Chapitre 8

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Allya

Ces deux là se connaissent. Depuis quand ? Et comment, surtout. J'aimerais bien le savoir, pour faire le rapprochement. Drace, qui a rencontré Melvin. Et moi, et qui l'a rencontré aussi. Je pourrais bien croire au hasard, mais j'ai la nette impression qu'il ne s'agit pas d'une simple coïncidence. Le destin y est-il encore pour quelque chose ? Mon frère vit-il les mêmes chose avec Melvin que moi avec lui depuis trois jours ? Est-il sans arrêt en train de chercher sa trace dans la foule, est-il sans arrête en train de se demander à quel moment de la journée Melvin va débarquer de n'importe où comme il a eu l'habitude de le faire jusqu'ici ? J'ai fini par retirer son sweat, et le plier soigneusement. Il est sur mon lit, depuis une heure et je m'amuse machinalement avec le cordon qui pend.

La police a cherché à lui parler et il a visiblement accepté. S'il a accepté, c'est qu'il n'est pas coupable, non ? Et puis, pourquoi aurait-il prit le risque de revenir ici s'il était l'auteur de ce massacre ? Il pourrait être un délinquant stratégique qui s'est dit que revenir sur les lieux du délit n'aurait pas crée de soupçon. Mais c'est raté. Drace et moi l'avons senti: depuis le début, ceux de Quentin sont sur lui. C'est évident qu'il veut chercher à en savoir plus. Je me ronge les ongles rien qu'en cherchant à savoir ce qu'ils peuvent bien se dire. Au bout d'un moment, je décide d'arrêter de tourner en rond: si Melvin est coupable, la police ne devrait pas tarder à nous appeler.

La télé du salon est allumée dans le salon depuis environ deux heures depuis que la police est partie. Drace a du descendre. J'ose espérer qu'il n'a pas fait de conneries irréfléchies; comme essayer de rejoindre le poste de police en passant par la fenêtre et ainsi venir en aide à Melvin, d'une quelconque manière. Je considère l'idée de sortir un peu, histoire de me vider la tête et d'oublier ce qu'il s'est passé. Mais au moment d'enfiler ma veste, la sonnerie du téléphone brise le silence qui règne dans la maison.

 Maman a du s'endormir ou alors elle est en train de jardiner dans le jardin arrière. J'entrouvre la porte de ma chambre. Elle est au téléphone avec eux. Leur conversation semble sérieuse. Je finis par descendre: mon frère a éteint le son de la télévision et reste planté sur place, au milieu du salon, à regarder ma mère. Il ne me jette qu'un bref regard quand je le rejoins. Nous étudions tous deux le visage de maman. Elle hoche la tête, lâche des "hm" affirmatifs, des "oui je vois", "oui je comprends". Puis elle écarquille les yeux et lâche un "Non, je refuse !", puis se tait, et reprend "Oui, je suis certaine, et faites donc ça. Je ne veux pas plus." Elle finit enfin par un "très bien, bonne soirée, et merci."

Le moment où elle abaisse le téléphone, sans nous regarder, est pesant. Elle le remet sur son socle. Je sens l'impatience de Drace, mais il ne dit rien non plus.

- Ce jeune homme, commence t-elle. Votre ami.. Melv-..

- Melvin, la coupe Drace. Il s'appelle Melvin.

Bon sang mais tais toi.

- Il a avoué à la police qu'il était le coupable.

Mon coeur s'arrête subitement. Le délinquant stratégique. Je sens mon frère qui se crispe brusquement.

- Ils ont dit que ça n'a pas été facile, mais qu'il a fini par avouer, explique t-elle, apparemment plus chamboulée que je n'aurais pu le penser.

- Il y a magouille, intervient Drace.

Nous tournons toutes deux nos yeux vers lui. Il secoue négativement la tête.

- C'est impossible, j'étais avec lui.

- Il l'a avoué, Drace.

Mon frère me regarde subitement, d'un regard noir. Je ne sais pas si je le pense, mais c'est ce que je dis. Il a avoué. Que dire de plus ? Pourquoi aurait-il menti ?

1. Melvin Meyer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant