Chapitre 26 : se reposer.

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Je me réveille avec un mal de tête terrible et je me rends compte que je ne suis pas tout seul. Je lui frappe le bras.

- On peut savoir pourquoi tu dors avec moi ?
- Parce que tu m'as supplié, repond-il d'une voix rauque en se retournant. Et arrête de me frapper ça fait mal.

Je ne m'en rappelle pas. Je me rappelle de peu de choses. Suffisamment de choses mais peu de choses.

- T'es qu'un sale con.
- Merci, dit-il d'une voix endormie en se rallongeant et en refermant les yeux.

Je n'ai pas envie de lui dire de dégager parce qu'il à surement besoin de dormir et que cette pièce ne m'appartient pas vraiment. En tout cas on dort bien au grenier.
Je descends pour aller prendre une douche et me laver les dents. Heureusement qu'il n'y a personne dans la salle de bains. Je ne suis pas d'humeur à parler à qui que ce soit de toute façon. J'ai trouvé un doliprane, c'est un miracle.

Plus tard je descends au rez-de-chaussée, le sol est degueulasse. Le salon est en bordel et quelques membres du groupe dorment là. Comment est ce qu'on peut dormir assis ? Ca veut dire qu'il y a des gens dans les chambres à l'étage ? Ils auraient dû rentrer chez eux. Bref. Ça ne me regarde pas. Je veux un café, et mon portable. Il doit être en haut... Je vais boire mon café d'abord.

~

- Pourquoi tu ne me laisses pas dormir ?
- J'essaye juste de retrouver mon portable.

Il se tortille pour le sortir de la poche de son jean qui traîne par terre car Monsieur m'impose la gêne de dormir en caleçon même si je suis là.

- Eh ! Pourquoi t'as mon portable ?
- Parce que tu voulais appeler Scar et que tu n'etais pas vraiment en état et que même si je pense que cette relation est totalement merdique je suis un bon tuteur et je ne t'ai pas laissé tout foutre en l'air.
- Ah...

Il baille, il s'enroule dans sa couverture. Il n'est visiblement pas disposé à m'expliquer mes conneries maintenant. Pourtant c'est de sa faute si j'ai bu. Mais bon... je vais rentrer à la maison.

~

J'ai vraiment cru que c'était lui. Mon coeur a fait un bond dans ma poitrine. C'est le genre de frayeurs qui provoquent des crises cardiaques. J'ai pris Aloïs pour Scar jusqu'à ce qu'il se retourne en entendant la porte.

- Tout va bien ?
- Oui, je... Tu ressembles à Scar de dos.

Il sourit brièvement. Un sourire fatigué.

- Alors je suppose que tu as passé tout ce temps avec Edward.
- Euh... oui.

Pourquoi est-il si intelligent ? Il lui a fallut deux secondes pour faire le lien entre ma peur d'avoir cru voir Scar et la jalousie de Scar qui aurait été la cause de ma peur.
N'empêche qu'il n'a pas dû beaucoup dormir ces derniers jours... Il est malade, ça se voit. Ça m'étonnerait qu'il soit allé chercher des médicaments parce qu'il ne prend que peu de temps pour lui. Aloïs pense surement qu'il peut guérir sans aide mais il à l'air mal en point et il a des cernes énormes...

- Être ami avec un con n'est pas un crime, Liven.

Il appelle Edward "un con" ? C'est plutôt amusant. Il est peut être fatigué mais il n'a pas perdu son sens de l'humour.

- Je sais. Mais...

On ne cache jamais longtemps la vérité à Aloïs, ce n'est pas la peine de lui mentir.

- J'ai dormi dans le même lit que lui... plusieurs fois. Il y avait une barrière d'oreillers et j...
- Ne te justifie pas, me coupe-t-il. Ça ne m'intéresse pas.

Il commence à rouler un joint. Je vais m'asseoir à côté de lui, pas trop près. Il me rend terriblement anxieux.

- Scar... va me tuer.
- Scar n'est pas d'humeur à enquêter sur les détails de ta semaine.
- P...pourquoi ?

Il est toujours si froid... Pourquoi il ne m'explique pas directement les choses ? Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce qui est arrivé à Scar...?

- Le "business". Il a aura envie de se changer les idées d'ici samedi.
- Mais il va bien...?
- Oui, dit-il en se tournant lentement vers moi. Scar va bien.

J'ai eu peur... Mais ce n'est quand même pas une si bonne nouvelle. "Pas d'humeur" ça peut vouloir dire un tas de choses. S'il rentre stressé il va passer ses nerfs sur moi... Mais je ne dois pas être pessimiste tout le temps. Il reste encore deux jours de toute façon.

Il me laisse fumer avec lui. On passe un moment calme et silencieux. C'est apaisant. Aloïs est apaisant. Il sait ralentir le temps.

Il finit par écraser le mégot. Il tousse, ce n'est pas normal.

- Tu es malade ?
- Oui.
- Tu veux que j'aille acheter des médicaments ?
- On vient d'en fumer un, repond-il nonchalamment.
- Mais...
- Ça me suffit, repond-il. Je vais réussir à dormir.

Il se lève faiblement et se dirige vers la chambre. Je crois qu'il n'a pas quitté l'appartement depuis trois jours. C'est incroyable qu'il mette sa vie sur pause... ça n'arrive jamais. Il n'est pas sorti. Pas de soirées, pas d'amis, rien. Il est resté ici. Ça veut dire qu'il ne se sent vraiment pas bien...

Je suis allé lui chauffer une bouillote et je l'ai rejoint dans le lit. Il l'a mise sur son front.

- Merci.

Il avait raison. Fumer nous a tous les deux aidé à dormir. Alors qu'il etait dix heures du matin. J'avais besoin de récupérer aussi.

~

Je me suis remis au travail. Je sais que je suis en congés mais j'ai pas mal avancé. J'avais oublié à quel point l'appartement est calme et silencieux.
Je suis aussi allé chercher des médicaments pour Aloïs. De vrais médicaments.

J'ai attendu qu'il se reveille ce qu'il a fini par faire.

- Ça va mieux ?
- Pas vraiment. Un peu.
- Je t'ai acheté des médicaments...

Il baisse les yeux vers le sac posé sur la table. Il le prend.

- Tu n'étais pas obligé.
- Honnêtement, tu fais assez peur à voir alors... si.

Je crois qu'il a sourit. Puis il est allé se servir à boire pour avaler les médicaments. Je suis plutôt fier d'avoir fait une bonne action dans la journée et d'avoir aidé Aloïs. La santé c'est important. J'ai décidé de passer le reste de la journée à prendre soin de lui. C'est la moindre des choses. Il n'était même pas obligé de venir me tenir compagnie comme Scar l'a demandé, de rester aussi longtemps et de veiller sur moi même quand je n'étais pas là. Il aurait aussi pu dire à Scar que je suis beaucoup sorti récemment. Ou alors carrément lui révéler l'existence d'Honesty et d'Edward. Mais il n'a rien dit parce qu'il est gentil avec moi. Alors je vais faire de mon mieux pour qu'il se rétablisse.

~

Je m'ennuie à mourir. C'est dingue.

Qu'est ce que je faisais avant ? Quand Honesty ne faisait pas partie de ma vie ? Parfois Scar n'est pas à la maison, il faut bien que je m'occupe. Mais je fais quoi d'habitude ? Parce que là je sèche... Je me suis occupé d'Aloïs jusqu'à ce qu'il se rendorme, j'ai un peu joué à la console. Je n'ai même plus de travail, j'attends des réponses à mes mails et des rendez-vous. Je ne peux pas accélérer le temps... Je n'ai rien à faire. Ces deux jours avant le retour de Scar vont durer une éternité...

" De Eddie : Rdv demain matin 8h à Honesty. Que le programme de tuteur continue ! "

Hein ? Quoi ? Je croyais qu'il n'y avait pas de programme ? Et puis 8h ? C'est tôt, pourquoi veut-il qu'on se voit si tôt ? Je ne le sens pas son plan...

Honesty. (Larry / L.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant