La prophétie des chasseurs - Les secrets [Tome 1]

Chapitre 6

Chapitre 6 :

De la part la plus lâche de son être, Adam voulait partir. Partir loin et faire comme s'il n'était jamais venu, faire comme s'il n'avait rien vu. Il n'était même pas sûr de ce qu'il avait vu de toute façon, mais tout cela le rendait nerveux à tel point qu'il n'arrivait pas vraiment à calmer ses nerfs.

A peine Thomas s'approcha d'une table que deux de ses occupants se levèrent tandis qu'il était évident que les deux jeunes femmes encore assissent à leur place n'avaient aucune envie de la laisser à qui que ce soit. De façon brusque, l'un des hommes débout ordonna à ses compagnes de se lever et elles obéirent sans trop en comprendre la raison.

Lili pensa simplement qu'ils avaient fini leur soirée ici, mais Adam trouvait tout cela de plus en plus louche. Il ne voulait cependant pas savoir pourquoi. Il ne voulait pas croire que c'était en rapport avec son ami parce que juste le fait d'y penser le faisait rire. Qu'est-ce que Thomas aurait bien pu avoir à faire avec les vampires ? Lui qui si farouchement tentait d'en rester éloigné.

Il se sentit soulagé -un peu- lorsqu'ils furent enfin tous assis derrière cette grande table. Elle était légèrement en retrait par rapport à tout le reste et même le bruit semblait atténué. Adam souffla un coup, voulant sentir son corps se détendre et il y arriva presque. Malgré toute cette ambiance qu'il trouvait pesante Lili riait et souriait comme une enfant. Elle semblait tellement heureuse et bien sûr qu'elle devait l'être depuis le temps qu'elle avait voulu voir ça. Le lieu. Rencontrer les vampires et peut-être même leur parler avait été son fantasme depuis tellement longtemps. Elle était sur son petit nuage et ne voyait rien, car elle ne voulait pas voir tout ce qui venait de se passer.

Adam se mit à sourire bêtement, mais il était -et ce hormis la peur qu'il ressentait tout au fond de lui- heureux pour Lili. Son cœur tambourinait plus vite dans sa poitrine car la voir sourire, voir le sourire de celle qu'il aimait depuis tant d'années, remplissait tout son être d'un sentiment étrange de bien-être. Bon ok, le fait qu'il ait faillit se pisser dessus tellement il avait paniqué avait sûrement plus fait battre son cœur que la vue de son amie.

Lili commença à parler, trop vite à cause de l'excitation, et les deux garçons rirent, se moquant gentiment. Elle était comme un rayon de soleil. Elle réchauffait en hiver et brûlait en été. Oui, elle était comme ça, vivante, débordante d'énergie. Thomas l'aimait pour ça. Elle aurait pu lui convenir. Elle aurait pu être parfaite pour lui car il aimait les femmes et leur peau douce, leur chair tendre, leurs étreintes rassurantes et affectueuses. Il aimait la douceur de ces ébats, mais il aimait aussi la brutalité et la rudesse des hommes, leur façon sans détour de demander et de prendre, d'imposer parfois. Thomas aimait Lili, mais il aimait encore davantage Adam. En étant honnête avec lui-même il avouait facilement qu'il le voulait, mais il ne faisait et ne ferait jamais rien pour l'avoir. De toute façon il connaissait déjà la réponse : Adam aimait Lili. C'était aussi simple que ça, mais ce n'était pour autant pas toujours facile à vivre.

Malgré son expérience plus que certaine et la maîtrise parfaite de ses dons, il lui arrivait parfois de trouver difficile de se contrôler. Il aurait pu si facilement imposer à Adam des sentiments qui n'étaient pas les siens, pas réels. Et tout le problème était là, rien aurait été réel.

Il avait déjà testé ce pouvoir, ce don d'insuffler à une personne des pensées, des envies, des sentiments et il trouvait cela parfaitement écœurant. A l'époque il ne l'avait pas fait exprès pour la simple raison qu'il n'avait pas su avoir ce don. Il se sentait tellement seul à ce moment là avec les souvenirs de sa défunte épouse, de son ancienne vie. Il avait croisé une femme belle et tellement identique à celle qu'il avait perdu qu'il en avait été troublé. Il avait pensé, voulu si fort qu'elle soit à lui qu'elle l'avait été. Elle lui était tombée dans les bras sans qu'il ait eu besoin de faire le moindre geste. Elle était la fille d'un riche propriétaire et lui n'était qu'un fils de rien et ils avaient vécu des moments insensés.Tellement que Thomas n'avait pas voulu ouvrir les yeux. Il s'était sentit, l'espace d'un court instant, vivant.

Le doute s'était immiscé en lui vicieusement, par des gestes et des attentions de la dame, mais ce fut par ses paroles qu'il comprit réellement. Elle avait des souvenirs impossibles pour elle. Des souvenirs qui dataient de plus d'un siècle. Des souvenirs que Thomas avait partagé avec sa famille, avec sa femme et son enfant. Il avait ouvert les yeux brutalement et à la seconde même la femme avait retrouvé sa propre vie. Elle avait oublié ces faux souvenirs et perdu un amour qui ne l'avait jamais été. Cette femme avait perdu une année entière de sa vie, en mensonges. Elle avait perdu bien plus encore, sa dignité et son honneur, son rang et sa classe à une époque ou l'on ne pardonnait rien.

Avec le temps, Thomas avait appris à reconnaître et maîtriser chacun de ses dons, s'entraînant avec acharnement pour ne pas refaire la même erreur. Certains s'étaient révélés appréciables, d'autres beaucoup moins.

Lili sortit encore une fois Thomas de ses pensées alors qu'elle était accrochée à la manche de sa chemise, tirant dessus. Elle lui indiqua d'un signe de tête le serveur qui s'approchait d'eux.

« Je demande quoi ? Faut que je demande quoi ? On boit quoi ici ? »

Thomas sourit devant le comportement de la jeune fille. Elle avait tellement insisté et maintenant elle paniquait alors qu'il ne s'agissait de rien d'autre qu'une simple commande. L'homme était déjà en face d'eux alors qu'elle n'avait eu aucune réponse de la part de ses amis. Ce fut Adam qui répondit après les formalités et politesses d'usage du serveur. Il demanda une bière et Lili se précipita pour demander un jus de fruits.Toujours dans ses interrogations elle doutait que les vampires et ceux qui les côtoyaient boivent du jus d'orange, mais elle fut soulagée quand Thomas commanda la même chose. Peut-être ne servaient-ils pas de ça ici, mais au moins elle ne serrait pas seule à se ridiculiser.

Adam fut sûrement encore le seul à remarquer que le serveur avait faillit s'en aller sans prendre la commande de son ami et pire que cela, qu'il fut étonné que celui-ci choisisse un jus de fruits vraisemblablement. Peut-être l'homme pensait-il qu'il prendrait de l'alcool -Thomas avait effectivement plus la tête de quelqu'un qui buvait des alcools forts que du jus de fruit- mais cela n'expliquait pas pourquoi il avait bien faillit ne rien avoir. La petite case qui clignotait en rouge dans le cerveau d'Adam et qui disait « parce qu'il devrait boire du sang » était soigneusement ignorée par le jeune homme. C'était impossible. Juste impossible. Et pourtant...

A suivre...

Petit bonus, voici comment je vois Thomas.