LIRE AVEC LA MUSIQUE A PARTIR DE QUAND JE VOUS LE DIS.
Elena.Il y avait une tache, sur le plafond de ma chambre. Infime, mais pourtant bien là, près de la lampe. Je ne l'avais jamais remarquée avant, et pourtant elle semblait être là depuis un bon bout de temps. Je la fixais depuis des heures et des heures, comme si elle renfermait un secret, un mystère en son for intérieur, et que de ne pas la quitter des yeux me donnait une chance de voir à l'intérieur. C'était parfaitement ridicule, puisque ce n'était qu'une tache, mais elle m'obsédait. Et je savais pourquoi.
Parce que j'assimilais ce petit dégât, au bébé qui grandissait en moi. Il n'était pas visible, mais pourtant bel et bien présent. Il s'était caché pendant longtemps, et je venais juste de le remarquer. Je n'avais pas eu l'impression d'avoir pris du poids, ni que mon corps ait changé en quelque manière, mais pourtant si. J'aurais voulu que ce ne soit qu'un rêve, ou une blague, et que l'infirmière m'accoste en hurlant de rire en m'expliquant qu'elle avait elle-même trafiqué le test, et que tout cela n'était pas réel. Et pourtant...
Je fermais les yeux un instant, et expirai lentement. Allais-je garder ce bébé ? Bien sûr que oui. Avec ou sans Lucas, je ne pouvais pas ne pas assumer mes erreurs. C'était dur, et ça le serait encore longtemps, mais je tiendrais. Je n'avais pas d'autre choix. Mais ce que j'appréhendais le plus, c'était les regards de autres, et la réaction de Lucas. Je savais qu'Ethan m'aiderait et serait à mes côtés, quoi qu'il puisse arriver. Mais Lucas ? Avais-je une totale et aveugle confiance en lui ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Tant de choses avaient été chamboulées ces derniers temps ! Je ne me reconnaissais même pas. J'avais peur de sortir de ma chambre, et lorsque je croisais mes parents, j'écourtais la conversation le plus possible sans les regarder dans les yeux. J'avais honte. Honte d'avoir fait cette grossière erreur, cette bêtise de ne pas avoir pensé à me protéger. Et Nathaniel... Il avait essayé de me parler, plusieurs fois, vainement. Je n'y arrivais pas. Je ne pouvais pas.
Il y avait une chose dont j'étais certaine : je ne pouvais pas garder tout cela pour moi. L'infirmière avait bien tenté de me joindre, en vain. Ce n'était pas elle dont j'avais besoin. C'était d'un ami, un ami que je connaissais depuis d'innombrables années, et à qui je faisais pleinement confiance, et qui m'aiderait. Cet ami, c'était Ethan. Lui aussi m'avait envoyé des messages, auxquels j'avais répondu le plus brièvement possible, prétextant une maladie quelconque. Je savais qu'il ne m'avait pas crue entièrement, mais il s'était tue. Ce soir-là, il aurait sa réponse.
Je pris une profonde inspiration, et tapai son numéro sur mon téléphone. Les sonneries semblaient extrêmement lentes, et j'entendais ma respiration angoissée se répercuter contre la vitre de mon téléphone. Il répondit au bout de quelques secondes, qui pourtant me parurent une éternité.
— Allô ?
Au son de sa voix, si rassurante et posée, j'éclatai en sanglots. Depuis que j'avais appris la nouvelle, je n'avais pas versé une seule larme, comme si j'attendais un signal pour pouvoir laisser échapper mon désespoir. Mon nom avait dû s'afficher sur son téléphone, car il m'appela par mon prénom plusieurs fois, pour me demander ce qui n'allait pas, la voix tendue. Quant à moi, je ne voulais pas parler, et je ne le pouvais pas. J'avais besoin de tout évacuer ; évacuer les cendres de mes rêves qui avant brûlaient dans mon esprit, sorte de carburant m'encourageant à continuer, encore et encore. Désormais, toutes mes convictions et rêves me filaient entre les doigts. Et c'était horrible.
— Ethan, je... je suis enceinte.
Tout à coup, ce fut un silence fracassant qui tomba sur nous. Le fait de le dire à voix haute rendit le fait encore plus réel, et les larmes redoublèrent, pourtant silencieuses. Quant à Ethan, je supposais que cette annonce lui avait fait l'effet d'une douche froide. Il se passa quelques instants sans qu'il ne dise rien, et je me retenais de l'appeler encore et encore, pour qu'il dise quelque chose. Je devais lui laisser le temps de le digérer, comme j'avais dû le faire aussi. Sauf que je n'avais pas eu besoin de quelques secondes, mais de plusieurs journées.
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« Elle s'appelait Anna »
Novela Juvenil«I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you » « Elle était un ange, et ici-bas, c'était l'enfer. Comment pouvait-elle ne pas se brûler les ailes? » « Lorsque Anna et Dimitri Versakovich arrivent dans les vies d'Ethan Jack...