Allya
Ma vie n'est pas normale. Non, elle ne l'est pas, parce que le mot qui correspond le plus est : banal. Ma vie est banale. Normal, c'est le mot que l'on utilise quand on veut comparer quelque chose de tout à fait habituel à quelque chose qui ne l'est pas. Une situation est normale, l'autre ne l'est pas. Je pense que nous avons tous une vie normale, simplement chacun vit comme il l'entend. Si une simple étudiante parle à un grand chef d'entreprise, elle lui dira surement que sa vie n'est pas normale, mais l'homme lui répondra qu'elle l'est, parce que c'est le cas à ses yeux. Ce sont les expériences qui sont différentes, et les situations qui sont normales ou qui ne le sont pas. Quant aux personnes, nous sommes tous normaux. Quand on dit d'une autre personne qu'elle n'est pas normale, c'est là que nous devons nous poser des questions, car c'est ici que survient le problème: L'acceptation. Les gens, les jeunes particulièrement utilisent des mots, pour expliquer ou justifier des choses, mais ils en donnent souvent une mauvaise signification. En vérité, ils ne les utilisent pas bien. C'est là qu'est la source des discriminations, des rejets, des propos racistes, et des guerres.
Tous les conflits parlent d'un malentendu. Et si je me concentre sur mon cas, c'est là que je pourrais parler de mes intégrations dans toutes les écoles que j'ai côtoyé ces dernières années. Mes intégrations n'étaient pas ratées, puisque je n'ai jamais essayé de m'intégrer. Je ne suis pas ce genre de filles qui me lie d'amitié avec le premier venu, parce que l'amitié, bien que moins complexe que l'amour, résulte tout de même d'un schéma assez simple. Nous ne sommes pas amis avec tout le monde. Nous pourrions être amis avec tout le monde, mais nous ne le sommes pas. D'ailleurs, je n'ai jamais eu de véritables amis, juste des connaissances avec qui j'ai vaguement gardé contact par ci , par là, au cours de mes nombreux déménagements. Et aujourd'hui, c'est à peine si je me souviens de leur noms, de leur têtes, ou de ce qu'ils pouvaient bien représenter pour moi.
Cette succession de déplacements sans but et sans destination déterminée lorsque je change d'endroit est devenu une habitude plus qu'une contrainte. Je ne dirais pas que je n'ai pas le choix, car je l'ai. Depuis plusieurs mois, ma mère, mon frère et moi, ne cessons de vagabonder d'une ville à une autre, à la recherche d'un domicile fixe ou nous poser pour vivre quelques temps, des années peut être. J'ai le choix de rester à un endroit alors que ma mère veut de nouveau déménager, j'ai le choix de ne pas les suivre. Mais je les suis quand même. Et puisque c'est devenu une habitude, je me suis dis avec le temps que ce jour n'arrivera jamais. Depuis, je me suis simplement faite à l'idée que nous étions des nomades. Ma mère, quant à elle, ne doit pas se dire la même chose. Ce rythme de vie ne semble pas la déranger.
Ca doit faire partie d'elle, cette envie de toujours partir. Elle aime ça, je le respecte, mais j'aimerais me poser une bonne fois pour toute. Elle n'a pas encore compris que je ne suis pas comme elle, et en fait, j'aimerais qu'elle s'en rende compte. Je ne sais pas ce que pense mon frère, parce qu'à mon avis, il n'en pense rien. Ca ne m'étonnerait cependant pas d'apprendre qu'il pense la même chose. Et ce matin, de nouveau, je me prépare devant mon miroir, avant d'intégrer mon nouveau lycée. La ville ? Vallenn.
Jamais entendu parler, mais d'après ma mère, elle est « cool ». C'est avec un air dépité que j'observe mon chignon qui pend mollement au-dessus de ma tête. Généralement, je ne me pose plus de question : même coiffure, même tenue. Ce matin, c'est comme si mon cerveau avait marre de cette sale habitude. Je n'ai jamais été très douée pour la coiffure, c'est encore l'une des choses pour laquelle je ne fais pas d'efforts. J'essaie de faire quelque chose de présentable.
Et... en vain. Décidément, c'est le jour de trop. Je soupire, et retire le chouchou qui noue mes cheveux pour les laisser retomber en cascade sur mes épaules. Le résultat est encore pire : Je ressemble à une loque humaine vivante, et espère intérieurement ne pas être la seule fille qui se trouve hideuse à son réveil. Alors je colore mes lèvres de rouge, au moment où, Drace, mon petit frère de deux ans de moins que moi, entrouvre la porte et passe sa tête dans l'ouverture. Il me regarde quelques instants avant de sourire. Le même sourire qu'un mec complètement blasé en voyant le temps que prennent toutes les filles pour se préparer le matin. Trois minutes, c'est mon record.
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1. Melvin Meyer
Teen FictionQuand l'amour et la haine se confondent, que se passe t-il ? Melvin, le contraste. Melvin, l'instable. Melvin, le philosophe ? Mais un connard conscient, ou le plus déchiré des hommes ? Est ce que nous l'aimons, ou le détestons ? Ca, j'en sais r...