j'avais son numéro de téléphone. Encore une preuve qui certifie la véracité du message de Max. Même si ça fait peu de temps que Niall et moi traînons ensemble, je n'ai jamais pensé à le lui réclamer. Avant de l'envoyer, je relis et lève les yeux en l'air comme pour réfléchir.
Mon pouce presse avec justesse la case "Tweeter" tandis que je scrute l'entrée de l'hôpital. Soudainement, mon regard s'arrête sur Niall, et son fameux gilet à capuche rouge. Il attrape son téléphone et jette un coup d'œil furtif à l'écran, avant de le ranger dans sa poche. Je me lève et m'apprête à le rejoindre, lorsque je distingue une silhouette féminine courir derrière lui. Une jeune femme, brune, âgée environ d'une vingtaine d'année. Le visage éblouie par le soleil, elle plisse les yeux et grimpe dans la voiture de Niall, que je viens, d'ailleurs, peine de distinguer. Seule, plantée à une centaine de mètres de l'entrée, je vois le véhicule noire défilé sous mon regard, rempli à la fois de déception, et d'interrogation.


LE PREMIER QUI TOMBE AMOUREUX A PERDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant