Chapitre 47

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Allya

Nous arrivons quelques minutes plus tard dans une rue plus calme. J'aperçois la porte d'un square qui a l'air plus grand que celui que j'ai malencontreusement visité la dernière fois. D'ailleurs, une plaquette argentée est gravée d'une écriture italique: Lac aux lotus.

- Un lac ?

- Tu vas voir.

Nous empruntons une allée éclairée par des lampadaires alignés tout le long. Soudain entre deux arbres, j'aperçois un petit carré d'eau qui s'en détache, et plus loin de la berge, des dizaines de points bleus qui flottent sur l'eau.

- Lac aux lotus, souffle Melvin, cérémonieux.

Je reste bouche bée. Au milieu de la nuit, la vue que nous offre le lac est magnifique. En m'approchant du bord, je délaisse sa main, mais les bouts de nos doigts continuent tout de même de se toucher. Plusieurs lotus flotte à la surface calme.

- T'as pas l'impression que c'est un peu cliché tout ça ? Pouffais-je pour plaisanter.

Cette remarque lui retire un sourire. Il baisse la tête en jouant machinalement avec une pierre de la pointe de sa chaussure.

- Ce ne sont pas tous des vrais, précise t-il. Les lotus. Certains sont éteints, les autres allumés grâce à des dispositifs lumineux placés en leur centre.

- C'est merveilleux mais dommage.

Là aussi, il sourit. Un sourire si sincère et si doux que j'en sens mon coeur qui valse dans ma poitrine. Dans la nuit, à la lumière de ces faux lotus, et à celle de la lune, avec sa peau naturellement basanée et ses yeux sombres et profonds, Melvin Meyer est le plus bel homme que j'ai vu de toute ma vie. Mes yeux se perdent dans les siens.

- Les rêves sont fait pour nous transporter, Allya. Et on peut rêver avec n'importe quoi. Donc c'est pas dommage, interprète mes paroles comme tu le souhaites. Ils font parti de nous.

J'opine du chef. Melvin est probablement le seul mec qui peut me transporter où il veut, et je le suivrai toujours. Où que tu ailles, Mel, s'il te plaît, emmènes moi. Prenons le large, prenons la route. Partons. Dans ces endroits, où nous n'avons jamais été.

- Qu'elle heure est-il ?

- Quoi ?

Il consulte son portable.

- Minuit.

À peine ces mots prononcés que le bout du lac s'éclaire entièrement sous nos yeux. Tout ce qui se trouve sous l'eau devient visible : des racines de roseaux et divers autres plantes aquatiques sont accrochées à la terre, et quelques poissons colorés se faufilent entre les fausses algues. Grâce aux éclairages automatiques, elle est presque transparente.

- C'est beau, hein? me devance t-il.

Je tourne mes yeux vers lui. Il a l'air d'un enfant émerveillé par le plus beau cadeau de sa vie et je trouve ça littéralement adorable. Un enfant assez calme remarque. C'est quand il sourit comme ça que

- Un petit plongeon ça te dis ?

- Pardon ? Ah mais non, je n'ai pas mon maillot.

Il secoue la tête, visiblement amusé et redresse le menton.

- Qui a dit que c'était obligatoire ?

Il commence à retirer sa veste, puis son haut sans me lâcher des yeux. Lentement, pour que je suis puisse capter chacun de ses gestes. L'eau doit être glaciale, il est cinglé.

1. Melvin Meyer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant