1. Melvin Meyer

Chapitre 4 (2)

(Suite du chapitre 4, format livre, toujours sous le point de vue d'Allya.)

Je rentre finalement vingt minutes plus tard pour manger, ayant en tête d'aller à la bibliothèque après le déjeuner pour me noyer dans mes livres. Je me mets directement à table, et Drace nous rejoint ma mère et moi, cinq minute après. Je le remarque assez distant: il a le nez plongé sous la table, en train d'écrire des sms. Ma mère l'aperçoit et se penche par-dessus son épaule avec un air amusé:

- Pas de portable à ta table chéri, tu connais la règle , murmure t-elle au creux de son oreille.

Il sursaute et fronce les sourcils, frustré. Il déteste ça. Après avoir pianoté une dernière fois sur l'écran, il le retourne face à la nappe.. Il pousse un long soupir agacé tandis que ma mère se redresse, apparemment satisfaite de son petit effet. Je suis intriguée. La première chose que je me demande.. parlait-il à Melvin ? Ça semble tellement invraisemblable. Ils ne se connaissent pas, c'est impossible.

- Alors comment ça s'est passé ce matin ? Demande ma mère en s'asseyant près de moi.

Elle nous sers à boire , me sers un morceau de viande, et s'apprête à faire la même chose avec mon frère mais celui ci met sa main devant son assiette, lui faisant comprendre qu'il n'en veut pas. Nous échangeons un regard intrigué.

- Non merci, j'pas faim, marmonne t-il. Et ça s'est très bien passé, je te remercie.

Je laisse ma fourchette retomber sur mon assiette et Drace relève subitement ses yeux sur moi, captant mon agacement. La tension est palpable et ma mère essaye désespérément de changer de sujet. Je ne sais même pas si elle se doute qu'elle est la source de ses problèmes. Je l'ignore aussi. Depuis hier matin, il a changé de comportement.

- Il y a quelque chose... qui ne va pas ?

Drace ne me lâche pas du regard.

- Si. Tout va bien.

Son regard est indescriptible.

- Drace..., Commence ma mère.

- Si je vous dis que tout va bien, commence t-il.

Il nous regarde une par une.

- C'est tout va bien, ok ?

Il a l'air profondément las et agacé. Je vois ma mère déglutir discrètement face à ce comportement inhabituel: ça doit être à cause de nos messes basses. J'ai beaucoup de peine pour elle, qui essaye juste de le protéger de quelque chose. Elle n'aime pas se disputer avec son fils.

- J'ai pas faim, c'est tout, couine t-il. Je peux sortir de table ?

Drace a l'air surtout très pressé d'en finir avec ce repas. Elle hoche la tête à contre coeur en mélangeant la salade. Avec un vague merci, il s'en va à l'étage. Il est plus que temps que nous ayons une vraie conversation à trois à propos d'elle et de notre père. Nous lui parlons rarement de papa, et c'est pour une bonne raison. Ce silence semble lui peser. Je finis mon déjeuner en silence, puis m'éclipse pour aller à la bibliothèque en empruntant la voiture de ma mère. Sur la route, j'allume la radio. Il passe une musique que j'adore "Zombie" du groupe The cranberries, et en essayant de me concentrer dessus, je me laisse aller et chante à tue tête, la fenêtre grande ouverte.

En plein milieu du chemin, à moins d'un kilomètre de la bibliothèque, je m'arrête à la boulangerie pour m'acheter quelque chose à grignoter quand je rentrerai. Alors que je suis dans la file d'attente en train d'attendre, l'homme qui est devant moi sort son porte-feuille et fouille longuement dedans. Les patients derrière moi rouspètent de mécontentement. Il met beaucoup de temps pour sortir trois euros. Je me tords un peu le cou pour regarder ce qu'il se passe. Il porte un uniforme de policier et est en train de s'excuser auprès de la vendeuse: