The Boardwalk - Alex Turner (français)

Transition : Tout ?

"Alors mademoiselle Clarier, commença le docteur en se penchant vers moi, racontez-moi tout.

- Tout ? Demandai-je, depuis le début ?

- Oui, pour que je puisse vous aider au maximum il me faut le plus d'éléments possibles.

- Tu veux que je sorte ? Me questionna Alex en serrant ma main.

- Non, non faut que tu restes, je pris une grande inspiration avant de continuer, bon alors, je pense qu'il faut que je commence à partir du moment où j'ai quitter l'Angleterre pour aller à Paris. J'avais de la famille là bas, j'y suis allée pour poursuivre mes études. Je voulais accéder à une fac mais il fallait une lettre de motivation pour pouvoir y entrer. Comme je n'avais aucune idée de comment procéder, je tournai mon regard vers Alex, j'ai demandé à ton manager de m'aider et c'est en partie grâce à lui que j'ai pu y arriver...

- Grâce à lui ? S'exclama Alex, c'est de sa faute si tout ça est arrivé je sais même pas pourquoi il t'a aidée.

- Laisse moi continuer. A ce moment là j'étais vraiment heureuse car c'était mon rêve de pouvoir enfin accéder aux études que je voulais. Comme il n'y avait pas de fac à Paris, j'ai du chercher un autre endroit pour me loger et lorsque j'ai vu qu'il y en avait une à Montpellier, je n'ai pas hésité. Je connaissais bien cette ville car j'y allais souvent pour les vacances. En peu de temps j'ai pu me trouver un appartement, pas très luxueux mais c'était déjà ça. Je dirai que c'est à partir de là que tout à commencer.

- Si vous avez besoin d'une pause il n'y a pas de soucis, me rassura le docteur.

- Maintenant que je suis partie, autant continuer. Donc après avoir été acceptée, j'en parlai à ma mère qui s'empressa de déménager dans notre appartement de vacances pour être le plus proche de moi, même si on ne se voyait pas trop à vrai dire. Les premières semaines de fac étaient horriblement dures, je n'avais jamais connu ça. Le niveau était beaucoup trop élevé et je savais pertinemment que je n'allais pas pouvoir continuer mais j'avais tellement envie d'y arriver que je ne m'arrêtais jamais de bosser. Nuits et jours je révisais et je faisais mon maximum pour m'améliorer, je restais éveillée grâce aux cafés que je buvais tout au long de la journée. Il m'a fallut plus d'un mois pour me rendre compte à quel point je ne pouvais pas rester ici, c'est à ce moment là que j'ai décidé de me retirer de la fac. De plus en plus, un sentiment de déception grandissait en moi. Je me décevais et je ne pouvais rien faire par rapport à ça. Je sentais le regard d'Alex sur moi, et là encore, j'allais plutôt bien mais après ça a empiré. Il fallait que je trouve un métier pour payer le loyer de mon appartement alors je me suis rendue au centre ville pour me présenter à plusieurs magasins qui cherchaient des vendeuses. Je suis entrée dans un magasin de luxe, qui avait besoin de personnel et je savais bien que j'avais des chances car je ne demandais pas non plus un gros salaire. Quand il m'a vue, le patron m'a dit que je correspondais parfaitement car j'étais assez fine et jolie mais il a ajouté que je pouvais encore perdre un peu de poids et ça serait parfait. Quand j'y repense, c'est totalement débile pour un job de vendeuse mais sur le moment j'étais contente d'avoir trouvé alors j'ai accepté tout de suite. Je me couvrais a nouveau d'une pression supplémentaire en me privant de nourriture pour ne pas grossir et garder cet emploi, j'en avais tellement besoin. Mais mon patron n'était finalement jamais satisfait. Il m'engueulait tout le temps soit à cause de ma démarche et des fois même a cause de ma coiffure, c'était totalement insensé mais j'y ai vraiment porté beaucoup d'attention, même trop. Je me sentais de plus en plus minable et pour combler ce vide qui grandissait en moi, je me réfugiais dans la nourriture ce qui fut une très mauvaise idée car étant donné que je n'avais pas mangé normalement depuis plusieurs semaines, je pris du poids rapidement. Quand mon patron me vit arriver un jour au travail, je n'eus même pas le temps de rentrer dans le magasin qu'il m'avait virée. J'avais de plus en plus de mal à parler car ma gorge était nouée, Alex me prit la main, je le regardai, c'est à ce moment que je vous ai plus donné de nouvelles à toi et aux gars, j'avais tellement honte...

- T'avais pas à avoir honte, me réconforta Alex, on s'est tellement fait de soucis avec les mecs tu répondais plus aux appels ni aux sms.

- J'ai jamais eu l'habitude de raconter mes problèmes à tout le monde, j'avais pas envie de vous déranger. Vous aviez la tournée, les interviews, ça devait déjà être assez épuisant comme ça. Pendant ce temps, je ne sortais plus de chez moi, je regardais la télé seule dans mon canapé et je dormais tout le temps mais à l'inverse de l'autre fois, je ne mangeais pas beaucoup. Je me sens tellement coupable d'avoir fait faire du soucis à mes amis, ils le méritaient pas mais je ne voulais pas les contrarier avec ça, je pensais prendre la bonne décision.

- Lisa, reprit le docteur, vous êtes très courageuse de parler de tout ça, peu de personnes en seraient capables. Il se tourna vers Alex, maintenant monsieur, dites moi comment vous avez pu la retrouver.

- Euh, Alex s'éclaircit la voix et poursuivit, bah en fait y'a quelques jours, on avait un concert à Nîmes et comme j'avais su que Lisa était dans le coin, j'étais persuadé qu'elle allait venir alors j'étais tout content, Matt, Jamie et Nick aussi. On a fait notre show et pendant tout le concert j'essayais de la repérer mais je l'ai pas vue, je m'étais dis que c'était normal vu le monde qui y'avait. Quand on a finit toutes nos chansons, nous sommes sortis de scène et c'est là qu'on a vu une dame parler avec un vigile. Elle avait l'air de vouloir passer. Au début je l'avais pas vraiment reconnue mais c'est quand je me suis approché que j'ai vu que c'était la mère de Lisa, je ne comprenais pas ce qu'elle disais parce qu'elle ne parlait pas un mot d'anglais mais quand elle me vit, elle fit des grands signes. Je dis donc au vigile de la laisser passer et demandai à un mec qui était dans le coin de traduire, par chance, c'était un photographe français qui parlait très bien anglais. Alex se tourna vers moi, t'aurai dû voir ta mère elle était dans tout ses états. Après plusieurs tentatives, je compris ce qu'elle essayait de nous dire. Elle nous a dit que elle n'avait pratiquement pas de nouvelles de toi et que quand elle allait chez toi, tu étais très mal. Je ne savais pas quoi penser parce que j'avais aucune idée de ce qu'elle entendait par "mal" jusqu'à ce qu'elle me conduise chez toi, les mecs m'attendaient a l'hôtel. Il se retourna vers le médecin, nous avons toqué à plusieurs reprises mais Lisa n'ouvrait pas. Sa mère sortit les clés de l'appartement qu'elle n'arrivait pas à tourner dans la serrure tellement elle tremblait. Quand la porte s'ouvrit, Lisa était derrière. Elle était méconnaissable, je ne l'avais jamais vu dans cet état, son visage était creusé, ses jambes était toutes fines. Je sentais que des larmes commençaient à monter mais à part ça, je ne savais pas quoi faire quand je la vis dans cet état, je ne pouvais pas croire que ça avait pu lui arriver, elle qui est si forte. Et tout ça c'est de la faute de mon manager.

- Pourquoi ? Demanda le docteur surpris

- Parce qu'il a pas accepté qu'elle vienne avec nous, rien de tout cela ne se serait passé sinon.

- Lisa, comment avez vous réagi quand vous avez vu Alex ?

- J'étais en colère contre ma mère, je ne voulais pas qu'Alex me voient comme ça. Mais ensuite, comme s'il y avait eu un déclic, je me suis jetée sur Alex en éclatant en sanglots. C'est à ce moment précis que j'ai réalisé à quel point il m'avait manqué, je n'avais pas pris conscience de l'importance que mes proches avaient dans ma vie jusqu'à ce moment précis. Je regardai Alex dans les yeux, merci d'être là pour moi.

- Je serais toujours là, Alex me prit la main et la serra si fort que ma circulation semblait être coupée.

- Mademoiselle Clarier, commença le docteur, je pense que vous avez fait une dépression. Ce n'est pas à prendre à la légère car même s'il me semble que vous vous en êtes à présent sortie, il faut quand même prendre quelques précautions. Tout d'abord, vous devez impérativement reprendre un régime alimentaire équilibré, sans vous priver ni vous gaver. Ensuite, vous aurez besoin de repos mais la chose la plus essentielle est de ne pas vous isoler et d'essayer de rester le plus possible en compagnie de vos proches. Vous pourrez faire ça ?

- Oui, oui je pense que je pourrais."