CHAPITRE QUARANTE-SIX.

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Elena.

— Mais où est-ce qu'il est ?

Le stress qui montait en moi me rendait d'une irritabilité insupportable pour tous ceux qui m'approchaient. Mes ongles étaient rongés jusqu'au bout, et je n'arrêtai pas de gigoter dans tous les sens, incapable de rester assise sagement sur ma chaise, alors que la salle, décorée pour l'occasion, se remplissait peu à peu et que mon esprit sadique s'amusait à me marteler que c'était devant tous ces gens que j'allais devoir faire mon discours, qui était d'une impersonnalité particulièrement remarquable.

Et Ethan n'était toujours pas là !

— Je suis sûr qu'il va arriver d'une minute à l'autre. Maintenant, si tu pouvais arrêter de tourner tes poignets dans tous les sens, s'il te plaît, tu me donnes le tournis, lança Lucas en regardant mes mains d'un air méfiant.

Je me stoppai immédiatement, et lâchai un long soupir.

— Bon, qu'est ce qui t'arrive, El ?

— Je suis stressée, c'est tout ! Et puis je suis énorme, une vraie baleine, j'ai mal au dos, j'en ai marre de devoir porter des vêtements XXL, je suis fatiguée, mon meilleur ami est en train de s'autodétruire, et je vais devoir me ridiculiser devant des centaines d'ados. Comment veux-tu que je garde mon calme ?

Lucas allait me répondre, lorsqu'une main se posa sur mon épaule. Je sursautai et me retournai. Ray se tenait devant moi, tout sourire, et le fait de la revoir éclara mon visage instantanément. Ses cheveux roses étaient en bataille, comme toujours, et elle était la seule à ne pas revêtir la toge jaune obligatoire, puisqu'elle n'était pas du lycée. Derrière elle, en retrait, se tenait Nathan. Ses cheveux bouclés brillaient, et ses lunettes tombaient encore sur son nez. Il souriait timidement et semblait particulièrement éviter le regard de Lucas qui serrait les mâchoires.

— Y a une chose sur laquelle je ne peux pas te mentir ma belle, c'est que oui, t'es énorme. Mais vraiment, tu vois. J'ai vraiment jamais vu..

Je la stoppai en lui assénant une tape sur l'épaule alors qu'elle éclatait de rire.

— C'est pas drôle !, bougonnai-je.

Lucas déposa un baiser dans mes cheveux, amusé.

— Mais ce que je peux te dire... C'est que tu vas tout défoncer, Ella. C'est sûr et certain ? Tu te rappelles quand on était petites ? Qui est ce qui avait toujours la meilleure note aux exposés ? C'était toi, et ça a toujours été toi. Tu sais que je t'admirais vraiment. T'étais plus petite que moi, et pourtant t'as toujours été la battante de nous deux. Quand quelqu'un me manquait de respect, c'est toi qui me défendais. C'est sûrement pour ça que maintenant je suis comme ça. Pour me défendre.

Elle haussa les épaules, et je remarquai le regard que Nathan lui lançait. Je souris un instant, avant qu'elle ne continue :

— En tout cas, tu vas tout déchirer, j'en suis sûre et certaine. Et puis si tu fais un bide, tu pourras toujours faire ton cri de baleine, ça, ça fera un carton.

Nathan éclata de rire, et je pinçai le bras de Ray qui me fit un clin d'œil. Je me levai et lui fis un câlin. Je ne l'avais pas vue depuis quelques semaines, et qu'elle soit venue me soutenir ici, au moment où j'en avais le plus besoin, me faisait chaud au cœur. C'était une véritable amie, avec ses qualités et ses défauts, mais elle était tellement attachante que je ne pouvais pas me passer d'elle. Je me rendis alors compte d'à quel point elle m'avait manqué, pendant tout ce temps.

Nathan nous observait d'un œil radouci, et je remarquai qu'il avait l'air beaucoup mieux depuis quelques semaines, comme si quelque chose l'avait apaisé, et si il était passé à autre chose. J'avais beaucoup souffert de le voir triste à chaque fois que Lucas et moi passions près de lui, mais je savais qu'il avait seulement besoin de temps, et qu'un jour, tout redeviendrait comme avant.

« Elle s'appelait Anna »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant