Chapitre 15 : confesser.

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Recevoir un appel de Scar à ce moment c'est comme un signe de destin... Scar me surveille même quand il n'est pas là. Je trouve ça très gênant de répondre vu comment s'est déroulé le repas et qu'Aloïs se trouve juste à côté de moi mais j'ai tellement envie d'entendre sa voix... Je cède.

- Allô...?
- Tu pleures ?
- Non.

Oui.

- Qu'est ce qui se passe ? T'es avec Aloïs ?
- Oui il est là.
- Pourquoi tu pleures? Je suis parti depuis à peine deux jours.

C'est vrai... Je trouve qu'Aloïs est dur avec moi mais j'avais vite oublié la franchise de Scar. Il n'y va pas par quatre chemins.

- Tu me manques...
- Tu vas devoir attendre. Demande à Aloïs de rester plus longtemps si t'as pas envie d'être seul.
- Oui...
- Je vais devoir y aller, je rentrerai peut être quelques jours plus tôt que prévu.
- Et... tu pourras m'appeler ? S'il te plaît.
- Ouais. Fais pas de conneries et oublie pas de manger.
- Oui.
- Bon, j'y vais. Je te rappelle dans quelques jours.
- D'accord. Bye...

J'essuie mes larmes en silence et je laisse Aloïs fermer la porte derrière nous. Il ne fait pas de commentaire, pourtant j'attends toujours qu'on ai cette conversation embarrassante. Autant en finir tout de suite.

- Je suis obligé de voir Edward. Pour le travail. Enfin... ma patronne m'a demandé de voir un "groupe de soutient" et je n'ai pas pu refuser. Alors je suis censé traîner avec Edward. Il est supposé m'aider mais il fait tout le contraire. Il est embarrassant, intrusif et insultant... Je suis désolé.

Pour une fois il a l'air un peu surpris. Il me toise du regard comme pour décider de ce qu'il pouvait répondre.

- Tu es obligé?
- Oui. Ma boss pense que j'ai "des problèmes personnels" et que j'ai besoin de me faire aider, ce qui est ridicule. Mais elle ne changera jamais d'avis et ils m'ont collé Edward comme "tuteur" alors qu'il est sûrement bien plus dérangé que moi. Je suis dans l'obligation de suivre une sorte de programme...

Je m'attendais à de l'exaspération. Un soupir, un regard agacé, un jugement méprisant... mais pas à un rire.
Une mélodie qui me glace le sang. Il n'y a rien de drôle... Pourquoi est ce qu'il rit comme ça? C'est plutôt effrayant en fait... Ce n'est pas sincère. Il rit de la situation. Il rit de moi. Je ne l'ai presque jamais entendu rire mais j'ai vraiment envie que ça cesse maintenant...

- Tu te fous de moi ? lache-t-il.
- N... Non.
- C'est pour Scar ! dit-il d'un air ahuri. Tu vas à une sorte d'association remplie de mecs BCBG pour te plaindre de Scar , et tout ça dans son dos ! Mais t'es suicidaire ou quoi ?

Je... Quoi ? Mais je... Ce n'est pas de ma faute ! Je ne voulais pas y aller moi...

Qu'est ce que... ? Je suis perdu. Qu'est ce que je vais faire ? Il a raison... Je le savais. Je savais ce que je risquais et pourtant j'ai continué. C'est de ma faute. J'aurais dû fuir Edward et fuir Honesty. J'aurais dû démissionner et je n'aurais plus eu d'ennuis... Tant pis pour ma carrière et pour la boîte. Je peux bien trouver un autre travail... Même serveur ? Peut être que ce n'est pas trop tard...

C'était tellement une mauvaise idée... Si j'arrête tout maintenant Scar ne s'en rendra pas compte, si ? Aloïs a raison...

Et si Scar apprend la vérité? Il me fera du mal... Et ensuite il s'en prendra à Edward. Et aux autres aussi? Il se sentira tellement trahi... et il aura raison.

- Excuse-moi, dit-il en me prenant dans ses bras. Ne pleure pas. Je ne voulais pas te faire paniquer, juste réaliser à quel point ce que tu me dis est surréaliste.

Comme le fait qu'Aloïs me prenne dans ses bras...

- Tu connais Scar, je ne comprends pas comment tu peux être aussi inconscient.

J'ai fait de mon mieux pour sécher mes larmes et adopter une voix normale.

- Ils m'ont forcé...

- Un jour où on traînait au bar, il y a un peu plus de cinq mois tu ne t'en souviens sûrement pas, un gars n'arrêtait pas de te reluquer, m'explique-t-il. Et Scar a attendu que tu retournes à notre appart pour régler ses comptes. Il a fait tabasser ce gars rien que parce qu'il te regardait. Tu ne le connaissais même pas. Tu imagines ce qu'il fera à ton Edward ?

- Ce... ce n'est pas "mon" Edward.

Je n'étais au courant de rien de tout ça... Pourquoi Aloïs me raconte toujours des histoires comme ça pour me faire passer un message? J'ai parfaitement compris tout ça je n'ai pas besoin qu'il me raconte qu'un pauvre gars s'est retrouvé à l'hôpital avec de grave blessures à cause de moi...

- Il est tard, tu devrais aller te coucher.

Il se détache de moi. Ses gestes sont plus mécaniques qu'affectifs... mais tout de même reconfortants. J'aimerais savoir s'il a une petite amie ce moment. J'aimerais bien le voir à côté de quelqu'un qu'il aime. Pas juste son frère.

Je fais ce qu'il me demande et je me dirige vers la chambre. Ce dîner horrible m'a fatigué, cette soirée m'a fatigué. J'enlève rapidement mes habits pour mettre un jogging et un tshirt à Scar puis je me réfugie sous les couvertures. J'aimerais que les dernières heures ne se soient jamais déroulées.

Je prends le temps de vérifier mon portable. Edward, Edward, Edward. Qu'il aille se faire foutre. Je le mets en liste noire et je supprime son numéro. Je me sens libéré. Et moins coupable.

Il est temps que j'arrête ces conneries. La jardinerie et tout ce bordel, ça ne rime à rien. J'ai un vrai travail et un roman à lire et corriger. J'ai laissé l'auteur en autonomie ces derniers temps et je l'ai mis de côté. J'espère qu'il ou elle s'en sort et ne m'en veut pas trop de ce manque d'implication... Je suis sûr que Rob fait un travail formidable mais ce n'est pas une raison pour me la couler douce.

Je dois me reprendre en mains.

Honesty. (Larry / L.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant