Chapitre 18

69 5 5
                                    

Marchant dans une ruelle, je ne vais pas tarder à arriver à la librairie. Après quelques pas, je l'aperçois enfin. Je regarde de chaque côté pour être sûr de ne pas voir Aspen dans les environs puis j'accours jusqu'à la petite boutique. J'ouvre la porte faisant sonner la petite clochette et me dépêche de la refermer.

— Bonjour, dit une voix derrière moi.

Cette voix familière me serra le cœur encore plus qu'il ne l'était déjà. Je me tourne vers Thyme dont celle-ci ne pouvait voir mon visage.

— Est-ce que je peux vous aidez ? demande-t-elle légèrement inquiète.

Je retire ma capuche dévoilant mon visage un peu rougît par les larmes. Un cri d'exclamation sortie de la bouche de mon amie. Lorsque mon regard croise le sien, j'aperçus des larmes tomber tranquillement sur ses joues et des tremblements l'envahir.

— Ead... Eadlyn ?

J'accours vers elle pour la prendre dans mes bras. Elle me rend vite mon étreinte tout en sanglotant. On s'écroule au sol dû à l'émotion.

— Je suis tellement désolée, me dit-elle en pleur. Je n'aurais pas dû te dire ces choses horribles.

— Je ne t'en veux plus. Tu m'as tellement manqué.

— Tu m'as manqué aussi, mais que t'est-il arrivé? me demande-t-elle en se détachant de moi.

— C'est une longue histoire...

Elle m'aide à me relever et m'amène vers les fauteuils dans le petit salon de lecture. Elle part par la suite vers la porte qu'elle verrouille tout en mettant la pancarte fermée. Elle abaisse les stores puis elle accourt dans notre salle à manger. Quelques minutes plus tard, elle vient me rejoindre avant un service à thé chaud. Elle me donne une tasse brûlante puis elle s'assoit dans son fauteuil.

— Tu peux y aller, j'ai tout mon temps.

Je souris à son comportement avant de m'élancer dans mon long récit, lui racontant tout jusqu'au moindre détail. La surprise se montre de plus en plus sur son visage et quand je lui dis pourquoi je suis ici, elle est sans voix.

— Wow! C'est toute une histoire, ça! s'exclame-t-elle, fascinée.

— Tu peux le dire. C'est tellement énorme comme histoire que j'en suis épuisée.

— Il est où, maintenant ?

— Sûrement en train de me chercher, soupiré-je, en me calant dans le fauteuil.

Pour être honnête, je suis sûre qu'il est furieux que je sois partie. Il doit être en train de me chercher dans tout le village. À moins qu'il soit retourné au château? Un cognement se fait à la porte nous faisant sursauter. On se jette un bref regard avant que Thyme décide de se lever. Je fais de même sauf que mon instinct me crie de fuir.

— Thyme, chuchoté-je le cœur battant.

Celle-ci se retourne vers moi et me questionne du regard.

— Regarde avant qui ça pourrait être.

Elle hoche faiblement la tête avant de partir vers la fenêtre. Elle lève légèrement un morceau du store puis son visage se fige.

— C'est un garde masqué.

— Porte-t-il un insigne ? demandé-je sur mes gardes.

— Oui.

Je me recule davantage, paniquée. Mon amie remarque mon état et tente de me calmer.

— Ce sont ces hommes. Il ne faut pas qu'ils me trouvent, dis-je dans tout mes états.

Mon amie regarde autour d'elle tandis que les cognements se font plus fort. Elle me pointe finalement une porte.

— Va te cacher dans l'entrepôt. Je viendrai te chercher quand il sera parti.

Le cognement se fait encore plus fort. Mon cœur martèle mes côtes tellement il bat à la chamade. Je suis envahie de tremblement lorsque l'homme tente d'ouvrir la porte. Mes jambes ne veulent plus me répondre. Thyme essaye de me pousser, mais cela ne sert à rien. Mon corps est figé par la peur.

— Pardonne-moi, Eadlyn...

Elle me saisit les bras et d'un geste violent, elle me jette dans la salle d'entreposage. Elle referme la porte, tandis que j'essaye de me remettre de ce coup violent. J'entends la voix de mon amie répondre un « bonjour » à l'homme en armure. Je colle mon oreille contre la porte pour essayer d'entendre leur discussion.

— Auriez-vous vu cette jeune fille ? demande l'homme.

Il doit sûrement montrer une affiche avec mon portrait dessus à Thyme, puisque j'entends un bruit de froissement tel que du papier. Celle-ci doit l'avoir pris pour faire semblant de l'analyser dû au silence qui règne

— Oui, je connais cette jeune fille. Elle et moi, on a travaillé ensemble, mais il y a plusieurs lunes que je ne l'ai pas revue, dit-elle d'un air faussement attristé. Que se passe-t-il ? A-t-elle commis quelque chose ?

L'homme en question reprend la fiche de mon portrait avant de lui répondre.

— Elle est seulement recherchée. Si vous la voyez, je vous prie de nous en faire part.

— Bien sûr! Je vous souhaite bonne chance dans vos recherches.

— Merci! Bonne soirée, mademoiselle!

J'entends la porte se refermer et des bruits de pas venir en ma direction. La porte s'ouvre soudainement me faisant tomber vers l'avant. Je redresse la tête pour rencontrer l'air amusé de mon amie.

— Toujours en train de faire des bêtises.

Je souris, tandis qu'elle m'aide à me remettre debout. On retourne vers nos fauteuils et me laisse tomber dessus tout en poussant un grand soupir.

— On a eu chaud, dis-je encore prise par l'émotion.

— Oui, mais je me demande comment tu vas faire pour pas te faire prendre.

— Pourquoi dis-tu ça ? dis-je en jouant avec ma cuillère.

— Eadlyn, la ville grouille de gardes prêtent à te trouver. Elle marque une pause. Je pense que tu devras retourner le voir.

Je me redresse en colère de ces propos.

— Cet homme me veut seulement pour que je le sauve de sa foutue malédiction! Puis, toi tu veux que retourne là-bas pour que je sois de nouveau sa proie ?

— Il faudra bien que tu y retournes un jour. Et puis, tu ne me feras pas croire que tu ne ressens rien pour lui ? Cela se voit comme le nez au milieu de la figure.

Je soupire bruyamment. Elle avait raison, mais je ne voulais pas me faire à cette idée. Je me lève d'un coup la surprenant au passage. Ces beaux yeux se plantent dans les miens et lui adresse un petit sourire.

— D'accord. Je lui ai fait la promesse que je ne quitterai jamais le château et j'ai des gens là-bas qui ont besoin de moi, mais avant d'y aller il faudra que tu m'aides pour une chose.

Elle se lève et pose avec douceur sa main sur mon bras avec un air affectueux.

— Tout ce que tu voudras, ma belle.

Il y a une raison pourquoi, on m'a fait venir jusqu'ici, et je tiens absolument à le faire avant de ne plus en avoir la possibilité lorsque je retournerai au château.

— Tu dois m'amener jusqu'à Raphael sans être vue.

La Lune Rouge: Beauty And The Beast [Tome 2] (Corrigé et réécrite)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant