Chapitre 48

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Ces derniers jours je n'avais pas vraiment la tête à sortir, faire la fête, voir des amis. Je passais la plupart de mes journées entre le canapé et le lit à essayer d'écrire des articles pour le journal. Je dis bien essayer car tout ce que je produisais ne me convenait pas suffisamment pour l'envoyer à la directrice. De plus, elle m'avait récemment accordé une plus grande rubrique, ce qui s'accompagnait évidemment d'une hausse de mon salaire mais également de la pression de toujours produire quelque chose d'assez satisfaisant pour qu'elle ne regrette pas son choix. C'est pour cette raison que je voulais que mes articles soient parfaits.

Évidemment cela ne plaisait pas à Alex qui avait peur que je replonge dans ce trop plein de stress qui m'avait été fortement nuisible par le passé. Malgré tout, je savais ce que je ressentais et que je contrôlais la situation. Tout du moins la situation concernant mon travail. Psychologiquement, c'était beaucoup plus compliqué ces derniers temps, et même si j'ai toujours eu tendance à vouloir voir le côté positif des choses grâce à Alex, cette fois ci ce n'était pas aussi facile. Je n'arrivais plus à ressentir de désir pour lui et pourtant j'étais convaincue au fond de moi que je l'aimais, mais les derniers événements ont eu comme l'effet d'un bloquage. Même si j'étais sure qu'il comprenait étant donné qu'il prenait des précautions à chaque fois qu'il me touchait, cela m'énervait. D'ailleurs, je m'énervais pour à peu près tout et n'importe quoi ces temps ci. Mon psy a décrit cela comme étant la sensation de se faire agresser à la moindre remarque. Et il avait sûrement raison. Cependant, mettre un mot sur ce que je ressentais n'étais pas vraiment suffisant dans la mesure où tout ce que je voulais était de me retrouver seule des journées entières, sans avoir à me prendre la tête pour ce qui me paraissait être des futilités.

Je pense qu'Alex l'avait bien compris puisque nous partagions de moins en moins nos journées, il travaillait beaucoup avec le groupe que je ne voyais d'ailleurs pas plus. J'avais également pris mes distances avec Katie même si elle essayait de venir prendre des nouvelles, je restais froide. J'étais enfermée dans ma bulle avec mes petits problèmes jusqu'à ce que j'ouvre les yeux. Et encore une fois, c'est grâce à Alex que j'ai réussi.

Alors que j'avais encore passé toute une journée à ne rien faire entre la télé, la musique, l'écriture, je me rendis seulement compte à minuit qu'il n'était toujours pas rentré. Je n'étais pas couchée car j'avais du mal à dormir ces temps ci alors je trouvais toujours une activité qui pouvait m'occuper l'esprit. Cependant, cette fois ci, je me suis rendue compte que c'était anormal. Je décidai donc de l'appeler pour savoir où il était mais je n'eus pas de réponse. La sonnerie n'avait eu le temps de sonner qu'une seule fois, comme s'il avait raccrocher directement. Je trouvais cela très bizarre alors je lui envoyai un sms.

À Alex : T'es ou ?

Il résumait à peu près ma diplomatie du moment. J'attendis 10 minutes, puis 20 et 30, une heure passa avant d'entendre les clés dans la serrure de la porte d'entrée. Je savais que c'était lui ça ne pouvait être personne d'autre mais je n'avais aucunement envie d'aller l'accueillir à bras ouverts. J'étais sur le canapé en train de regarder la télé quand Alex s'approcha de moi, me pris la télécommande des mains pour l'éteindre.

