#Imagine. C’est seulement la deuxième semaine de cours qui va commencer, et t’as déjà ta première inter. Parce que oui, maintenant que tu es une grande, tu es censée avoir travailler pendant l’été et rien oublier. C’est comme ça que tu te retrouves un dimanche après-midi pluvieux à la bibliothèque, ton dossier de biologie ouvert sur la table, des feuilles partout autour de toi. T’as abandonné tes écouteurs depuis un moment, parce que pour bosser sérieusement t’as besoin de silence. T’es perdue quelque part dans la composition des virus, entre les capsides et les spicules, quand ta table tremble légèrement. Tu lèves la tête pour regarder ce qui se passe, et c’est juste un gars qui vient de s’asseoir et qui a laissé tomber son sac un peu trop rapidement. Il a dû remarquer ton mouvement, parce qu’il tourne la tête et t’adresse un petit sourire d’excuse.
Et ça devrait s’arrêter là, sauf que non, bien sûr. Parce qu’au lieu de sourire en retour et de retourner à tes glycoprotéines, tu bug. Tu bug totalement, parce que t’es envahie de boucles, d’yeux verts, de sourire éclatant, de fossettes. Et t’étais pas préparée à ça. Son sourire s’agrandit, ses fossettes se creusent, et il passe une main dans ses cheveux. Tu hausses un sourcil et tu t’obliges à baisser les yeux. Tu reprends ton stabilo et repars à l’attaque des virus.
T’es au milieu de transcriptase et de réplication, en train de nager dans des A, des T, des G, des C et des U, quand tu t’autorises à tourner tout doucement les yeux. Tu croises son regard, il a toujours ce sourire aux lèvres et ça t’énerve. Il se prend pour qui lui, avec ses cheveux bouclés et son visage parfait à t’observer ?! Tu fais claquer ta langue et secoue la tête, puis t’attrapes ton livre pour lire – sérieusement. T’as pas fini ta première ligne qu’un truc te poke le bras. C’est un bouchon de stylo. Tu lèves la tête vers le gars à ta gauche, il te souris toujours.
-Oops.
Tu fais rouler le bouchon dans sa direction et retournes à ton livre. Trois lignes plus loin… Poke. Tu relances le bouchon sans même regarder. Deux lignes après, poke. Cette fois tu prends le bouchon et le balance sur le gars, l’atteignant en plein sur l’arcade sourcilière. Il grogne mais t’as déjà repris ton livre. Un paragraphe plus tard, poke. Tu vas pour lui relancer le bouchon en pleine face mais il te devance.
-Salut !
Tu le regardes deux secondes de plus avant de lui lancer le bouchon et de le toucher au nez.
-Eh mais ça fait mal !
Il crie en chuchotant parce que eh, vous êtes dans une bibliothèque, et que y a bien trente étudiants près à assassiner le premier qui fait du bruit.
-Sans blague. Je peux bosser maintenant où tu vas continuer comme ça ?
-Je sais pas… Tu viens boire un verre avec moi après ?
-Pardon ?!
C’est quoi cette nouvelle technique de drague révolutionnaire totalement pourrie ? Certes plus avancée que « T’as l’heure ? » mais quand même quoi…
-Allez quoi. Un verre après une journée de cours, ça fait toujours du bien non ?
-Euh… Oui. Avec des amis. Des gens qu’on connait. Qu’on apprécie. Pas des inconnues qui nous agresse pendant qu’on travaille.
-Aw… Pour me pardonner alors ?
-… Si je dis oui je peux bosser en paix après ?
-Oui !
Et bon, d’accord, son sourire est vraiment adorable, et il est plutôt mignon – plutôt beaucoup.
-Ok.
Tu repars à tes virions, mais pas sans louper le sourire victorieux de ton voisin et son point qui se serre.
Deux heures plus tard, tu ranges tes affaires dans ton sac et tu l’as même pas fermé encore qu’il est là, devant toi, à t’attendre.
-On y va ?
-C’est bon, c’est bon… Je sais même pas ton nom !
-Harry. Et toi ?
-YN.
Il sourit encore plus, limite ses fossettes vont lui percer les joues. Tu soupires et passes devant lui pour sortir. Il te rattrape et marche à ta hauteur, et tu réalises seulement là à quel point il est grand, et que ses jambes sont interminables, et fuck, il est canon, tu peux pas le nier plus longtemps. Il t’emmène dans un petit café que tu n’avais jamais remarqué avant parce qu’il est planqué dans une ruelle où tu ne vas jamais. Tu t’attendais pas à découvrir ça. Et t’es encore plus surprise quand tu rentres dedans. C’est tout joli, ça a l’air super confortable et accueillant, et ça sent bon. Harry remarque bien que t’es surprise, et il sourit – comme s’il savait faire que ça. Il s’approche du comptoir et commande pour vous deux. En l’attendant tu vas te poser à une table, et observe la décoration.
-Tadam !
Il dépose une tasse de café devant toi, et dans la mousse de lait y a un cœur dessiné. Tu le regarde avec un sourcil levé et il rougit. Il rougit.
-Euhm, fais pas attention, c’est pas moi, c’est… C’est juste Nick, il aime bien faire ça.
Tu rigoles et secoues ta tête. Il s’assied en face de toi et prend une gorgé de son café.
-Je suis désolé si j’ai pu paraitre un peu… Pénible ?
-A peine haha…
-Désolé. Mais je sais pas, je t’ai vu et t’étais là, super concentrée sur je sais pas trop quoi, et j’ai pensé que t’étais une des plus jolies personnes que j’ai jamais vu, et je voulais juste… te parler ?
Tu restes sans voix, la bouche légèrement ouverte. Répondre, répondre, tu dois répondre, vas-y, tu peux le faire.
-Euuuuh… Je… Toi aussi.
Ok, c’était pas forcément ce que t’avais prévu mais faudra faire avec.
-Moi aussi ?
-Ben, euh, oui… T’es… T’es joli.
Et voilà. Deux adolescents assis en tête à tête devant leur café qui osent pas se regarder et ont les joues toutes rouges. Finalement c’est Harry qui brise le silence, en te demandant ce que tu bossais. Et là tu pars sur ton sujet, la biologie, et apparemment ça le passionne parce qu’il arrête pas de te poser des questions intéressantes, et c’est la première fois que ça t’arrive. Tu parles, tu parles, tu parles et tu vois pas le temps passé jusqu’à ce qu’un type débarque et vienne poliment vous dire de vous bouger parce qu’il ferme, non sans adresser un clin d’œil à Harry avant que vous ne sortiez. Sauf c’est un dimanche pluvieux, je l’ai déjà dit les gars, donc quand vous êtes dehors, c’est pas surprenant qu’il pleuve. Eh. En deux secondes, Harry à enlever sa chemise et la met sur ta tête. Si t’es contente d’être un peu protégée, il se retrouve en tshirt blanc sous la pluie, et comment dire, le blanc et l’eau, ça fait du transparent ? Tu essayes de courir sans trop le regarder, mais il prend ta main pour te diriger donc tu te retrouves à moitié derrière lui et puisqu’il ne te laisse pas le choix, tu regardes son dos et ses muscles apparaitre au fur et à mesure que son tshirt se trempe. Il s’arrête brusquement et tu réalises que vous êtes à la gare.
-Euhm… Je vais te laisser y aller, merci de pas m’avoir tué…
Tu souris et balance doucement vos mains, la tienne toujours dans la sienne.
-T’es trop mignon pour que je puisse te tuer. Et puis finalement, t’es pas ennuyant. Du tout.
-Sérieux ?
Il a pas l’air de te croire, alors tu t’approches de lui.
-Sérieux. Et j’espère qu’on se reverra. Tu sais où me trouver de toute façon.
Et tu embrasses le coin de ses lèvres rapidement avant de partir en courant.
THE END