Chapitre 20 : Panique.

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On est vendredi, j'ai quitté mon travail sans prévenir personne, j'ai sauté dans ma voiture et me voilà à l'hôpital.

Je n'avais reçu aucune nouvelles de la semaine, j'aurais dû me douter que quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas normal.
J'arrive à l'accueil, hors d'haleine. Je demande son état mais la réceptionniste me répond qu'elle ne sait pas et qu'il faut demander au médecin. Pas le temps de discuter. Je cours vers la chambre qu'elle m'a indiqué. Je ne sais meme pas où c'est. J'ai l'impression que ces couloirs sont interminables. J'ai du mal à respirer. J'étouffe. Je déteste les hôpitaux. Je déteste cette odeur, ces bips, ces gens qui portent des blouses, ces gens qui pleurent dans les salles d'attente, et je déteste ces chambres qui se ressemblent toutes.

- Liven !

Un visage familier. J'avance. Je ne peux pas parler.

- Il va bien.

Je n'entends pas. Je ne crois que ce que je vois. J'entre dans la chambre. Il est allongé sur le lit, en robe d'hôpital, le visage fatigué. Il sourit.

- Ben alors ? Je t'ai manqué ?

" Je t'emmerde."

Je regarde ses perfusions, ses bandages plein de sang. Je ne contrôle plus ma respiration... J'ai l'impression que mes poumons sont des passoires et que l'air a du mal à passer. J'ai chaud. J'ai mal. Je m'appuie sur mes genoux. Je vois flou. J'entends des sons lointains.

- Calme toi [...] pas la fin du monde !
- Liv ! Il [...] phobie [...] rapport à quand les [...]

Feather... Puis quelqu'un d'autre qui me tient et que je repousse. J'ai mal donc je pleure. Je pleure donc j'ai encore plus de mal à respirer.

~

Je ne suis pas entré dans cet hôpital dans l'optique de devenir moi même un patient. Ils m'ont donné quelque chose pour me calmer. Au bout de vingt minutes je me sens mieux. Fatigué mais mieux.

- Ca va ?

Je hoche la tête. Je n'ai pas vraiment envie de parler. D'ailleurs je ne suis pas venu pour la voir elle, même si je suis soulagé qu'elle soit là. Elle doit y être depuis un moment...

- Tu devrais rentrer te reposer.
- Mais et toi...? Je n'ai pas envie de te laisser tout seul...
- T'en fais pas.

Elle me prend dans ses bras et me fait promettre de la rappeler plus tard. Je le ferai. Elle est gentille.

Je ne suis pas venu pour rien. Je retourne dans la chambre et je m'assois sur une chaise dans un coin. Il ne dort toujours pas.

- Ça va mieux ?
- Ça va.

Silence.

Mon opinion de lui n'a pas changé. S'il n'était pas à l'hôpital je ne serais jamais allé le voir.

- Alors comme ça t'en as bien une de phobie ?
- Peut être.
- Tu as peur que les gens de ton entourage meurent ?
- Peut être, dis-je en croisant les bras.

Cette conversation ne me met pas à l'aise.

- Je suis très loin de mourir tu sais, plaisante-t-il.
- Maintenant je le sais.
- Ça t'arrive souvent ce genre de crises ? demande-t-il.
- Ça t'arrive souvent de te faire percuter au beau milieu de la route par une voiture ?
- C'est là deuxieme fois ! repond-il en rigolant.

Ce qu'il est con.

- T'aurais fait quoi si j'étais mort ?

Je lui ai jeté un regard noir. Il a soupiré.

- Ouais, je suppose que t'aimes moyennement penser à la mort des autres du coup. Tu sais je suis conscient d'être allé trop loin au restaurant. En tout cas je suis content que tu continues à aller à Honesty et à t'occuper de la serre.
- J'y suis obligé.
- Tu dis ça mais t'aimes bien Feather, et les autres. Et ton grenier qui prend forme.

Je me lève pour partir. Je suis venu, tout va bien, je n'ai pas besoin de rester là à l'écouter déblatérer ses conneries.

- Attend !

Je me retourne. Ce qu'il me fait pitié sur son lit avec son teint pâle et ses blessures. Je le vois grimacer quand il bouge. Il fait le malin mais il doit avoir sacrément mal...

- Tu veux bien que je reviennes ? Enfin si je suis sorti d'ici avant mardi. Les séances me manquent un peu depuis que Nick me demande de ne pas y aller.

J'ai considéré la question. Il est totalement mal en point et ça me fait un peu culpabiliser... Je suis adulte, je peux bien l'ignorer pendant les séances.

- Tu fais ce que tu veux.
- Merci.

Au revoir Edward. Au revoir cet hôpital horrible. Vivement que je sois dans mon lit.

~

Dès que j'ai franchi le pas de la porte, Aloïs est venu me voir. D'habitude il s'en fout un peu que je sois là ou non. Il ne fait pas tellement attention à moi. Là il avait l'air inquiet. Normal après le coup de fil incompréhensible que je lui ai passé pour le prévenir que je rentrais tard.

- Tout va bien ?
- Oui. Edward s'est fait renverser, mais il est aussi résistant qu'il est insupportable.
- Je suppose qu'il va très bien alors.

J'ai sourit. Les petits pics que lancent Aloïs à Edward m'amusent beaucoup.

- Plutôt bien oui. Il va revenir aux séances. Je crois que je vais finir leur fichu programme pour être tranquille.
- Peut être que ça t'aidera vraiment, repond-il en regagnant le canapé pour prendre son ordi.
- Pardon ?

Avec Aloïs on n'a jamais parlé explicitement de Scar et moi... Je n'en ai pas envie.

- M'aider à quoi ?
- Te faire des amis, dit il en haussant les épaules.
- J'ai déjà des amis...
- Des amis en dehors du travail.

Oui... Je suppose qu'il a raison. Encore une fois. Me faire des amis en dehors du boulot et de Scar c'est plutôt bien. Même si Scar detestera les garçons. Au moins je pourrai voir Feather.

- Je vais appeler Scar et ensuite je vais me coucher.

J'ai mal à la tête à cause de tout ça. Et puis je me sens encore stressé. Je hais les hôpitaux.

- Tu ne manges pas ?
- Hm... non.
- Il revient dans moins de deux semaines, tu devrais...

Il me jauge du regard.

- Non rien.
- Quoi ? Je devrais quoi ?
- Reprendre quelques kilos, repond-il nonchalamment.
- Ah... J'essaierai.

Je n'ai pas l'impression d'avoir maigri. Mais bon, Aloïs est plutot observateur alors je le crois. J'irai me faire couper les cheveux, me raser et je mangerai quelques mcdo avant le retour de Scar.

Je me suis douché rapidement et je suis allé me refugier dans le lit. Aloïs s'est couché tard toute la semaine. Il etudie. Ou alors il a un travail, je n'ai pas osé demander.
J'ai pris mon portable pour appeler Scar en FaceTime. Quand il a répondu et que son visage est apparu sur l'écran le mien s'est illuminé.

- Salut !
- Tout va bien ?
- Oui oui.
- Pourquoi t'as pas appelé de la semaine ?
- Je voulais te laisser un peu tranquille... Et puis j'ai beaucoup travaillé sur notre livre, l'histoire est enfin terminée.

Je sais que mes histoires de travail ne l'intéressent pas trop alors je préfère ne pas m'attarder sur le sujet.

- Ça me fait plaisir de te voir. Il fait jour où tu es ?
- Ouais. Mais je vais pas te donner de détails sur mes affaires.
- Je sais... Mais tu vas prendre l'avion ?

Il soupire.
- Je ne vais pas mourir dans l'avion.
- Mais...
- Je sais, me coupe-t-il, je t'appellerai juste avant et juste après si ça te fait plaisir.
- Merci...
- Va te coucher il est tard. Moi j'ai du boulot.
- Oui... Bonne journée alors.
- Merci. Bonne nuit.

Il m'a fait un sourire avant de raccrocher. Ça m'a mit de bonne humeur. J'ai bien dormi.

~

Je me suis réveillé avec un message.

" Eddie : Tu peux prendre un congé pour la semaine ? "

Honesty. (Larry / L.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant