1. Melvin Meyer

Chapitre 48

Melvin

Si j'avais su que je tomberais sur une fille aussi coriace qu'Allya, sans doute que j'aurais été voir l'autre meuf du coin. Non c'est faux ça. Tout ce qui est complexe m'attire obligatoirement. Donc, évidemment, je suis attiré par tout ce qui me résiste. Il a fallu, simplement que je la regarde pour qu'elle se mette à jouir sans avoir eu besoin de la toucher. L'pire, c'est qu'elle en a pas demandé plus même si ses yeux criaient son désir. J'ai bien fais de ne pas partir trop loin quand même. À la regarder tourner dans tous les sens pour me retrouver, c'était bon à s'crever un oeil mais elle m'a donné le tournis.

Elle était perdue sans moi.

J'ai pas forcément cherché à ce que ça se passe comme ça, mais j'suis son seul repère, j'dois le croire. Le seul qui réussit à la remettre sur le droit chemin, elle et son frère.

Si j'le fais pas, qui le fera sinon ?

Leur mère qui n'est même pas capable de s'auto-gérer. J'peux pas trop dire de choses sur ça mais c'est la vérité. Si j'avais su que je servirais de GPS. Encore.

À côté de ça, bon dieu ce qu'elle était belle, entièrement nue dans la flotte, sa peau qui brillait comme une princesse tombée du ciel. J'aurais jamais cru qu'elle allait oser le faire. D'un coup, comme ça, qu'elle se serait exhibé face à moi. C'est probablement parce que c'est moi, justement, ça. Et pour une raison que j'ignore encore, je sens en elle une profonde envie de vouloir me plaire. Dans un sens, c'est déjà le cas, mais va falloir qu'elle sache courir vite pour la suite. J'me dis qu'elle est dans la merde.

Ouais, elle est dans la merde. Et j'ai jamais vraiment souhaité ça.

J'suis à peine arrivé enfin devant chez moi, mon tombeau, my Hell, que les Lumières du salon allumées m'interrompent direct. Dorian est là. J'hésite à entrer, dieu ce que j'hésite. J'hésite jamais normalement. Je sautille par-dessus la barrière pour l'apercevoir par la grande baie vitrée. Dorian c'est simple. Sa position et ses activités me permettent de savoir s'il va bientôt s'barrer de la maison ou qu'il ne compte plus sortir. Par malheur, je vois d'autres têtes avec. Ses potes, comme d'habitude. Je pousse un soupir, priant pour que la présence de ses potes calme son tempérament ombrageux à chaque fois que j'entre dans ma propre baraque. À ses yeux, j'suis un intrus. Un inconnu, et j'ai rien à foutre ici.

En entrant, je passe devant eux sans un regard. Avec un peu de chance, je peux passer inaperçu. Ça n'a pas l'air d'être si compliqué que ça, hein, vu que j'existe pas à ses yeux.

Sauf que je sens ses yeux perçants qui me suivent jusqu'aux escaliers. Je me rends compte qu'il est en chemise blanche et pantalon noir impeccable. Et j'peux pas manquer ça. Peut être que mon humour calmera les tensions.

- T'as un rendez vous galant ou quoi ?

Putain c'est vrai quoi. Le voir habillé comme ça, ça n'arrive jamais. Il se fout sur son trente un? Il me fixe d'abord de longues secondes avant de me siffler froidement. Je déteste quand il fait ça, c'est comme si j''suis son petit chien qu'il doit absolument calmer et ramener sagement à ses pieds.

- Je viens de rentrer du travail.

Je m'attarde sur le jeu de cartes posé sur la table basse.

- Encore en train de jouer. J'peux venir ?

Je tente l'impossible. J'ai pas très envie d'aller m'enfermer dans ma chambre en fin de compte. Je sais comment ça finira. Il se lève d'un bond, piqué au vif, et je m'élance en vitesse dans les escaliers. J'entends son pas lourd derrière moi. Putain. Je n'ai pas le temps d'atteindre ma chambre que je me retrouve plaqué d'une telle violence que ma tête cogne contre le mur. Dorian attrape mes poignets pour les bloquer dans une seule main et me ramener près de lui.