La prophétie des chasseurs - Les secrets [Tome 1]

Chapitre 3

Chapitre 3 :

Thomas n'avait pas vraiment choisi de devenir vampire, mais il n'avait pas lutté contre non plus. Il était né à une époque où l'homosexualité ne portait pas encore de nom autre que infamie et il souffrait à une période où la peste emportait les plus valeureux. Il était encore jeune, mais il travaillait déjà dans les champs. Il était marié et avait même une petite fille de quelques mois. Sa vie était dure, mais tous s'en contentaient à l'époque. Il était fort et son corps robuste avait repoussé la maladie même au moment ou il avait voulu mourir de tout son être. Une femme était apparue devant lui, tellement belle qu'elle avait semblé irréelle. Elle lui avait demandé s'il voulait mourir à un moment ou il n'avait plus rien. Il n'avait pas réfléchit, il voulait juste oublier son chagrin d'avoir perdu tous ceux qu'ils avaient aimé. Il avait vu ses parents, sa femme et son bébé mourir devant lui, affaiblit par la peste qui tuait sans compter. Il voulait les suivre. Il voulait tellement les retrouver. Qu'avait-il entre les mains pour le faire rester ? Il n'avait plus rien.

La femme lui avait promit une autre vie, une vie meilleure. Elle lui avait proposé de vivre éternellement heureux. Elle lui avait doucement demandé s'il voulait quitter tout ça, tout ce qui faisait sa vie et son malheur. Il avait naïvement pensé à une mort douce et rapide... Il avait souffert pendant très exactement seize jours. Cela lui avait semblé une éternité. Il se rappelait la morsure du venin dans son corps qui le faisait se tordre dans une douleur incontrôlable. Il pouvait encore, lorsqu'il y pensait, se souvenir comme il avait ressentit chacun de ses os se briser en mille morceaux pour se ressouder encore et encore et encore. Puis il s'était réveillé. Il avait cherché longtemps celle qui l'avait rendu ainsi, parcourant chaque recoin de la planète. Il avait imaginé mille fois comment il la ferait souffrir pour ce qu'elle lui avait fait. Il avait vu trop souvent dans son esprit comment il la ferait regretter la vie qu'elle lui avait imposé, la mort qu'elle lui avait volé. Elle était restée introuvable jusqu'à ce jour.

Il avait voulu mourir, mais il était devenu immortel. Il avait voulu en finir, mais il devait maintenant vivre à jamais avec ses souvenirs. Il ne considérait pas l'immortalité comme un don. Elle avait longtemps été pour lui un cadeau empoisonné. Il avait voulu oublier l'atrocité de sa vie et au lieu de cela il pouvait maintenant se la rappeler à chaque instant et ce depuis un temps qu'il ne comptait plus. Il avait vu plus de mort qu'il ne pouvait se souvenir et il avait dit au revoir à plus d'amour qu'il ne pouvait supporter. Il avait connu les maladies, les guerres et l'abominable cruauté humaine au travers des siècles. Il avait aussi aimé des femmes et des hommes, côtoyé des personnages important, vu des choses improbables et souffert pour des actes punissables parfois, pardonnables pour d'autre. Il n'oubliait pas celui qu'il avait été, ni ceux qu'il avait aimé, mais il avait appris à vivre avec les vivants. Il avait appris à vivre avec tous les côtés de lui-même : le côté vampire et le côté qui resterait à jamais humain, la part de lui qui aimait les femmes et celle qui aimait les hommes. Il acceptait maintenant chacune de ses facettes.

Thomas ne pouvait pas regarder Lili tranquillement alors qu'elle lui demandait l'impossible. Il ne voulait pas. Il n'avait aucune envie que les humains sachent pour lui. Même si ces humains étaient ses amis. Il était là lorsque les premiers vampires avaient été démasqués. Il avait été là aussi lorsque certains avaient été torturés, écartelés, presque démembrés sous ses yeux. Il avait vu ce que les hommes avaient fait aux vampires féminines qu'ils avaient trouvé. Il avait lui-même connu nombre de supplices atroces. Il avait vu également comment les humains s'étaient rendu compte de leur bêtise. Ils avaient voulu exterminer les monstres et s'étaient rendu plus sauvage que des bêtes, plus brutales que les monstres qu'ils pourchassaient. L'homme avait eu peur du vampire, parce que celui-ci était immortel ou tout du moins l'imaginaient-ils, parce qu'il était puissant, une force qu'aucun humain ne pouvait espérer égaler. Ils avaient fini par comprendre, outre la douleur cuisante de chaque coup reçu, de chaque entaille qui se referme et de chaque brûlure qui cicatrice, l'homme avait compris que les vampires n'étaient pas immortels et surtout, qu'ils n'étaient pas leurs ennemis.

De ces années de souffrance, Thomas avait gardé le goût de la discrétion. Les humains avaient tenté de se faire pardonner, ouvrant ouvertement des droits aux vampires, les acceptants dans chaque lieu, dans chaque emploi, dans chaque instants de leur vie. Cependant, Thomas ne pouvait s'empêcher de vouloir rester caché. Il savait que dans une majorité de personnes tolérantes il y avait toujours quelques poignées d'enragées prêt à leur sauter aux visages. Longtemps il n'avait pas aimé la vie, mais il aimait les gens avec qui il la partageait. Longtemps il n'avait pas voulu survivre à tous les morts qu'il laissait derrière lui, mais il était heureux d'être encore là et de pouvoir maintenant rire avec Lili et Adam et il ne voulait pas gâcher ça.

« Qu'est-ce que tu en penses Thomas ? » Lui demanda Adam et franchement il aurait pu éclater de rire sur le moment. Comment Adam pouvait lui demander ce qu'il en pensait ? Il le savait parfaitement. Lili aussi bien qu'Adam savaient que Thomas ne voulait pas aller dans ce genre d'endroit, ne voulait même pas parler des vampires en fait.

« Pardon ? Tu m'as parlé ? »

Bien sûr il préférait tourner ça à la rigolade, répondre par l'ironie. Qu'est-ce qu'il aurait pu répondre de toute façon aux questions que Lili s'apprêtait sans aucun doute à lui poser ? « Mais oui bien sûr allons-y et j'en profiterais pour vous présenter mes potes. Ils seront contents de vous rencontrer j'en suis sûr, et de vous goûter aussi tient si vous êtes d'accords. » Thomas avait juste envie de partir loin pour le moment.

« Aller Thomas c'est pour mon anniversaire » Lili tenta les yeux doux, avec éventuellement la petite larme à l'œil. Elle avait prit sa plus petit voix, son air le plus angélique. « Je veux vraiment que tu viennes, tu es mon ami, je tiens à ce qu'on fête ça ensemble. S'il te plaît !"

Oh oui, elle était très douée, mais il en fallait beaucoup plus à Thomas pour céder, surtout pour faire ce genre de chose.

« Acceptes sinon je serais obligée d'employer les grands moyens. Je préférerais que tu me dises oui maintenant puisque tu sais que tu vas céder à la finale »

« Je vais céder ? T'en essûr ? »

Pour le coup, Thomas riait vraiment. Il ne savait pas de quoi Lili parlait en disant « grands moyens » mais rien ne le ferait changer d'avis et ça il en était plus que sûr.

A suivre....

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