Allya
Nous sommes rentrés vers quatre heures ce matin, mais j'ai l'impression qu'une éternité s'est déroulé depuis. Je n'ai pas oublié tout ce qu'il s'est passé. Dire qu'à la base, je comptais simplement ramener mon frère à la maison. Je me rappelle des paroles de Benjamin. Si tu traînes avec nous, tu apprendras que Melvin aime les plans de dernière minute. Il avait raison. Melvin ne vit pas dans son temps. Il semble loin de nous, de nous tous.
Il doit pas être loin de vingt et une heure quand je rejoins le dernier passage piéton à emprunter avant de rejoindre le pont qui mène à Vallen sud. Je me suis encore une fois attardée trop tard à la bibliothèque. Il n'y a presque personne dans les rues. Je n'aperçois qu'un petit groupe de silhouettes noires adossées contre un lampadaire et contre le muret qui encercle un square en bordure de route. Il fait nuit, et je ne suis pas rassurée.
Au moment où je traverse le passage piéton, je remarque qu'ils se tournent vers moi. Je me redresse, pour reprendre contenance.
Accélérant le pas, je trace ma route pour rejoindre la voiture.
Je la coupe en deux pour rejoindre plus rapidement l'autre côté et m'éloigne des regards baladeurs qui me suivent. Malheureusement, je crois qu'ils me veulent vraiment quelque chose.
- Eh attends ma jolie ! S'écrie l'un deux.
J'accélère davantage en serrant les dents. Dans mon dos, j'entends leurs pas qui se rapprochent de tous les côtés. Soudain, une main forte attrape mon bras et me tire en arrière pour m'arrêter.
- Attends, attends.
La voix du mec est proche, presque collée à mon oreille. Elle est langoureuse, et chaude.
- Laisse moi, c'est bon, répliquai-je d'un ton dur en me dégageant de son emprise.
Je ne peux pas avancer davantage. Le petit groupe m'encercle sans me laisser une sortie possible. Je tourne sur moi même et envisage de me barrer en courant mais je sais qu'ils risquent de me rattraper.
- Qu'est ce que vous me voulez ?
Ma voix tremble. Le premier devant moi se met à ricaner en fumant sa cigarette. Il me souffle la fumée à la figure.
- T'es nouvelle par ici ? T'es bien mignonne.
C'est pas possible, Vallen est petite au point que tout le monde se connaisse ? Comment sait-il que je viens d'arriver ?
Je suis terrifiée à l'idée de ce qu'ils pourraient me faire. Ils portent des blousons et des baskets hors de prix. Je n'ose pas le regarder dans les yeux, même si les paroles de Melvin me reviennent à l'esprit. Ne baisse les yeux devant personne, Allya.
Melvin n'aurait pas baissé les yeux.
- Eh. Regarde nous, dit l'un deux dans mon dos. On est pas méchants putain, j'te le jure.
- Tu me sous estimes Phillips, l'interpelle celui à ma droite.
Ok, il y a déjà un Phillips.
Ils ricanent et se narguent les uns les autres. Moi, je ne suis qu'une attraction coincée entre eux, qui doit juste attendre qu'ils aient fini leur discussion. Le seul qui ne parle pas, c'est celui qui me fait face. Il est nettement plus grand que tous les autres. Ses cheveux sont bruns, et sa peau est métisse. Son regard est sombre et envoûtant. Quand les autres perturbateurs se rendent compte qu'il attend enfin le silence, les voix s'estompent. Il paraît satisfait et retire enfin sa capuche d'un geste vif de la main, révélant une mâchoire carrée et un visage fin.
- Il est où ?
- De quoi tu parles ?
Il est imposant, et ses potes ont l'air d'être sous sa tutelle, mais pourtant, je lui parle sans crainte.
- Ne fais pas l'innocente par pitié, dit il très posément.
Melvin. Je ne sais pas pourquoi mais je suis sûre qu'il parle de lui.
Je garde le silence, ayant l'impression d'avoir plongée dans l'un de ces livres d'action ou le méchant menace le gentil pour avoir ce qu'il veut. Evidemment, dès qu'un problème disparaît, un autre prend sa place.
- Je parle de ton frère. Où est-il ?
Mon coeur s'accélère. Drace.
- C'est quoi cette histoire ? Qui êtes vous ? Qu'est ce que vous lui voulez ?
Mais dans quoi s'est il encore foutu ? Cette fois ci, je suis seule et Jame ne viendra pas m'aider.
Melvin non plus, je suppose ?
Le métisse hoche la tête.
- Ca, c'est notre affaire.
Je suis face à une impasse. D'un côté, la petite bande qui cherche mon frère et rien d'autre et de l'autre, moi, qui essaye de comprendre ce qu'il se passe. Les deux ne s'accordent pas bien ensemble visiblement. S'ils sont venus à plusieurs, ca ne doit pas être pour une simple visite de courtoisie.
Au vue de leur ton, ils n'ont pas l'air de lui vouloir du bien. Avant qu'il ne me force à quoi que ce soit, je tente de sortir en passant par un passage entre deux d'entre eux. Le grand métisse se décale à temps et me pousse d'une main en arrière. Je l'ai apparemment contrarié.
Au moment ou je recule, une lame fine et tranchante brille au clair de lune. Il joue machinalement avec, le fait aisément tourner entre ses doigts avant de le pointer vers moi. Je ne bouge plus, tétanisée.
- Tu es bien Allya Joyce ?
Autant lui répondre, et ne pas trop se la ramener en essayant de fuir. Je ne sais pas ce qu'il pourrait me faire.
- Oui. Non. Ce n'est pas moi, bafouillai-je.
Il laisse son bras retomber en arrière en roulant des yeux. Tout ceci n'est qu'une perte de temps pour lui, il ne devait pas s'attendre à ce que je sois aussi coriace.
- Elle ment, intervient un autre.
- Elle a la même gueule que sur les photos.
Je ferme les yeux et prie pour que tout ça ne soit rien d'autre qu'un vilain cauchemar. Ca ne peut pas être vrai. Cette histoire de photos se rajoute au lot, et je comprends très vite qu'ils ont des images de moi.
- Ecoute, je ne veux pas te faire de mal, dit calmement le grand mat. Laisse moi le choix, s'il te plaît.
Un des mecs soupire derrière moi.
- Hakim...
- Ta gueule, le coupe Hakim.
Ce Hakim joue soit le mec qui essaye de me protéger tout en obtenant ce qu'il veut, soit il a vraiment un bon fond et il a pitié de moi. Je ne sais pas ce que je préfère.
- Tu ferais mieux de me rép-...
- Ca vous direz pas de vous attaquer à quelqu'un de votre niveau les gars ?
Mon coeur s'arrête littéralement. Cette voix langoureuse, ce mépris dans le ton, cette intervention sortie de nul part. Cette chaleur qui réchauffe mon corps, et qui le glace en même temps. Ces frissons qui recouvrent ma peau...
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1. Melvin Meyer
Ficțiune adolescențiQuand l'amour et la haine se confondent, que se passe t-il ? Melvin, le contraste. Melvin, l'instable. Melvin, le philosophe ? Mais un connard conscient, ou le plus déchiré des hommes ? Est ce que nous l'aimons, ou le détestons ? Ca, j'en sais r...