CHAPITRE VINGT-CINQ.

112 12 8
                                    


Dimitri.

Un léger sourire s'épanouit sur ma figure, alors que la playlist commençait. Je reconnus immédiatement les premières notes de la chanson : Colorblind, de Couting Crows. Il l'avait mise dedans, parce que c'était en écoutant cette musique que nous avions parlé pour la première fois. Allongé sur mon lit, muscles détendus et yeux clos, les images de cette soirée me revinrent pour la première fois. Je me rappelais du désespoir qui m'avait assailli lorsque j'avais imaginé l'année qui allait arriver. Je la pensais ennuyeuse, banale, horrible. Je n'aurais jamais pu imaginer que j'aurais rencontré des gens aussi formidables, ni que j'aurais ressenti autant de bonheur. Désormais que trois mois avaient passé, je pouvais affirmer haut et fort que j'avais vraiment l'impression de faire partie de quelque chose, d'être important pour quelqu'un. C'était une sensation si délicieuse et délectable ! Je voulais ne plus jamais la quitter, ni jamais quitter Nolan et Lisa. Ils étaient les seules personnes qui m'importaient vraiment, en ce monde, avec Anna.

Tout à coup, je me souvins que j'avais promis à Nolan de lui apprendre le piano, et je décidai que ce serait la chanson parfaite. J'ouvris alors les yeux, pris mon portable, et tapai le message suivant :

Viens chez moi demain matin. Je t'apprendrai à jouer Colorblind au piano.

Je fermai les yeux en me rallongeant, et la musique changea, pour en diffuser une que je ne connaissais pas. Elle était très douce aussi, et collai parfaitement au style de Nolan. Alors que j'étais sur le point de m'endormir, bercé par les notes, ma sonnerie retentit pour m'annoncer l'arrivée d'un message. Je l'ouvris et lus :

Génial ! J'ai cru que tu avais oublié.;)

Je souris, et éteignis mon téléphone. Je laissa la chaîne hi-fi allumée, alors qu'une chanson de Lana Del Rey commençait. Le lendemain me tardait déjà. Je me retournai, et m'endormis, le sourire aux lèvres.

*********************************************

Il était dix heures, et je m'entraînais à jouer depuis environ une heure. Je jouais du bout des doigts, très peu concentré, cherchant dans mes anciennes partitions. Nolan aurait dû être là depuis un bon quart d'heure. Anna n'était pas rentrée depuis la veille : elle m'avait dit qu'elle sortait avec Ethan et ses amis. Mes parents étaient chez ma tante, à deux heures de route. Ils étaient partis la veille au soir, et n'avaient prévu de revenir que le lendemain. J'étais donc seul et cela ne m'enchantait pas tellement.

Je tournai les musiques transcrites sur le papier d'un air las. Rien ne m'ôtait de l'esprit l'arrivée de Nolan qui ne saurait tarder. J'appréhendais un peu comment cela allait se passer, sans raison évidente. C'était juste une crainte irrationnelle. Tout à coup, mes yeux tombèrent sur une vieille partition, que je jouais à l'époque où je prenais encore des cours de chant. C'était une chanson de SYML, « Where is my love », que ma professeur m'avait proposé de chanter devant toute l'école. J'avais refusé au dernier moment, tant le stress m'angoissait.

Je mis quelques minutes à redécouvrir les notes, à me réhabituer au rythme. Au bout d'une dizaine de minutes, je le jouais aussi bien qu'avant. Mes doigts gardaient le même tempo, tandis que les paroles me revenaient en tête. Alors, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, je me mis à fredonner tout doucement. C'était si léger comme son qu'au début je ne pensais que chanter dans ma tête. Mais ma voix grossit au fur et à mesure, jusqu'à devenir une véritable mélodie. Je n'avais pas ce qu'on pouvait une belle voix, mais peu m'importait. Je ne chantais que parce que j'en avais envie, et que la chanson était magnifique.

« Elle s'appelait Anna »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant