CHAPITRE QUARANTE-SEPT.

118 10 16
                                    

LIRE AVEC LA MUSIQUE VRAIMENT!!! (ou alors avant pour vous mettre dans l'ambiance)

   « –-Promets-moi qu'on va vivre.

–- Je te le promets ».

NE M'OUBLIE PAS.

Les yeux d'Anna ne me quittaient pas. Peu importe ce que je faisais, j'avais toujours cette impression que son regard envoûtant était braqué sur moi, et lorsque la réalité me revenait, la douleur me terrassait à nouveau, comme elle le faisait depuis onze jours entiers. Onze jours qui me séparaient de mon dernier moment avec elle. Onze jours, que la lueur dans mes yeux s'était éteinte. Onze jours, que j'étais enfermé dans cette nuit sans fin, sans une étoile pour me guider. Onze jours, que les sensations somptueuses qui m'avaient donné l'illusion de toucher le ciel s'étaient changées en une longue et sourde plainte emplie de douleur abominable. C'était comme un milliard de couteaux qui vous poignardaient les poumons en même temps. Une souffrance continue, constante, qui ne faiblissait jamais, au grand jamais. Onze jours, que le temps s'était arrêté. Onze jours, de trop.

Cette journée-là, je la passais dans le salon, à fixer simplement un bout de la table basse, sans faire attention aux allers et retours de ma famille. Le temps passait, et je restais immobile, comme si moi aussi, je ne vivais plus. Dans ma tête, les souvenirs défilaient. Sans cesse, je me rappelais de le goût de ses lèvres sur les miennes, ou bien de la sensation de mes doigts dans ses cheveux. Ce jour-là, le cœur d'Anna n'avait pas été le seul à s'arrêter. Le mien s''était stoppé dès l'instant où j'avais compris qu'elle m'avait abandonné dans cette vie que je haïssais désormais qu'elle n'en faisait plus partie. Elle avait été une partie de moi, vitale, et en mourant, elle m'avait tué moi aussi. Et alors que le silence régnait dans mon esprit, je compris qu'elle avait aimé autant que moi je l'avais aimé. Avec la force et le désespoir, elle avait aimé, et moi aussi. Mais cet amour ne m'était pas destiné, et il ne l'avait jamais été.

Mes yeux se fermèrent sous le poids de la vérité à qui je n'avais pas la force de faire face, et les larmes recommencèrent à dévaler mon visage. Je voulais implorer les étoiles de me la rendre, je voulais supplier le ciel de me laisser la rejoindre, je voulais prier tous les dieux pour qu'ils exaucent mes souhaits, mais la seule chose en laquelle j'avais crue, c'était en elle. Et désormais, seule la pensée d'une existence sans elle me révulsait. Elena et Lucas ne suffisaient pas à rendre ma vie heureuse. Tom et mes parents non plus. Je les aimais, c'était certain, mais la passion que j'avais ressentie pour elle avait été si dévastatrice que je n'étais même plus sûr d'avoir la force de vivre, désormais.

Anna était là, j'en étais sûr. Qu'elle soit au-dessus de moi, juste à côté, ou à l'intérieur, je sentais sa présence. Sa voix me chuchotait de la rejoindre à l'oreille, de faire ce que je n'avais pas eu le courage de faire jusqu'à présent. Elle me murmurait « allez, viens, viens. », parce que je voulais qu'on soit réunis pour toujours. Elle était comme un aimant, elle me guidait vers elle.

« Arrête. Tout ça, c'est dans ta tête. Juste dans ta tête. »

Bien sûr qu'elle n'était pas là. Elle était morte. Morte, autant que mon cœur l'était. Elle m'avait quitté, m'abandonnant dans cette vie qui n'en était plus une, elle avait renoncé à tout ce que l'on aurait pu vivre ensemble, elle avait brisé sa promesse, brisé mon cœur. Encore une fois. Lorsque je rendis compte de toutes les journées semblables à celle-ci qui m'attendaient, les sanglots s'emparèrent de moi. C'étaient des hoquets douloureux, violents, qui provenaient du plus profond de moi, qui exposaient une infime partie de la douleur qui était désormais devenue ma plus grande amie. Mes gémissements étaient si désespérés, mes tremblements si forts, que ma mère arriva en courant. Elle vit mon état, et ses épaules s'affaissèrent d'un coup. Elle s'assit alors près de moi, et sans un mot, prit ma main, en regardant le même point que moi.

« Elle s'appelait Anna »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant