CHAPITRE VINGT-TROIS

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Dimitri.

— ALLEZ NOLAN !

Lisa s'égosillait, debout à côté de moi, alors que tout le public était assis, tendu. Nous assistions au premier match de Nolan en tant que joueur officiel de l'équipe du lycée. Quasiment tous les élèves étaient présents, à supporter les joueurs, malgré le vent froid qui soufflait. Au tout début du match, le silence entre Lisa et moi m'avait semblé lourd de sous-entendus, mais elle n'avait fait aucune allusion à ce qui s'était passé à la soirée d'Halloween, et j'avais décidé de mettre cela sur le compte de la fatigue. Parce que c'était cela, pas vrai ? Ça ne pouvait être que ça.

Je tirai sur sa manche pour qu'elle se rassoie, gêné d'être l'objet de tous les regards. Elle tourna les yeux vers moi et cracha :

— Quoi ?

Je lui fis signe de regarder autour d'elle en haussant les épaules, et elle leva les yeux au ciel en s'asseyant.

— C'est tellement stressant, aussi ! Il ne reste plus que deux minutes.

J'acquiesçai, et me concentrai à nouveau sur le match de football américain qui se déroulait devant nous. Notre équipe était en train de perdre, même si elle menait clairement le jeu. Nolan n'avait pas marqué une seule fois depuis le début du match, même s'il jouait très bien et avait fait plusieurs passes décisives. L'entraîneur hurlait à plein poumons à ses joueurs de se replacer, même si personne ne semblait vraiment l'écouter. Les éclairages jetaient sur la pelouse une lueur blanchâtre, et j'avais l'impression que ça ne faisait que renforcer le froid glacial qui régnait. Tout le lycée, ainsi que quelques parents et fans de football étaient présents dans les gradins. C'était les dernières minutes du match, et la tension était palpable partout.

Je pris la dernière bouchée du hot-dog que je tenais dans les mains, et remis mes gants, frigorifié. A côté de moi, Lisa ne tenait pas en place et ne faisait que crier, ce qui énerva un grand gaillard devant elle, qui se retourna. Elle le fixa, et aboya :

— Tu veux ma photo ?

L'homme plissa les yeux et laissa tomber. Elle retourna à sa contemplation du match, et moi aussi. Trente secondes. Rien ne se passait, et les supporteurs de l'équipe du lycée commençaient à se rendre à l'évidence.

— Ils vont perdre... Ils vont perdre...

Pour la première fois depuis que je la connaissais, j'eus envie de gifler Lisa. Elle avait beau être d'une gentillesse remarquable, elle avait le don d'être très agaçante de temps en temps. Alors que je levai les yeux au ciel, en serrant les mâchoires, elle attrapa mon poignet en lâchant un petit « oh ! ». Je tournai la tête immédiatement vers la pelouse, alors que tout le monde retenait son souffle, et je vis Nolan se frayer un chemin à travers les adversaires, ballon en main.

— ALLEZ NOLAN ! Hurla Lisa.

Les cris d'encouragement fusèrent. S'il parvenait derrière la ligne, nous aurions gagné. Je me redressai, le cœur battant. Dix secondes. Il lui restait encore quinze mètres. Il se rapprochait, se rapprochait... Le coup de sifflet retentit à peine un quart de seconde après qu'il ait franchi la ligne.

— OUIIIIIIIII !

Je sautai de mon siège, comme la plupart des spectateurs, et pris Lisa dans mes bras sans y faire attention. Je hurlai à pleins poumons, alors que Nolan était assailli par ses coéquipiers qui s'étaient précipités sur lui, alors que leur victoire était assurée. Lorsque je lâchai Lisa, je remarquai une légère rougeur sur ses joues, mais elle disparut vite de mes pensées lorsque j'aperçus Nolan se faire porter par toute l'équipe, et l'entraîneur se ruer sur le terrain. L'ambiance était euphorique, partout. J'aurais voulu partager cela avec mon ami blond, être à ses côtés lorsqu'il avait arraché la victoire à l'équipe adverse. Mais j'étais bien décidé à la fêter avec lui juste après.

« Elle s'appelait Anna »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant