Partie 54

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L'automne frappe à ma porte. Les feuilles des arbres dansent au rythme des martèlements de mon cœur.
Le bruit du vent s'impose et bouscule le silence, qui me brise de l'intérieur.
Le ciel est aussi sombre que mon esprit...
Les nombreuses cicatrices sur mon poignet me rappellent à quel point ces derniers jours ont été difficile. Des bandages recouvrent ces souffrances tandis qu'un pull à longue manche cache mes blessures.

Allongée sur mon lit, le regard livide, les journées se succèdent. Dix, douze quinze ? Je ne sais plus combien de jours se sont écoulés depuis la terrible nuit. Tout ce que je sais, c'est que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai chialé jusqu'à brouiller ma vue.
Aujourd'hui, c'est avec les yeux brûlés que je contemple, une nouvelle fois, le plafond de ma chambre. Emportée par les souvenirs restant de Niall et moi, je m'aventure à travers notre histoire. Ils me hantent quotidiennement. Parfois, je m'imagine dans les bras de Niall. C'est fou, mais c'est réellement à ce moment là, que je réalise la chance que j'avais. Cette putain de chance de goûter à ses baisers, de l'admirer et d'effleurer son sourire du bout de mes lèvres.
Son rire me rendait vivante. Ses yeux avaient le pouvoir de transpercer les miens.
Toutes les nuits, j'ai l'impression te percevoir sa voix. Dès l'instant où je l'entends, se présence se fait sentir à travers toute la pièce.
Chaque minute qui passe, j'essaye d'imaginer ce qu'il fait, où il est, ce qu'il dit ou ce à quoi il pense.

La tête enfouie dans mes pensées, je ne peux croire que tout est terminé. Au départ, un petit espoir se cachait en moi. J'osais croire qu'il reviendrait s'excuser. Depuis, son retour me paraît presque improbable.
Je suis complément anesthésiée. Je ne vis plus mais je survis. Sans lui, je me sens vide. Complément vide.
Son absence me pèse. Son éloignement m'attriste et je mène, dans le silence, ce dur combat. Celui de poursuivre ma vie sans lui.

Subitement, ma main essuie une goutte qui s'apprêtait à rouler sur ma joue. Puis une deuxième, et enfin une troisième. Mais ça sera la toute toute dernière. En effet, ma mère semble vouloir pénétrer dans ma chambre. C'est pourquoi, lorsque trois coups sont portés sur la porte, je m'empresse de glisser la tête sous la couette et tente de retenir mes larmes. Elle est déjà beaucoup trop inquiète pour moi. Je ne veux pas la faire culpabilisé autant. En fait, je suis actrice. Parce que depuis ma rupture avec Niall, je fais semblant de déjeuner, de dîner et d'aller à la fac. Je couvre mon visage de maquillage pour cacher mon désespoir et ma peine. Cependant, les yeux de ma mère sont les seuls qui arrivent à me démaquiller.
Le parquet commence à craquer quand elle intègre la pièce. Doucement mais sûrement, elle s'avance près de mon lit et s'y installe.

-"Ma chérie. Parle-moi je t'en supplie"
Dit-elle d'une voix douce.
Malgré son attitude rassurante, je reste muette. La tête plongée sous la couverture, je garde les paupières fermées. Peut être parce que les larmes risquent de couler. Et si je m'autorise à pleurer, je ne pense ne plus pouvoir m'arrêter.

-"Est-ce que tu continues à aller à la fac au moins ?"

Si tu savais maman. Si seulement tu pouvais savoir. Comment lui dire que mon cerveau n'est plus connecté au système scolaire depuis plus d'une semaine. Comment lui expliquer que mon cœur est en mille morceaux et que le droit des affaires ne m'aidera pas à les recoller ?
Comment lui avouer que je suis brisée de l'intérieur ?
Maman, je suis brisée de l'intérieur. Je ne respire plus. Je suis morte. Je ne vis plus. N'existe plus. On m'a détruite, brûlée, enterrée...
C'est terminé. Maman, c'est fini. La force de me battre s'est envolé. Mon âme est en enfer et je suis paralysée par la douleur.
À cet instant, j'ai la sensation que l'instinct maternelle s'est éveillée. Ma mère a lu dans mes pensées. Elle m'a entendu. Elle m'écoute. Mais j'ai mal à l'idée de la voir partager ma peine. Une main se pose délicatement sur ma tête toujours recouverte d'une couverture.

-"Chloé. J'ai besoin de te voir ma chérie. J'ai besoin de te toucher, de voir tes yeux. J'ai besoin de te parler"

D'une voix fragilisée, elle ne peut contenir ses émotions.

"Ton père est en déplacement et je suis toute seule face à tout ça. S'il te plait Chloe, rassure-moi et dis-moi que tu n'es pas en train de rechuter. Je veux que tu parles. Que tu me dises ce qui ne vas pas"

Ce que je redoutais arriva. Ses pleurs brisent le silence religieux, présent dans ma chambre depuis des jours. Je déteste la voir dans cet état là. Plus ses larmes semblent inondées son visage, plus la culpabilité me ronge. Bien que je sois à bout de force, je me dois de la rassurer. Enfin, il est surement un peu trop tard...

-"Ça va aller maman. Je t'assure que je vais bien. C'est juste une mauvaise passe. Ça arrive à tout le monde"

Ma voix tremblante résonne sous la couette. Je tiens à garder les yeux fermés car depuis l'arrivée de ma mère, les larmes chatouillent le coin des mes yeux.

Tandis qu'elle caresse le haut de ma tête, elle s'empresse de me questionner.

-"Tu t'es disputée avec Louis c'est ça ?"

-"Non maman"

-"Alors c'est quoi ? Qu'est-ce qui ne vas pas ? C'est la fac ? Ça se passe pas bien ? Tu t'es disputée avec Emilie ?"

-"J'ai besoin d'être seule"

-"Chloé ?"

Réplique-t-elle comme pour m'arracher une réponse de la bouche.

-"S'il te plait, j'ai envie d'être seule"

-"Et moi j'ai envie de savoir ce qui se passe ? J'ai envie de savoir pourquoi ma fille est dans cet état là ? Pourquoi ma petite fille se cache sous sa couette ? Pourquoi ma fille ne parle plus ? Ne souris plus ? Qu'est-ce qui se passe Chloé ? Tu sais que tu peux tout me dire !"

-Maman laisse-moi s'il te plait. Ça va aller. Je te promets que ça va passer. J'ai juste besoin d'être seule, c'est tout"

Tandis que je croyais qu'elle serait rassurée, après lui avoir adressé la parole, ses pleurs se font entendre une fois de plus. Elle se lève, et exécute les quelques pas qui la séparent de la sortie. Avec finesse, elle referme la porte et laisse derrière elle, le cœur d'une jeune femme, complément anéanti.

J'ôte la couverture de mon visage, avant de me redresser légèrement. Les yeux fixés face au balcon, j'agrippe et amènent mes jambes contre ma poitrine. Le noir m'entoure. La solitude me berce. Le temps passe. Il défile sous mes yeux. Les journées se ressemblent. Les nuits durent une éternité. Je transpire de douleur. J'ai mal. Extrêmement mal. Je suis à limite de l'agonie. Et je vous assure que c'est ma vérité. Je vous jure que ce n'est pas du cinéma. Malheureusement pour moi.

Je sais que j'ai besoin d'aide. La chose la plus folle est celle de ressentir le désir d'être aidée, consolée et soutenue... Car j'attends toujours que quelqu'un vienne me tendre la main, mais une fois qu'elle est là, je refuse catégoriquement. Je me braque ou alors, je prends la fuite. C'est une étrange comme sensation non ?
Emilie n'a pas arrêté de m'appeler. Mais en vains. Je n'arrive pas à lui parler. Je n'arrive plus à communiquer. J'ai surement peur de croiser son regard bourré de pitié. Oui c'est ça. Je ne veux pas qu'on ressente de la peine pour moi.
La pauvre. Je sais qu'elle est aussi inquiète que ma mère. Après les cours, elle vient sonner à la porte avec l'espoir que je lui ouvre enfin. Elle fait ça pratiquement tous les jours... Même max a essayé de me joindre une cinquantaine de fois. D'abord par le biais de mon portable, puis en passant à la maison une après-midi. Tout comme ma meilleure amie, il a toqué à la porte. Puis il a sonné. Néanmoins, mon courage n'a su se montrer. Soit il s'est caché, soit il s'est envolé en même temps que mon âme.

LE PREMIER QUI TOMBE AMOUREUX A PERDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant