1. Melvin Meyer

Chapitre 30

Melvin

Je n'aurais jamais cru porter un tel costume un jour. Comme si je m'apprête à me rendre à une soirée de gala, je resserre machinalement ma cravate une fois arrivé devant chez les Joyce. C'était il y a à peine quelques jours que j'ai été entraîné au commissariat pour avoir fait, à ce qu'il parait, une 'une grosse connerie'. Cette histoire m'a gonflé, vraiment beaucoup.

Et me voilà ce midi en train de me présenter à la porte de celle qui n'a finalement jamais porté plainte contre moi.

Je suis habillé comme un pauvre bourge en costard. Si je suis arrivé en avance, c'est pas par politesse. Je dois vérifier quelque chose.

Après ça, je pourrais peut être faire le clown en jouant le mec bien éduqué par une famille riche jusqu'aux os.

C'est avec une nonchalance et une indifférence qui me sont propres que je toque finalement, sans prêter attention à la sonnette juste sous mes yeux. J'entends des pas pressés derrière la porte. Elle s'ouvre sur la silhouette d'une femme d'âge assez mûre mais qui, je dois le dire, a pas mal de charme. Je la détaille rapidement des yeux: assez féminine, des cheveux aussi bruns que ceux de ses enfants, aux yeux presque aussi clairs que ceux de sa fille.

Pas mal, pas mal. Peu importe.

Elle reste bloquée sur moi en mode pause. Je lui adresse un de mes sourires les plus radieux:

- Bonjour madame. Je me suis permis d'arriver en avancer.

- Non non, oui, bien sûr, il n'y aucun problème. Entre, Melvin.

Wow, elle connait déjà mon prénom. Elle m'appelle déjà par mon prénom.

Visiblement, elle tourne rapidement la page. Elle se pousse pour me laisser passer. Le hall est presque aussi sobre que celui de Jasper. Ils n'ont pas encore finis de rafistoler leur baraque on dirait. J'observe minutieusement les lieux, les cartons restants dans un coin, les quelques photos sur le mur.

Allya est assez mignonne sur la première. Elle a l'air plus jeune mais tout aussi fougueuse qu'aujourd'hui.

- Je suis encore en plein déménagement, lance la jeune femme en resserrant son tablier. Fais comme chez toi.

Fais comme chez toi ? Je peux repartir alors. Je ne suis jamais chez moi.

- Alicia, c'est ça ? Lui répondis-je sans lâcher l'image des yeux.

Elle s'immobilise un instant pour me regarder.

- Oui, c'est ça.

Elle s'en retourne à ses fourneaux juste après.

- Cela vous dérange si je me permets de faire un petit tour des lieux ?

Elle passe la tête par la porte de la cuisine et son regard mon détaille de haut en bas.

Lentement, elle essuie ses mains sur le torchon.

- Non pas de problème.

Son ton enjoué me signifie qu'elle n'a pas l'air de se méfier. Elle est juste un peu perturbée.

J'ai carte blanche.

Je m'élance sans hésiter à l'étage et me dirige vers la première chambre sur laquelle est collée une simple feuille de papier avec le mot "DRACE", marqué en gros.

La chambre est si vide que je me demande directement si c'est bien ici qu'il a caché ce que je lui ai demandé de cacher.

Sous le lit. J'enfile rapidement mes gants noirs, mission espionnage, on sait jamais, retire mes chaussures en les laissant sur le seuil et m'avance dans la pièce.