Melvin
Si je le pouvais, je partirais.
Aussi loin que possible de ce monde de fou. Mais c'est toi le fou, Melvin.
Aussi loin que possible de cette famille. De cette fille, qui réveille en moi la bête que je crains le plus.
Allya.
Je sais, merde, que je n'ai rien à dire. Elle me fait chier.
Je fais toujours pire qu'elle, j'suis au bien courant. Je lui ai posé son premier lapin alors que j'avais remarqué à quel point elle avait l'air pressée de me voir.
Je l'ai laissé en plan sur le toit de l'horlogerie, puis hier soir, lorsque je l'avais invité chez moi. Quand Tony est venir me voir pour me dire qu'une voiture s'était garée devant chez nous, j'étais dans ma chambre, je fumais un joint. J'ai tout de suite su que c'était elle.
Le plan B avait déjà commencé.
Je n'ai pas bougé, ni pour le regarder, ni pour refermer la porte pour que l'odeur de la beuh ne se répande pas dans la piaule. Mon regard n'a pas dérivé sur mon petit cousin qui me fixait en attendant ma réaction.
Alors, comme ça, même si je ne le lui avais pas rappelé que nous devions nous voir en message, elle était venue. Je n'avais eu aucune réponse, par ailleurs.
Elle s'est déplacée, pour moi.
Finalement, j'ai finis par dire à mon cousin, dans un anglais parfait, de lui dire que je n'étais pas là. Pendant que le petit s'était précipité pour mener à bien le message à sa destinataire, j'avais observé de derrière mon rideau. Je n'avais rien dis, rien ressentis. Ce n'était pas la première fois que je faisais ça, et il y avait des chances que ça ne soit pas la dernière non plus.
C'est toujours un spectacle très étrange de me pointer à ma fenêtre en les voyant toutes défiler une par une tandis qu'elles m'attendent sur le seuil de la porte. Chacune d'entre elles étaient un point en plus pour mon grade, et une manière pour moi de les tester.
Ce n'est pas très clean de faire ça, mais je ne suis pas un gentleman.
Du coup, Jasper trouve ça marrant de me surnommer « le petit roi ». Celui qui fait craquer toutes les filles, celui qui s'pointe une fois sur deux aux rendez-vous.
Je crois que j'ai fini par trouver que ce surnom m'allait assez bien.
Ces gens là, ils sont fous de moi, mais personne n'arrive à m'atteindre. Filles comme mecs.
Ils me pardonnent tous néanmoins, et c'est ce qui confirme mes pensées: les rumeurs disent vraies. Je suis aussi populaire qu'elles le prétendent, et aussi attendu qu'elles le disent.
Ce qui me trouble chez Allya, c'est son regard. Elle a le même regard qu'elle.
Elle est différente des autres filles. D'une part, elle est nouvelle et je ne la connais pas tant que ça. Elle ne me connaît pas non plus, mais pourtant elle a le même comportement qu'une de ses lécheuses de pieds qui me suivent depuis que le début du lycée.
Ses manières de faire, de parler et de réagir face à moi sont perturbantes également. Elle réagit comme qu'elle.
Quand je fais du mal à une fille ou un mec qui tient à moi, je ne prends plus le réflexe de m'excuser. Je me suis déjà assez excusé pour le restant de mes jours. A quoi bon ? Etant donné qu'aucun n'attend des excuses. Je suis déjà pardonné avant la blessure. Mais Allya...
Elle, elle ne me pardonne pas. Je la vois dans ses yeux, cette rancune du passé.
La blessure a été ouverte deux fois en moins d'une semaine. A l'horlogerie, puis hier soir. Et ce matin, quand je l'ai aperçu avec je ne sais qui dans le café, elle n'a pas cillé en me voyant au loin. Elle aurait détourné les yeux, et j'aurais compris que c'était mort. Mais elle ne l'a pas fait. Elle m'a regardé, de la même façon qu'elle ne l'aurait fait.

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1. Melvin Meyer
Teen FictionQuand l'amour et la haine se confondent, que se passe t-il ? Melvin, le contraste. Melvin, l'instable. Melvin, le philosophe ? Mais un connard conscient, ou le plus déchiré des hommes ? Est ce que nous l'aimons, ou le détestons ? Ca, j'en sais r...