Assise dans la grande salle à manger, l'humeur du prince est vite devenue désagréable. Il faut croire qu'il change vite d'humeur. Je porte ma coupe de vin à mes lèvres tout en jetant un petit regard discret à l'homme assis à l'autre bout de la table. Celui-ci est assis bien droit et mange avec lenteur sa nourriture. Une ambiance gênante a pris place. Il lève soudainement les yeux vers moi tandis que je baisse les miens. Je me remets à manger normalement espérant ne pas avoir été remarquée. Je me suis trompée.
— Pourquoi me regardiez-vous?
Je me fige un bref instant avant de reposer ma fourchette à côté de mon couvert. Il est maintenant temps de poser la question.
— Je veux savoir.
Le regard baissé, j'ai peur de l'affronter. Il me regarde longuement avant de prendre sa coupe de vin rouge et la faire tourner.
— Que voulez-vous savoir? demande-t-il sans m'accorder un moindre regard.
— Pour quoi es-tu devenu ainsi? Pourquoi les habitants de ce château sont-ils emprisonnés ici?
Il cesse son mouvement avec le contenu de verre et il ose un regard dans ma direction. Ses yeux sont devenus rouge noir. Il prend une gorgée avant de reposer son verre sur la longue table.
— Je ne veux pas que vous vous en mêliez.
Je me mords l'intérieur des joues. Je ne laisserai pas ça passer. Si je dois rester pour toujours dans ce château, alors je dois savoir.
— Pourquoi protèges-tu la montre à gousset qui dans cette fameuse sale? Pour...
— Assez!
Il abat violemment sa main sur la table me faisant légèrement sursauter. Son regard brûle de fureur. Je ne m'avoue pas vaincue.
— Pourquoi?
Il se lève brusquement de sa chaise et me pointe du doigt.
— Je vous avertis une dernière fois, ne vous mêlez pas de cette histoire.
Je me lève à mon tour brusquement de ma chaise, énervée. J'abats avec colère ma serviette sur la table et je jette, au passage, un regard assassin à mon hôte.
— Tu ne peux pas me cacher la vérité plus longtemps. Je vis dorénavant dans ce palais et un jour, je le saurai! crié-je, en colère.
— Fermez-la! M'ordonne-t-il en frappant dans sa chaise qui revola au mur.
— Je ne suis pas comme l'une de tes servantes! Donc, non!
Il sort de table pour la contourner et venir vers moi. Légèrement effrayée, je quitte ma place pour aller vers les portes, mais avec ma grosse robe c'était un peu difficile. Lorsque j'arrive devant celle-ci, je saisis rapidement les poignées, mais sa main se pose violemment sur mon épaule et il me retourne brutalement pour me faire face. Ces yeux lancèrent des éclairs qui vous figent sur place, dès que vous les croisez. Je pose mes mains sur son torse pour le repousser, mais il est beaucoup plus fort que moi.
— Ne vous avisez plus jamais de me tenir tête. C'était votre dernière chance et vous l'avez laissé passer.
— J'essaye de t'aider, mais tu me repousses sans cesse. J'essaye de te comprendre, mais tu te refermes à chaque fois, dis-je en encrant mon regard vert dans le sien.
Je baisse doucement la tête et prends une grande respiration. Je le regarde de nouveau et lui fais un faible sourire.
— C'est bon... je vais te laisser tranquille, maintenant.
Je me dégage doucement de son emprise et l'éloigne légèrement pour pouvoir sortir. Avant de refermer la porte, je le regarde un bref instant avant de m'incliner avec grâce.
— Merci pour votre invitation. Le repas était délicieux.
Lorsque je me redresse, son regard rouge était rempli d'étonnement. Sûrement à cause du vouvoiement que je lui ai fait. Je souris faiblement puis je referme la porte. Je m'engage dans le couloir pour retourner dans ma chambre. En chemin, je croise Nathaniel et Jackson. Ils me sourient et je leur retourne ce geste. Puis, je continue mon chemin. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et les larmes menacent de sortir. Je m'arrête et pose ma main sur ma poitrine, haletante. Je me mets à sangloter tout en m'appuyant contre un mur. Je me laisse glisser contre celui-ci en repliant mes jambes contre mon thorax. Je suis épuisée. Épuisée de toujours me battre contre mon hôte pour savoir la vérité, parce que je sais qu'il n'est pas devenu ainsi par la naissance. Je suis sûre que les habitants de ce château n'ont pas eu l'ordre de quitter cette demeure. Une force puissante circule dans cet endroit. Je le sens et je veux le savoir. Par contre, personne ne veut me le dire. Puis, je m'ennuie de mon frère qui doit s'en vouloir de m'avoir embarquée là-dedans et je m'en veux d'avoir laissé Thyme, seule. Un bruit à ma droite me sort de mes pensées. Je tourne nonchalamment la tête vers l'origine du bruit et aperçut le prince de ce château. Je le regarde un bref instant avant d'essuyer mes larmes et me relever. Je ne lui accorde pas un regard, sachant qu'il méprisera. Je continue ma route lorsque j'entends le bruit de ses pas derrière moi se faire plus mat. Une poigne me saisit le bras pour m'arrêter. Je tente de cacher mon visage avec cheveux, mais ça ne sert à rien puis, qu'il me retourne et dégage mes mèches. Il passe son bras autour de ma taille pour me coller brusquement contre lui, me faisant rougir. De ces longs doigts, il caresse ma joue mouillée par les larmes et me regarde profondément dans les yeux.
— Pourquoi pleurez-vous?
— Je suis juste épuisée. Épuisée par les événements, dis-je sans le regarder.
Ma voix était faible et tremblante. Son contact m'intimide tout comme elle me rassure. Depuis que je suis dans ce palais, nous ne faisons que nous disputer, mais j'ai tout de même développé une certaine attirance envers lui. Je veux tellement savoir le pourquoi de son histoire que je me suis attachée à lui.
— Quels événements?
J'ose cette fois lever mon regard vers lui. Ces prunelles rouges me percent de toutes parts. Elle m'attire à lui.
— Tout depuis que je suis ici.
Je pose mes mains sur son torse et le pousse légèrement. Je me défais de son emprise et commence à m'éloigner.
— Je crois que je vais aller dormir. Je n'ai pas beaucoup dormi depuis quelque temps et j'ai besoin de récupérer. Sur ce, bonne nuit.
Je m'incline avec grâce devant lui et je me tourne pour lui faire dos. Je commence à m'avancer en direction de ma chambre. Une fois dans celle-ci, je me dépêche de me déshabiller et de me démaquiller. J'enfile une nuisette pour la nuit et vont me caler sous les draps pour ensuite, rejoindre le royaume des rêves.
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La Lune Rouge: Beauty And The Beast [Tome 2] (Corrigé et réécrite)
ParanormalRappelez-vous de la belle qui est amoureuse des livres, de la terrible bête qui effrayait les gens, de la belle rose sous un cloche de verre, du grand château ensorcelé et des objets parlants... ... et à présent, plongez dans la véritable histoire d...