« Oh mais qu'est ce que fais je regardais là ! Lui criai-je dessus
- J'arrive pas à dormir quand la télé est allumé, ça fair trop de lumière, me répondît-il calmement
- Et alors ? Je ne crois pas que tu aies ton mot à dire vu l'heure à laquelle tu rentres.
- Oh oui mince désolé, je n'avais plus de batterie d'ailleurs, enfin si jamais t'as essayé de me joindre.
- Pourquoi tu me mens ? Ça a sonné quand je t'ai appelé.
- Oh tu m'as appelé ? Tu voulais parler ? Je vois qu'il y a du progrès ! Je ne supportais pas sa manière de me répondre
- Qu'est ce que tu me fais la ! Je t'interdis de prendre ce petit air ironique avec moi ! Je bouillonnais intérieurement et les larmes commençaient à couler sur mon visage.
- J'en peux plus Lisa il faut que ça s'arrête. Me dit-il calmement.
- Tu veux me quitter c'est ça ? Après toutes les épreuves tu décides de me quitter maintenant ? T'es qu'un lâche ! Tout ça parce qu'on ne couche plus ensemble depuis 3 mois hein ?! Alex me prit les poignets et s'assit à côté de moi dans le canapé
- Je veux pas te quitter Lisa, je veux t'aider, parce que je t'aime, et je sais que tu m'aimes, c'est pour ça que j'ai encore foi en nous. Si j'ai fais ça c'est seulement pour te faire réagir.
- Tu crois vraiment que c'est la meilleure idée ?
- Oui j'en suis convaincu, regarde, c'est la première fois que tu me parles autant depuis ce qu'il t'es arrivé, il faut que je te pousse jusqu'à tes limites pour que tu communiques avec moi, et même si c'est de l'énervement je prends, car j'en peux plus de ton silence pesant. Peu à peu ma respiration se calmait mais mes larmes ne cessaient de couler.
- Pourquoi personne comprend que je n'ai pas envie de parler ? Je veux juste rester seule.
- Tu crois vraiment que ça va t'aider ? Jusque là toutes les épreuves qu'on a surmonté c'était tous les deux et pas chacun dans son coin. J'en peux plus moi de te voir comme ça, je t'ai connu tellement joyeuse, pétillante, avec la répartie que j'adore. Cette lueur dans ton regard qui m'a intrigué des la première rencontre, même si elle s'essouffle a cause de ce qui t'es arrivé, elle y est encore, et je sais que je peux t'aider à la raviver. Je veux le faire. Ces mots me touchaient en plein cœur, mais l'impression que je n'allais jamais redevenir comme avant me laissait un goût amer.
- Alex part, quitte moi, tu mérites tellement mieux que ça. Regarde dans l'état dans lequel je suis, tu as déjà assez de pression à gérer avec le groupe t'as pas besoin de ça en plus. Il prit ma tête fermement entre ses deux mains et me regarda dans les yeux.
- Tais toi, tu ne vois que l'aspect négatif des choses en ce moment mais sache que c'est grâce à toi que j'ai la force de faire certains trucs. Tu ne te rends pas compte de la manière dont tu peux me pousser vers le haut. Je ne te cache pas qu'en ce moment c'est plus compliqué mais la vie est faite ainsi, et si je suis avec toi c'est pour t'accompagner dans les bons comme dans les mauvais moments. Je veux t'aider mais pour cela il faut que tu y mettes un peu du tiens, j'y arriverai pas tout seul je t'ai déjà dit qu'on y arriverait tous les deux. Il va falloir te forcer un peu à voir des gens, à sortir. Je sais que ce que tu as vécu est compliqué mais si tu continues comme ça, tu ne vivras plus, tu survivras. Et ça serait donner raison à tes agresseurs. Tu veux vraiment vivre dans la retenue à cause d'eux ? Bordel t'es sur cette terre que pour une durée déterminée gâche pas tout je t'en supplie, malgré tes malheurs prends conscience de la chance que tu as d'être comme tu es. Tu es magnifique et ce n'est qu'une infime description de ta personne. Tu peux accomplir énormément de choses, beaucoup de gens te font confiance. Maintenant, c'est à toi de voir si tu veux les décevoir, et te décevoir aussi quand tu arriveras dans plusieurs années en regardant en arrière pour voir que tu n'as pas réellement vécu mais plutôt subit la vie. Ça ne devrait jamais arriver et je ne le laisserait jamais arriver. Je t'ai laissé du temps mais les jours passent tellement vite qu'il faut que ça cesse le plus rapidement possible je t'en prie. »

Je me suis retrouvée comme une conne, plantée la devant lui, a ne pas savoir quoi dire. Mes larmes coulaient sans que je ne puisse les arrêter. Il avait mis des mots sur exactement tout ce que je ressentais et tout ce que je provoquais autour de moi. Je n'avais pas pris conscience que cela l'affectait autant, mais que cela affectait aussi mes amis. Au fond, ils n'avaient pas du tout leur part de responsabilité dans ce qui m'était arrivé et je n'avais aucun droit de les traiter comme ça.
Après un silence qui me semblait durer une éternité, je tombai dans les bras d'Alex en posant ma tête sur son torse et continuant mes sanglots. Il me caressait les cheveux et le dos et déposait des baisers sur mon front. Peu à peu je repris le contrôle, ma respiration était de nouveau calme, j'étais apaisée et à cet instant précis, cela me semblait être le meilleur endroit au monde.

The Boardwalk - Alex Turner (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant