LE PREMIER QUI TOMBE AMOUREUX A PERDU

Partie 12

De retour à la maison, je me précipite dans la cuisine, ouvre les placards et attrape toute la nourriture qui passe sous mes yeux. J'ai une fâcheuse tendance à me jeter sur la bouffe, dés que quelque chose me tracasse.
Je m'installe sur le lit et commence à m'empiffrer. Les yeux fermés, je ne compte plus le nombre de morceaux de chocolats avalés. Après m'être goinfrée durant trente minutes, je m'allonge un instant.
Bientôt, on sonne à la porte. Exténuée moralement par l'après-midi que je venais de vivre, je traîne les pieds avant d'accrocher la main sur la poignet de la porte.
-"Chloé ? Ça va ?"
Interroge Emilie.
Sans adresser la moindre parole, je lui fais signe d'entrer et referme la porte rapidement. D'un air abattu, je gravis ensuite, les marches deux par deux. Suivi par ma meilleure amie, nous entrons dans ma chambre. Ses yeux se posent spontanément sur les emballages de friandises, que j'avais pris soin d'empiler sur la table de chevet.
Elle comprend très vite, que la tristesse et la déception, commence à me ronger petit à petit. Ce n'est pas la première fois qu'elle assiste à ce genre de scène. À l'époque où j'étais en couple avec David, elle passait son temps à me faire la morale, me reprochant ainsi d'avoir un problème avec la nourriture. Jusqu'au jour où elle a fini par sombré avec moi. Depuis, c'est devenu un petit rituel entre nous. 

Tandis que je m'affale sur le lit, Emilie s'avance près de moi et observe dorénavant ma mine patibulaire.
-"Je connais cette tête, et en voyant tous ce que t'as ingurgité, je m'inquiète Chloé. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est à cause de moi ?"
Allongée sur le dos, les yeux rivés sur le plafond et les mains superposés sur le ventre, je fais un léger signe de la tête, pour indiquer mon désaccord.
"C'est Niall ?"
Bercées dans un long silence religieux, je me redresse et m'assois en tailleur face à elle. Une respiration ample, et lente, traverse la totalité de mon corps.
-"J'ai couché avec Harry"
Oh mon dieu ! Qu'est-ce que ça paraît glauque dit de ma bouche.
Étonnée, elle fronce les sourcils.
-"T'es pas sérieuse ? Et Niall dans toute cette histoire ?"
-"Je ne sors pas avec lui donc c'est pas un problème !"
J'étais persuadée qu'elle allait se ranger de son côté.
-"Ok, alors où est le problème ?"
-"Le problème c'est que... Laisse tomber"
Dis-je en soupirant.
Brusquement, elle se lève, et m'envoie un regard noir.
-"Chloé, il faut vraiment que t'arrête de faire la gamine ! Je ne sais pas à quel jeu tu joues. Une fois tu me dis qu'entre Niall et toi, il ne se passera rien, et là tu sembles culpabiliser parce que t'as couché avec Harry. À force de jouer avec le feu, tu vas finir par te brûler ! Et devine qui est-ce qui devra passer derrière pour ramasser les dégâts ? Tes parents ! Comme toujours..."

Et voilà, il fallait qu'elle aille s'immerger encore une fois dans mon passé. Elle est en train de ressasser l'histoire d'amour tumultueuse que mon ex copain et moi avons vécu. Et si elle évoque mes parents, c'est tout simplement pour rappeler qu'ils s'étaient opposés à cette relation, en me mettant en garde contre David. Mais j'étais tellement aveuglée par l'amour, à tel point que j'ai entraîné ma mère et mon père dans ma descente aux enfers. Ils assistaient, de manière impuissante, à la triste relation amoureuse que je menais. Tandis que David me consumait progressivement, je tombais amoureuse encore et plus fort. Jusqu'au jour où je n'étais plus capable de résister. Les cicatrices sur mon poignet témoignent d'ailleurs, de la tristesse profonde, dans laquelle j'étais.
-"Je ne suis pas en train de culpabilisée Emilie !"
Crié-je.
Je me lève également et en passant les mains sur mon visage, je lui tourne le dos.
-"Pas à moi Chloé ! Je sais ce qui se passe dans ta tête, alors c'est pas la peine de me mentir. Prends le temps de réfléchir à toute cette histoire, et par pitié, arrête de jouer avec le cœur des gens. David a fait cette erreur avec toi, mais c'est pas pour autant que les autres doivent payer pour lui"
La porte s'ouvre, et j'entends les pas de ma meilleure amie, s'éloigner peu à peu de la pièce.

Deux heures plus tard, tandis que mes parents sont rentrés tous les deux du travail, je décide de les retrouver, afin de m'excuser. En effet, après réflexion, je me dis qu'ils méritent d'avoir quelques explications.
-"Papa, maman est-ce que je peux vous parler ?"
Je m'avance dans la cuisine, et m'installe face à eux.
Mon Dieu ! Si seulement vous pouviez voir leurs bouilles ! Ils affichent une tête d'enterrement et je peux vous assurez que je connais la raison.
"Je suis désolée. Bon je me suis déjà excusée ce matin auprès de toi, maman. Mais, toi papa, t'était pas là. Et en plus, j'estime, après avoir réfléchi, que c'était pas des excuses sincères"
Ma mère dépose délicatement le gant de cuisine qu'elle tenait entre les mains, alors que mon père prend place sur le tabouret, installé autour du plan de travail de la cuisine.
-"Assis-toi, s'il te plaît"
Ordonne-t-il en plaçant les mains jointes sur le visage, refermées sur le nez.
Sans broncher, je m'exécute et tente de déjouer, le regard de courroux, qu'il est en train de me lancer. Et malheureusement pour moi, je sais que ça ne présage rien de bon.
-"Est-ce que tu t'es mise une seconde à notre place ?"
Les yeux fixés sur la table, et le cœur qui bat à mille à l'heure, j'essaye de respirer correctement avant de répondre.
-"Oui... Enfin en toute honnêteté, j'avais vraiment l'esprit ailleurs, alors non"
-"On a essayé de te joindre une vingtaine de fois sur son ton portable, rien ! Puis ensuite, on a essayé d'appeler Emilie, mais toujours rien !"
-"Mon téléphone s'est complètement déchargé"
Il se relève maladroitement de sa chaise et tout en continuant à me fixer, il réplique.
-"De toute façon, c'est bientôt ta rentrée, alors j'en déduis que les sorties en semaines seront terminées. N'est-ce pas ?"
J'ai soudainement une envie irrésistible de lui rappeler que j'ai 19 ans et que je suis capable de sortir et de suivre les cours à la fac. Mais comme je ne ressens pas le besoin d'éterniser la conversation plus longtemps, je hoche la tête pour confirmer ses dires et commence à mettre la table.

Il est à présent 21h30, lorsque je retourne dans ma chambre. J'allume  l'ordinateur portable et décide de mater un film. Le corps enfouie bien au chaud sous la couverture, j'éteins la lumière, et plonge les yeux dans l'écran. Mais au bout de cinq minutes, mes yeux sont attirés par une petite lumière rouge, qui clignote à travers la vitre, menant sur le balcon. Intriguée, je relève la tête, et lance un coup d'œil furtif.
-"C'est quoi ce truc ?"
Murmuré-je entre les dents.
Constatant que ça ne cesse toujours pas, je me précipite vers la vitre, en penchant la tête.
Alors que je m'approche, je pousse délicatement la porte vitrée et place un pied sur le balcon.
-"Je t'ai fait peur ?"
La voix de Niall s'élève, tandis que je détourne les yeux vers lui.
-"Non non, mais je suis pas particulièrement fan de la méthode"
Ça va paraître bizarre ce que je vais dire, mais c'est la première fois que je suis heureuse de le voir sur mon balcon.
-"Max m'a appris que t'es passée au Cosy'Bar cette après-midi"
-"Oui"
Affirmé-je. Rapidement, je m'accoude au balcon et fixe mon regard droit devant.
-"J'étais occupé. Je travaille jamais le samedi. Je fais autre chose"
Il fait quelques pas afin de se rapprocher de moi.
Je tourne alors la tête, et mes yeux croisent les siens.
-"Et tu fais quoi à l'hôpital exactement ?"
-"C'est une longue histoire"
-"J'ai tout mon temps. Vas-y !"
-"Chloé, si je suis venue te voir, c'est uniquement pour m'excuser par rapport à hier. J'ai pas envie qu'on parle de moi"
-"Ok je t'écoute"
-"Hier soir, en rentrant chez moi, je me suis rendue compte que j'ai exagéré un peu les choses. Comme tu dis, toi et moi, on n'est pas ensemble. Alors t'as le droit de faire ce que tu veux et avec qui tu veux... Sauf avec Harry. Je ne suis pas jaloux ou autre, c'est juste une simple mise en garde"
-"Et tu me mets en garde contre toi au juste ?"
Répliqué-je en haussant la voix.
"Pourquoi est-ce que j'ai pas le droit de savoir ce qui s'est passé ?"
-"Parce que j'ai pas envie de te perdre Chloé"
-"Niall...
Mes sourcils se froncent tandis que mes yeux se noient progressivement dans le bleu des siens.
-"Peu importe la relation qui nous lie, je peux pas prendre le risque de perdre encore une fois quelqu'un..."
-"Niall, pourquoi tu dis ça ? Je comprends rien... Tu peux pas me balancer des trucs comme ça, sans même m'expliquer ce qui va pas... Et puis..."
Je n'ai pas pu mettre un terme à ma phrase, que ses lèvres se sont emparées des miennes. Ses mains saisissent ma nuque pour aller se glisser dans mes cheveux, naturellement ondulés et humidifiés par la douche. Je me retire finement, le temps de croiser son regard, mais l'envie de me réemparer de sa bouche m'attire fortement. C'est pourquoi, j'encercle son visage avec les paumes de ma main, et dépose mes lèvres sur sa bouche enflammée. C'est ainsi que nos langues se lient et se délient...
L'odeur de son haleine m'enivre. J'aime ressentir ses doigts qui accrochent quelques mèches de ma chevelure. J'aime profondément, l'intensité de ses baisers, longs et langoureux.
Nous ne sommes peut-être pas amoureux, mais si un curieux avait la chance de passer par là, il verrait probablement deux jeunes personnes, qui s'aiment, et qui partagent, un seul et unique sentiment : L'amour.