CHAPITRE DOUZE.

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Veuillez m'excuser du retard j'étais à l'étranger. Voilà le douzième chapitre! 

Elena.

Le lendemain, Ethan partit directement après les cours, sans nous dire quoi que ce soit. Il avait pris son sac, et s'en était allé, juste comme ça. J'imagine qu'il allait là où il allait à chaque fois qu'il n'était pas avec nous, dans cet endroit où il n'avait jamais voulu nous amener. En supposant qu'il existe bien, et que ce ne soit pas qu'une frasque de son esprit.

La vérité, c'était que j'étais effrayée. Pour lui, pour ce qu'il devenait. Depuis la rentrée, il se contentait d'être là sans l'être vraiment. Son visage était hagard, son regard vide, son attention ailleurs. Certes, il avait toujours été un peu rêveur, mais toujours très souriant, plein de joie de vivre, et toujours prêt à nous motiver en cas de coup de blues. Je détestais le voir comme ça, et Lucas n'y tenait plus.

— Qu'est ce qu'on va faire pour lui ?

Nous étions en train de le regarder partir, sur le parking du lycée, tous les deux inquiets. Il ouvrit la porte de sa fiat rouge, sans même s'apercevoir du regard insistant qu'une fille à côté de lui lui lançait. Il avait des yeux si tristes, et désespérés. Il faisait ce qu'il pouvait pour le cacher, mais au bout de quinze années à le côtoyer, j'avais appris à voir en lui. La voix de Lucas me ramena à la réalité, et je haussai les épaules :

— Trouver un moyen de l'aider, j'imagine.

Je devinai ses yeux bruns se tourner vers moi, et ce fut comme des milliards de brûlures sur ma peau. Je me sentis coupable d'éprouver un tel désir alors que mon meilleur ami était dans un tel état, mais c'était plus fort que moi. Son souffle chaud se répercutait sur ma nuque, et j'entendis vaguement sa voix rauque demander :

— Et comment on va faire ça ?

La voiture d'Ethan s'en allait, alors que tous les autres élèves chuchotaient sur son passage « C'est lui. Celui qui a sa mère dans le coma ». Ils étaient tous comme un essaim d'abeille convergeant tous vers la même cible.

— J'en sais absolument rien.

Mes épaules s'affaissèrent. Je n'avais aucune idée de comment aider mon meilleur ami. Il n'était que l'ombre de lui-même et j'assistais à ce spectacle, totalement impuissante. « C'est pire que ça », pensais-je en sentant la main puissante de Lucas se déposer sur ma frêle épaule.

— On trouvera, ne t'inquiète pas, m'assura-t-il, alors que je me figeai.

Ce simple contact galvanisa mon corps tout entier, et une bouffée de chaleur m'envahit. J'étais certaine qu'il l'avait remarqué, car il ne retira pas sa main. Je sentais son regard brûlant sur ma nuque, et je fermais les yeux pour tenter de calmer mon estomac qui ne tenait plus en place.

— Ça te dirait qu'on en parle au café ?

Il avait dit ça d'une voix légèrement timide qui me fit fondre sur place. Un sourire s'étala sur mon visage sans ma permission. D'un côté, j'étais euphorique à l'idée de rester un peu seule avec lui. De l'autre, je ne me sentais pas bien vis-à-vis d'Ethan. Il allait très mal, et nous allions boire un café, discuter, rire, alors qu'il était seul, à se morfondre. Quel genre d'ami ferait cela ? Ceci dit, il voulait qu'on parle d'Ethan. Et je le voulais, aussi. Il fallait trouver une solution.

Lucas attendait ma réponse. Je me retournais, et je vis ses yeux fouiller mon visage : il lisait en moi comme dans un livre ouvert, c'était limpide. Il avait cette petite fossette sur la joue qui m'empêchait totalement de me concentrer.

« Elle s'appelait Anna »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant