CHAPITRE TROIS.

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(Lisez avec la musique. Voici Dimitri en photo)

Dimitri. 

— Et tu viens d'où ?

    C'était la énième fois que l'on me posait cette question. Je me demandais s'ils pensaient vraiment que la réponse allait changer d'une demi-heure à l'autre. Cela faisait facilement deux heures que j'étais là, présenté comme l'attraction de la décennie, et je n'en pouvais plus.  Je soupirais, coincé entre deux filles dont j'avais oublié le nom sur ce maudit canapé, et marmonnai : 

— J'habitais dans la ville voisine, je vous l'ai déjà dit.

    Elles étaient assises en tailleur à côté de moi, m'offrant une vue plongeante sur leur décolleté que je ne daignais pas regarder. Elles étaient vraiment insupportables, avec leurs ongles irréprochablement manucurés, leurs minauderies, et le pot de peinture qui leur servait de faciès. L'une d'elle, celle aux cheveux faussement bruns, éclata d'un rire agaçant, et s'écria : 

— C'est vrai ! Mais pourquoi tu es parti, alors ?

    Je levai les yeux au ciel, et murmurai qu'il fallait que je prenne l'air. Ma dernière année de lycée s'annonçait être la meilleure de ma vie, avec ces gens. Je me propulsai hors du canapé, et me faufilai entre mes nouveaux camarades. Ils me souriaient tous, mais je sentais que c'était faux. Aucun d'eux ne méritait ma sympathie. Je me précipitai vers la sortie avant d'étouffer dans cet endroit. Anna avait disparu, et à cet instant je la détestai de m'avoir laissé seul avec ces gens. 

    L'air refroidi par la tempête qui s'annonçait m'entoura de ses bras, et un frisson glacé me parcourut tout entier. Je pouvais enfin respirer librement. Je m'assis sur les marches du perron, et allumai une cigarette. La première bouffée détendit chacun de mes muscles, et je contemplai la rue qui s'étendait devant moi. C'était un quartier assez chic, avec de jolies maisons bien entretenues, le genre où les voisins se saluent poliment puis s'espionnent derrière les rideaux, pour avoir quelque chose d'intéressant à raconter à leurs amis. J'aurais eu horreur d'habiter ici. Ce déménagement ne m'avait déjà pas ravi, alors si c'était pour côtoyer ces gens superficiels et minaudiers, non merci. 

    La nuit était tombée, et les étoiles éclairaient de leur douce lueur les toits des bâtisses. La rue était silencieuse, seuls les bruits étouffés qui provenaient de la maison derrière moi me parvenaient aux oreilles. Je sortis mes écouteurs de ma poche, et les branchai à mon portable. Après que j'ai actionné le bouton, la chanson « Colorblind » de Couting Crows résonna à mes oreilles. Je fermai les yeux, et exhalai la fumée. Je me laissais porter par la mélodie, et me concentrai sur les douces caresses du vent sur ma peau frissonnante. La voix du chanteur me transporta dans un autre monde, alors que mon cœur s'emplissait de bonheur. Mes doigts se mirent à jouer le morceau comme si mes cuisses étaient des touches, malgré moi. J'adorais cette sensation de ne plus rien contrôler lorsque j'écoutais de la musique. Comme si elle et moi, nous ne faisions qu'un. Elle était le prolongement de mon corps. C'était tellement apaisant. 

« Elle s'appelait Anna »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant