Le reste de la journée fut calme. Thyme et moi on se parlait à peine depuis la petite leçon de morale. Les derniers clients prirent le chemin de la porte et je verrouille la porte lorsque le dernier, un jeune enfant, repartit avec un livre de conte de fées. Je souris en le voyant partir tout heureux et excité de se faire lire l'histoire par ses parents. Il me rappelle mon grand frère qui lui au lieu d'acheter des livres, les empruntaient à la bibliothèque du village. Étant jeunes et encore aujourd'hui, nous n'étions pas vraiment pauvres, mais pas vraiment riches non plus et on ne pouvait qu'emprunter les livres. Raphaël, lui, il rentrait à la maison et il montrait le livre à notre mère. D'un seul coup d'œil, elle le regardait et lui fit signe que oui, elle allait le lire pour nous avant de dormir. Ce fut ainsi tous les soirs. Il en ramenait un, elle le lisait. Jusqu'au jour où la maladie lui en empêche... Alors, mon frère décida d'inverser les rôles. Il lisait pour moi et mes parents du mieux qu'il pouvait, mais heureusement il était aidé par notre père. Deux jours plus tard, elle est partie. Laissant notre pauvre père et ses deux enfants.
Maintenant, il prend soin de moi pendant que notre père est en voyage d'affaires dans d'autres contrées, présentant ses idées de ses inventions. J'éteins les lumières de la librairie pendant que Thyme range les derniers livres qui traînaient sur le comptoir principal. J'en laisse une d'allumée pour nous aider à enfiler nos capes et nos foulards. Lorsque ce fut fait, j'éteigne et on sortit par la porte de derrière. Ma collègue la verrouille et on se dirige vers l'avant du magasin. Je n'aime pas cette tension qu'il y a entre moi et Thyme. Je me risque à lui parler.
— Thyme, pardonne-moi pour mon comportement de toute à l'heure. Je comprends tes intentions, mais tu ne peux pas m'en vouloir de ne pas aimer une personne.
— Ce n'est pas ça. Ce qui m'énerve c'est que toutes pleines de choses de bien arrive à toi sans même que tu lèves le petit doigt.
Je la regarde, surprise par ces propos.
— Ma vie n'a pas toujours été rose, tu sais? Je vis dans la pauvreté avec mon frère, j'ai connu la mort d'une personne chère à mes yeux et je ne vois plus mon père depuis des lunes à cause de son travail! Alors non, ne pense pas que je l'ai eu facile ma vie parce que j'ai dû surmonter plus de choses que tu ne peux le penser, dis-je, en colère.
— Je suis désolée... je ne voulais pas dire ça, me dit-elle, tristement.
— La prochaine fois réfléchie deux fois avant de parler, dis-je, un peu plus calme. Maintenant, excuse-moi, je dois rentrer avant qu'il ne fasse noir pour de bon.
Je la laisse devant le magasin pour prendre le chemin de la maison. Les flocons de neige descendent doucement du ciel pour venir se poser sur mes cheveux blonds. La neige s'accumule sur mes vieilles bottes me gelant les orteils. Le froid est tellement présent qu'un frisson réussit à parcourir ma colonne vertébrale. Les lampadaires dans les rues du village, maintenant allumés, donnèrent à la neige une couleur orangée et cela signifie qu'il commence à faire nuit. Quand on est en hiver, il fait noir plus tôt. Par chance, le printemps sera bientôt là. Je presse le pas pour ne pas avoir à subir les râlements de mon frère. Après quelques instants à me geler dehors, je vis enfin ma petite maison. Nous vivions un peu en retrait du village. Mes parents n'aimaient pas le bruit que les gens font dans le village ils préfèrent le calme, la tranquillité. Ça n'a pas changé! Mon père en a toujours horreur, mais je le comprends un peu. Moi aussi, je n'aime pas le bruit que le village fait! C'est sûrement parce que j'ai grandi ainsi. Quand je fus plus proche de la maison, je m'étonne de ne pas voir les lumières allumées.
« Il n'est pas encore rentré? »
J'accélère l'allure pour finalement me mettre à courir. J'arrive enfin devant les escaliers et sur celles-ci était assis Jordan, le collègue de travail de Raphaël. Celui-ci avait la tête posée sur ses mains, l'air inquiet. Je m'avance vers lui, soucieuse. Le bruit de mes pas dans la neige lui fait aussitôt lever la tête. Il se lève pour accourir les quelques mètres qui nous séparait et me saisir les mains.
— Oh! Eadlyn. Je suis heureux de te voir! s'exclame-t-il, apeuré.
Je commence soudain à m'inquiéter. Il n'est sûrement pas venu me dire que mon frère allait rentrer plus tard, mon instinct me le disait.
— C'est Raphaël, Eadlyn... il...
Le début de sa phrase confirme mes craintes. La nouvelle risque de ne pas être bonne.
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La Lune Rouge: Beauty And The Beast [Tome 2] (Corrigé et réécrite)
ParanormalRappelez-vous de la belle qui est amoureuse des livres, de la terrible bête qui effrayait les gens, de la belle rose sous un cloche de verre, du grand château ensorcelé et des objets parlants... ... et à présent, plongez dans la véritable histoire d...